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Oeil pour oeil, sang pour sang... [COMPLETE]

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Oeil pour oeil, sang pour sang... [COMPLETE] Empty Oeil pour oeil, sang pour sang... [COMPLETE]

Message  Indigo Mer 23 Juin - 19:57

Que de souvenirs... Le 16 Février dernier, j'avais commencé à poster une fanfiction sur Mentalist sur un autre forum qui a fermé ses portes, je vous la remet donc ici, en espérant qu'elle plaira à ceux qui ne la connaissaient pas =)

NB: Cette fanfiction est toujours en cours d'écriture mais s'approche de la fin, votre servante étant en train d'écrire le chapitre 12. Je n'avais posté que jusqu'au Chapitre 8 (chaque chapitre comptant entre 6 et 10 pages Word), et je vais reposter ceux là progressivement, pour ensuite poster les suivants Wink
Et n'oubliez pas la petite review, même petite... une review, un com', cela fait toujours plaisir =)

Œil pour œil, Sang pour sang


Les gouttes roulent sur mon visage, chaudes, apaisantes, s'insinuant dans mon cou, traçant un mince sillon le long de mon bras.
J'entrouvre mes lèvres et goûte avec délectation ce don du ciel, levant légèrement mes mains pour tenter de retenir la course inaltérable de ce liquide sur ma peau.
Sur ma langue passe le goût répugnant et fascinant du sang, métallique et épais.
Dieu que cette saveur est étrange... D'un geste lent, je contemple l'effroyable (le magnifique) spectacle qui m'est offert.
Deux corps si frêles, si fragiles, qui choient à mes pieds. D'un pas lent je m'avance, pour me pencher avec douceur et repousser une mèche des cheveux de ma belle endormie, quand à l'enfant...
Un coup d'œil me suffit pour l'apercevoir dormant d'un sommeil paisible et éternel, seul le sang vermeil qui tâche sa belle chevelure blonde saurait attester le sort que le Destin lui a réservé.
Je voudrais l'embrasser, effleurer la douce courbe de ses joues d'enfant, lui souhaiter une bonne nuit, un bon séjour dans les ténébreuses torpeurs de l'éternité... Mais ce n'est pas ma tâche que d'assurer le repos d'une âme qui a déjà rejoint l'autre côté.
J'aurais aimé ne pas avoir à faire cela...

Je suis l'être qui change le Destin, le provoque et le modèle... Celui qui ramène les êtres égarés sur le chemin. Patrick Jane... Pauvre brebis galeuse... ce que j'ai fait, je l'ai tant fait par orgueil que par miséricorde. Quelle sera ta réponse ?

D'un geste mesuré, je sors le papier qui émet un léger crissement, pour le coller posément sur la porte de la chambre.

M.Jane, je n'ai guère apprécié que vous vous moquiez...

Deux choix s'offriront à toi ma pauvre âme déviante. Tu peux te laisser tomber dans le désespoir, tu peux te laisser rattraper par le chagrin, et sombrer corps et âme dans ces dures folies que sont la peine et la douleur. Mais cela ne peut arriver. Tu pourrais faire tant de choses, tu pourrais résorber un pan de douleur... mais tu ne fais rien.
Je t'aiderais à ne pas sombrer, je t'aiderais à retrouver cette morale, cette dignité qui t'as déserté.
Tu vas me traquer, tu vas me haïr, faire de moi ta raison d'être... réapprendre à vivre en tant qu'homme, petit garçon, petit adulte qui n'a jamais cessé d'être un enfant.
Peut être pourras tu t'en sortir, je ne suis sûr de rien, l'avenir est indistinct, mais le Destin, lui, demeure.

Mes doigts touchent le sang encore chaud qui a coulé en abondance dans le seau, son odeur ferreuse et écœurante planant dans la pièce.
D'un geste extatique, je laisse l'inspiration me guider, ma tristesse et ma joie entrainent mon geste. Un sourire triste s'ébauche, là où le liquide rougeâtre se met à briller et à rouler le long du mur pâle... une tête se dessine, semblable à toutes les autres. Mon visage n'a que peu d'importance, seuls importent mes yeux et mon sourire.
Je te vois, je t'observe, où que tu puisses aller... et je t'aiderais, je te réapprendrais à rire dans ce monde morose... en tant qu'Homme.

Je suis John Le Rouge, le Punisseur et le Rédempteur. Le sang me tâche et me poursuit, il me pourrit.
Je suis le Diable et je suis l'Ange.
Le Mal n'a pas de visage... seul le Bien peut être discerné.
Nous allons évoluer ensemble, Patrick Jane. L'enfant qui est en toi vas refaire surface, mais nous verrons quel Homme tu deviendra.

Sans un bruit, je referme la porte, et m'échappe de ce lieu souillé. Au loin, l'orage gronde, l'air s'emplit d'une atmosphère étouffante, les nuages gris s'amoncellent, attendant la délivrance.
Sous mes pas, la pluie se met à tomber, de lourdes gouttes s'écrasent sur le pavé.
Enfin, le tonnerre laisse éclater sa fureur et la foudre déchire l'empyrée, dardant sa lueur aveuglante sur moi.
Qu'importe que l'eau lave mon corps, je resterais à jamais souillé.
Mais ces êtres égarés, eux, pourront laver leurs péchés.


Chapitre 1

Dans les grandes salles, nul bruit n'osa troubler la quiétude du Muséum d'Artridge.
Les rares visiteurs étaient repartis, pour la plupart une brochure à la main, descendant d'un pas vif les marches de l'entrée pour s'élancer vers la sortie, et mettre à nouveau un pied dans la réalité.

Dans la galerie d'exposition, les squelettes des temps anciens retournèrent à leur silence éternel, les ombres se formèrent derrière les lourdes tentures de velours, et le Musée retourna à sa torpeur millénaire.
Ne subsista plus dans le crépuscule déclinant, que le bruit d'une marche étouffée par la poussière qui avait lentement recouvert le parquet de chêne massif.
Dans la pénombre, la lumière blanche de la lampe torche passa doucement sur les œuvres exposées voletant, tel un papillon de nuit, sur les sculptures d'albâtre pour s'arrêter dans un coin sombre sur un squelette d'archéoptéryx, la gueule ouverte et les ailes déployées, semblant prêt à prendre son envol.
Fugitivement, la torche le caressa de sa lumière aveuglante avant de se retirer, le bruit des pas sourds retentissant à nouveau sur les dalles de marbre du grand escalier.

Perry Artkinson n'avait sans doute pas songé que la mort viendrait le faucher en cette douce soirée d'été. Il n'avait même sans doute jamais songé à mourir sur son lieu de travail, lieu qu'il adorait, et, en bon professionnel, la pensée même de le souiller par son propre sang l'aurait empli d'effroi.
Il lui était bien sûr déjà arrivé de penser à la mort, mais jamais il ne se serait douté qu'il mourrait empalé sur les dents d'un tigre à dents de sabre empaillé miteux qui reposait dans la réserve, attendant patiemment d'être rafraîchi.
Il était certes homme à être prudent et n'était nullement dépourvu d'imagination, mais cette idée de pousser son dernier soupir sur un machin à moitié moisi qui perdait ses poils et à l'œil vitreux...
Non, définitivement, si il avait eu à choisir les modalités de sa mort, il aurait sans nul doute porté son choix sur l'imposant Mammouth de l'aile Ouest, ou bien contre l'une des précieuses épées de la Dynastie Ming de la Salle treize... Tout du moins eut il donné à sa mort un peu plus de panache.

Perry arpentait les allées, se promenant comme à son habitude, effleurant du bout des doigts la gigantesque ossature de la baleine à bosse exposée dans l'aile Est, qui s'étendait de part et d'autre de la pièce, quand un bruit sourd à peine perceptible attira son attention.
D'un geste brusque, il braqua sa lampe torche en direction de la source du bruit qui venait de lui parvenir, mais ne se heurta qu'à une rangée de fossiles disparates éparpillés sur le sol.
Le souffle court, il se pencha doucement, sentant les vertèbres de son dos émettre un bruit sinistre(il n'était pourtant pas si vieux), pour enfin raffermir sa prise sur sa seule source de lumière, et activer sa radio :

-Rich... je crois que quelqu'un s'est introduit dans l'aile Est...

Avec une impatience contenue, il attendit la réponse du gardien chargé de la sécurité, mais seul le grésillement de sa propre radio lui parvint, troublant ce silence oppressant.

-Rich ? Rich, tu m'entends ?

Pas de réponse.
Déglutissant, Perry sentit les battements de son cœur s'accélérer, alors qu'il se relevait, sentant une goutte de sueur froide rouler le long de sa nuque.
Bandant ses muscles,il entreprit silencieusement de scruter les ténèbres épaisses qui l'entouraient, tentant de percevoir la moindre présence en ces lieux.
Puis, il se ressaisit. Certes, on n'était jamais trop prudent, mais Rich devait s'être endormi, comme à son habitude. Et puis, que viendrais faire un rôdeur au Musée d'Artridge? Les seules pièces qui valaient la peine d'être volées pesaient au moins cinq ou six kilos...

Un mauvais pressentiment ne cessait de l'habiter, quand il finit par reprendre sa route d'un pas prudent, attentif à la moindre anomalie.
Il tenta de prendre à nouveau contact avec Rich, sans succès, alors qu'il descendait précipitamment les marches en direction de l'entrée.
Soudain, le contact glacial de la lame contre sa gorge manqua de le faire sursauter.
Cillant des yeux un instant, Perry ne put s'empêcher de formuler une prière silencieuse, quand une voix gutturale s'éleva, susurrant à l'oreille du gardien de nuit :

-Nous avons tant de choses à nous dire...

*

-Perry Artkins, quarante quatre ans, né à Quantico au Mexique, il était Gardien de nuit du Musée d'Artridge...

La voix monocorde de l'agent Lisbon qui énumérait les faits fut brusquement interrompue par la réflexion de Rigsby, qui se penchait au dessus du corps :

-Un gardien de Musée ? Mais qu'est ce qu'on vient faire là dedans ?

Irritée d'avoir été interrompue, Lisbon le fustigea d'un regard noir avant de reprendre:

-Cet homme possédait en grande partie le Musée d'Artridge, et, malgré une profession que la plupart des riches trouveraient « excentriques »... il avait des amis hauts placés. Il préférait faire la ronde de son musée lui même, plutôt que de la confier à des incompétents, semble t il...

Une odeur d'humidité et de renfermé planait dans la réserve, et la lumière matinale peinait à traverser la fenêtre, faisant luire faiblement le dallage de granit ... Fronçant légèrement le nez, Patrick Jane entreprit de se relever, se frottant légèrement les mains, avant de s'arracher à la contemplation du corps :

-C'est amusant... La plupart des hommes riches en font trop, et ils ne s'en rendent même pas compte... En particulier, ceux qui rejettent le fait qu'ils le sont. Mais, lui... (D'un geste discret, il pointa le corps du doigt)... Lui, il ne ressemble pas du tout à quelqu'un qui possèderait vingt millions sur un compte privé en Suisse. Regardez ses habits, il a dû aller les acheter au supermarché, et il n'est même pas radin...

-Qui te dit qu'il n'était pas radin ? Demanda Cho d'un ton qui se voulait perplexe

-Eh bien, disons qu'il n'est pas comme toi... Si tu observe bien et que tu arrive à faire abstraction de l'odeur de renfermé et de mort, il embaume le parfum, et c'est loin d'être un parfum bon marché.

-Je ne suis pas radin. Et puis tu n'en sais rien, c'est peut être un cadeau...

-Si, tu l'es... Ce parfum est peut être un cadeau, mais j'en doute, regarde le sandwich qu'il avait dans sa sacoche...

Joignant le geste à la parole, il exhiba sous le nez de Cho un sandwich particulièrement fourni dont le pain commençait à racornir, l'agent reculant instinctivement d'un pas.
Pointant du doigt l'objet de son analyse, le mentaliste entreprit d'ouvrir le sandwich pour lui révéler son contenu:

-Il n'y a que des ingrédients de premier choix là dedans... Regarde, rien que le jambon... ce n'est pas n'importe quel jambon, il s'agit de celui tiré d'une « patta negra », d'une cuisse venant d'un cochon noir d'espagne...

-Attends... tu as goûté une pièce à conviction ? Demanda Cho avec effarement, Jane se contentant de hausser les épaules.

-Bien sûr que non, tu me prends pour un imbécile ? répondit il en secouant la tête d'un air ennuyé. Ce jambon a une odeur unique, c'est tout. Ce n'est pas donné, mais c'est accessible pour quelqu'un venant d'une classe moyenne... Et regarde moi cette laitue...

L'émerveillement perçait dans la voix de Jane, ses yeux brillant d'une lueur nouvelle, lueur qui n'eut pas l'air d'émouvoir l'agent présent à ses côtés :

-Tu peux me dire en quoi le fait que ce soit un fan de laitue de premier choix est un gage de générosité ?

-Allons, quelqu'un qui aime faire la cuisine et bien manger ne peut pas être radin... la probabilité est minime, regarde Rigsby...

De concert, ils se tournèrent vers l'agent au moment même où le ventre de celui ci se mit à gronder.
Ils échangèrent un regard, les lèvres de Jane s'étirant pour former un sourire étincelant, alors que le visage de Cho demeura parfaitement stoïque. Un silence s'installa, bientôt rompu par la voix enthousiaste du mentaliste :

-Bon, tu m'offres un café ?

*

Le Musée d'Artridge regorgeait d'objets d'une grande valeur historique, mais son succès reposait avant tout sur son atmosphère unique. Dans les salles imposantes, les majestueuses tentures de velours couleur pourpre, les lourds tapis précieux, ainsi que les murs du XVIIIème donnaient aux visiteurs l'impression de remonter doucement le fil du temps.
Lisbon aimait cette odeur qui accompagnait immanquablement le passé, ce parfum de poussière et d'Histoire qui planait dans l'air, et semblait se déposer sur chacun d'entre eux.
Elle n'aurait su le dire ce qui lui plaisait dans cet endroit, peut être était ce tout simplement la disposition de ces reliques, où bien l'amour qui y régnait, l'amour d'un homme épris d'Histoire qui avait entrepris, quarante ans plus tôt, de constituer une imposante collection des vestiges du passé.
William Artridge avait passé sa vie à parcourir le monde dans le but d'édifier ce bâtiment, et il avait dignement passé le flambeau à Perry Artkins, l'un de ses plus fervents assistants.
Qui s'occuperait du Musée, une fois son protecteur disparu ?

-Agent Lisbon ?

Teresa s'arracha à ses pensées, pour arrêter son regard sur une jeune femme un peu replète et au visage affable. L'espace d'un instant elles échangèrent un regard, et Lisbon ne put s'empêcher de réprimer un frisson sous l'intensité de celui de son interlocutrice, avant que celle ci ne baisse les yeux. Penchant doucement la tête, Lisbon fronça légèrement des sourcils avant de demander d'un voix rauque :

-Je peux vous aider ?

-Je suis Isabel Emerson, la secrétaire de M. Artkins...

Elle semblait exténuée, à bout de nerfs, et de lourdes cernes soulignaient ses yeux pâles. D'un geste tremblant, elle passa une main sur son front, repoussant une mèche de ses cheveux roux, avant de s'humecter les lèvres et de continuer :

-Je suis désolée... Je suis assez...

Lisbon acquiesça d'un air entendu, l'amenant vers la salle jouxtant la réserve pour lui indiquer un siège où l'infortunée assistante pourrait se reposer. Celle ci ne se fit pas prier, et prit une courte inspiration alors que Teresa lui demandait d'une voix aimable :

-Est ce que ça va mieux ?

Isabel hocha la tête, une ébauche de sourire naissant sur ses lèvres :

-Je suis vraiment désolée. C'est à dire... que je ne m'attendais absolument pas ce matin à retrouver mon patron empalé dans la réserve (elle émit un petit rire nerveux). Je crois que j'ai pris un peu de trop de thé pour me calmer... Je... Vos collègues m'ont dit d'aller me reposer... mais je crois que je n'arriverais pas à fermer l'œil, pas aujourd'hui...

-Écoutez... Je sais que cela risque de vous déplaire mais je dois vous poser quelques questions...

-Non, non. Ça va.

Au vu de son regard... apparemment pas, cette pauvre fille était à la limite de l'hystérie. Lisbon poussa un imperceptible soupir, avant de lui demander courageusement :

-A quelle heure avez vous trouvé M. Artkins?

-Je crois... il devait être une heure du matin, quelque chose comme ça... Il n'était pas dans son bureau, alors j'ai commencé à m'inquiéter, ce n'est pas vraiment son genre de partir en laissant les lumière allumées. Il vivait pratiquement ici. Ajouta-t-elle brusquement, les poings serrés sur ses genoux.

-Vous sortiez avec lui ?

Toutes deux se tournèrent vers Jane, appuyé négligemment contre l'encadrement de la porte. Agacée, Lisbon lui lança un lourd regard de reproche qu'il ignora délibérément, alors qu'il s'avançait vers la jeune femme. Un fois à sa hauteur, il se tourna vers la jeune assistante pour lui demander d'une voix douce et confiante :

-Isabel... Vous permettez que je vous appelle Isabel ? Vous sortiez avec M. Artkins ?

Celle ci sembla se détendre et laissa échapper un léger rire qui s'étrangla dans sa gorge :

-Sortir avec M. Artkins ? Il était comme un père pour moi ! Lorsqu'il a vu que je manquais d'argent pour mes études, c'est lui qui m'a fourni ce job d'assistante...

-Vous sembliez pourtant lui en vouloir, juste à l'instant...

A nouveau, elle laissa échapper un léger rire :
-Il avait tendance à être pénible ses derniers temps, c'est vrai...

A ces mots, le sourire de son interlocuteur s'agrandit, dévoilant des dents d'un blanc étincelant.
Il leva son regard pour rencontrer celui de Lisbon et déclara d'un ton amusé où perçait l'enthousiasme :

-C'est marrant... elle ment exactement comme vous !

Teresa laissa échapper un soupir exaspéré et leva les yeux au ciel, tandis que Mlle Emerson les fixait, interloquée. Jane se tourna alors vers elle pour déclarer :

-Vous savez, l'agent Lisbon a toujours tendance à mentir avec un aplomb formidable, c'est assez drôle, c'est même très amusant en fait...

-Jane...

Dans le ton de l'agent Lisbon planait une légère menace, de même qu'une légère lassitude. Nonobstant son intervention, celui ci continua de plus belle :

-Mais j'avoue qu'elle est bien plus piètre menteuse que vous... Alors que s'est il passé pour que vous en vouliez autant à M. Artkins ?

Un silence gêné plana durant quelques instants.

-Vous n'avez qu'à demander à sa femme... répondit effrontément la jeune femme d'un ton acide.

Sur ces paroles, elle commença à se lever brusquement, avant de leur demander d'un ton à la fois posé et légèrement insolent :

-Si vous avez encore besoin de moi, je serais dans le bureau de M. Artkins. Ce musée ne peut tourner tout seul, vous savez ?

Et elle s'éloigna d'un pas décidé, ses talons cliquetant sur le dallage vermeil, son corps raide trahissant une nervosité certaine. Un léger soupir attira l'attention du mentaliste, celui ci se tournant vers son infortunée partenaire, qui se massait furtivement les tempes d'un air ennuyé, avant de déclarer d'un ton las :

-Je me demande vraiment pourquoi je me mets dans des états pareils...

-Vous savez quoi ? Je me le demande aussi... Mais vous réagissez de moins en moins à mes remarques... je trouve ça à la fois rassurant et inquiétant.

-Vraiment ?

-Mais oui. Soit cela veut dire que cela ne vous fait presque plus rien et je vous suis indifférent, soit...

-Soit ?

Malgré elle, elle ne put s'empêcher d'être intriguée. Mon Dieu, elle se serait giflée.

-Soit je vais finir par croire que vous m'appréciez...

Quelques secondes passèrent, quand enfin la voix amusée de Lisbon s'éleva, alors qu'elle plongeait son regard dans celui de Jane, un sourire mauvais aux lèvres :

-Vous savez quoi, Jane ? J'ai toujours dit que vous étiez un grand malade...

Et sans attendre plus longtemps, elle commença à se diriger vers la sortie, le sourire du mentaliste s'élargissant plus encore. Un enfant recevant ses cadeaux la veille de noël n'aurait pu paraître plus rayonnant :

-Inutile de le cacher, Lisbon ! Cria-t-il a son encontre. Vous vous êtes trahie !

Et il s'élança à sa poursuite.



Voilà voilà ^^
Impressions ?


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Message  Indigo Jeu 24 Juin - 1:34

Je poste aussi le chapitre 2 =) (soyons fous!)

Chapitre 2:

Dans le Musée d'Artridge, le silence s'était fait. Fermé pour la journée au vu des circonstances « particulières », seuls les pas de l'agent Lisbon et du consultant au CBI Patrick Jane retentissaient dans ce mausolée. Par la fenêtre, le ciel commença à se voiler, et les rayons du soleil laissèrent place à une fine bruine qui s'écrasa sans bruit sur les gigantesques carreaux des fenêtres à guillotine.

-Vous pouvez me redire ce que nous cherchons ?

La voix de Jane se répercuta en écho, accentuant le ton perplexe de sa question, et Lisbon daigna enfin tourner la tête dans sa direction :

-Nous allons voir Richard Stieg, il est chargé de la sécurité au Musée. Il a été drogué la nuit dernière, c'est pourquoi il n'a pu voir l'agresseur d'Artkins... mais nous avons quelques questions à lui poser...

-C'est bien ce qui me semblait.... Ce ne serait pas un homme brun d'une trentaine d'années, d'environ... disons un mètre soixante dix ?

Son interlocutrice fronça les sourcils, et lui rétorqua d'une voix où planait une ombre de suspicion:

-Ça se pourrait... pourquoi ?

-Parce que je crois qu'il est dans le jardin en train de prendre l'eau comme un piquet... répondit il d'un ton détaché en pointant du doigt un homme immobile à travers la fenêtre

La réaction de Teresa Lisbon ne se fit pas attendre. Elle émit une sorte de cri étranglé alors que ses yeux s'agrandirent sous la surprise, et se précipita en direction des jardins, suivie par un Patrick Jane se retenant tant bien que mal de ne pas éclater de rire.

Sous les gouttes de pluie, Richard tenait à recouvrir le jardin. Les membres encore engourdis par les drogues, il bâchait d'une main tremblante les bancs de marbre, la pluie dégoulinant le long de ses cheveux bruns.
Les gouttes qui ruisselaient sur son visage dissimulaient ses larmes, et il ne prenait plus la peine d'essuyer ses yeux rougis. Un homme digne de ce nom ne devrait pas montrer sa peine et son désarroi... Perry lui avait déjà fait la remarque, il était trop sensible... « Un artiste ne devrait pas avoir à travailler en tant qu'agent de la sécurité... ».
Oui, mais être artiste ne payait pas les factures. Perry...
Il le revoyait encore se moquer de lui lorsqu'il était entré pour la première fois au Musée d'Artridge.
Il avait été stupéfait devant tant de beauté, les sculptures d'albâtre semblaient se mouvoir avec tant de grâce qu'il aurait juré les avoir vu bouger, oui, tellement stupéfait qu'il en était resté bouche bée... et Perry avait ri, il lui avait demandé avec une fierté mal dissimulée si cet endroit lui plaisait...
Bien sûr que cet endroit lui plaisait, et Perry lui plaisait... jamais il ne s'était senti aussi désiré, personne jusqu'à présent ne lui avait même jamais demandé son avis...

-M. Stieg ? M. Richard Stieg ?

Une voix féminine l'interpella. Lentement, il releva la tête, pour observer deux silhouettes sur le porche, un homme et une femme, qui semblaient l'appeler. Secouant la tête, il essaya de les ignorer, restant immobile, mais elles ne semblèrent pas vouloir le laisser en paix.
Le bruit d'une marche rapide attira son attention, et il se retrouva bientôt avec une petite femme aux cheveux bruns et aux yeux emplis d'une féroce colère qui lui brandissait sous le nez une plaque d'agent du CBI.

L'agent Teresa Lisbon n'était pas réputée pour être d'une patience vertueuse, Patrick Jane pouvait en témoigner, mais elle essayait toujours de se contenir de son mieux, et de rester professionnelle. Pourtant, aujourd'hui, la journée avait plus que mal commencé. Non seulement on l'avait réveillé à quatre heures du matin alors qu'elle ne s'était couché que trois heures plus tôt, mais elle avait dû supporter, sans son café matinal, les babillages incessants de Jane. Un de ses témoins clefs venait de lui filer sous le nez à cause de la brusquerie de ce dernier, elle n'avait toujours pas pris son café, et voilà que l'un des nouveaux témoins de l'enquête, à moitié shooté aux calmants que l'on avait dissimulé dans son thé, se baladait sous la pluie et se permettait de l'ignorer.
Oui, vraiment, Lisbon était d'un professionnalisme exemplaire, mais il y avait des jours où elle avait bien envie d'aller dire à toutes les instances supérieures et au règlement d'aller se faire voir.

-Vous êtes Richard Stieg ? Demanda-t-elle sèchement.

Celui ci acquiesça sans un mot.

-Ça vous dérangerais que l'on se mette à l'abri pour discuter ?

Le ton impérieux que Lisbon utilisa ne semblait pas admettre de réplique. Docile, Richard Stieg s'exécuta et commença à se diriger vers le porche, suivie d'une agent du CBI passablement trempée, ce qui sembla accroître considérablement son irritation. Et pour une fois, rare fois s'il en est, Patrick Jane s'abstint de tout commentaire.

*

Au bureau du CBI, l'agent Grace Van Pelt prenait son mal en patience. Une tasse de café fumante à la main, elle jouait machinalement avec ses longs cheveux roux, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur.
D'une moue dubitative, elle passait les lignes de code de son nouveau programme en révision... elle n'avait, de toute manière, que cela à faire.
Cette inaction la rendait folle, et elle aurait tout donné pour pouvoir, ne serait ce qu'un instant, aller rejoindre le reste de l'équipe... eux, au moins, avaient l'occasion de se distraire.

*

-Et tu peux me dire ce qu'on fait, maintenant que l'équipe du labo a embarqué le corps ? Demanda Rigsby d'un air passablement ennuyé à son collègue.

L'agent Cho lui jeta un regard impassible et se replongea dans le dossier de l'affaire, avant de laisser échapper un court soupir :

-Sais pas. Je crois que Lisbon voulait aller cueillir le fils de la victime...

-Lequel ? Sur le dossier, il en avait deux.

-L'adopté. Le Gardien chargé de la sécurité qui a été drogué, tu te souviens ?

D'un air entendu, son collègue acquiesça, alors qu'ils pénétraient dans le hall d'entrée du Musée.
La mâtinée avait été longue, et observer un homme dont le poumon droit avait été perforé par la dent d'une créature empaillée venue d'un autre âge n'avait rien de très réjouissant.
Rigsby n'avait plus qu'une seule envie, rentrer au siège et pouvoir manger un bout. Bien entendu, le fait de pouvoir voir l'agent Van Pelt qui était resté là bas n'avait absolument rien à voir avec sa résolution de rentrer au QG... Malgré lui, il sentit un sourire naître sur ses lèvres. Qui sait, peut être les attendrait elle, un café à la main, pour lui adresser l'un de ses fabuleux sourires...

-Tu peux me dire pourquoi tu souris comme un abruti depuis tout à l'heure ?

La voix cassante de son ami le ramena brutalement à la réalité. Wayne Rigsby cilla brusquement, secouant légèrement sa tête comme pour se réveiller, sous le regard impassible de Cho, qui se retenait pour ne pas sourire devant l'air déconfit de son amoureux transi.

Soudain, un grand bruit en provenance de l'étage attira leur attention. Les deux agents échangèrent un regard entendu, et entreprirent de monter les escaliers d'un pas silencieux. Pénétrant dans la salle Onze, ils se retrouvèrent nez à nez avec un individu qui jurait laborieusement, une armure du XIIIème siècle reposant à ses pieds... en pièces détachées.

-Eh merde... siffla t il d'un ton hargneux.

Wayne sur ses arrières, Cho s'avança et s'éclaircit la gorge :

-CBI. Veuillez vous retourner et décliner votre identité, monsieur.

L'individu se raidit, puis se tourna doucement, une grimace gênée déformant ses traits. D'un geste négligent, il caressa sa barbe naissante comme pour marquer une intense réflexion, et déclara d'une voix âpre et rocailleuse :

-Je suis...

-J'aurais dû m'en douter... Il n'y avait que toi pour foutre un bordel pareil... L'interrompit la voix excédée d'Isabel Emerson, ses talons cliquetant furieusement sur le parquet, ses yeux noircis par la colère.

A sa vue, les traits de l'homme se raidirent, alors qu'ils échangèrent un regard haineux.

-Tiens... Ne serait ce pas la fille adoptive de mon père bien aimé ? Observa-t-il d'une voix glaciale.

-Ton père est mort cette nuit... Est ce donc là tout le respect que tu as pour lui... du sarcasme ?

Ses yeux étincelants de fureur, elle se rapprocha de son interlocuteur, alors que celui ci éructa :

-Tu me parles de respect... Après tout ce que tu lui as craché à la figure ?

Durant un bref instant, Isabel Emerson sembla sur le point de gifler le fils de son ancien patron, puis se ravisa pour laisser échapper un rire amer.
D'abord interloqués par la scène qui venait se jouer sous leurs yeux, Cho et Rigsby se ressaisirent rapidement. Rigsby s'avança, s'éclaircissant la gorge à grand bruit :

-Vous êtes Joshua Artkins, le fils de feu M. Perry Artkins ?

Joshua Artkins sursauta légèrement, semblant soudain se rappeler de leur présence, et leur adressa un sourire désabusé :

-Bien sûr que je suis Joshua Artkins, vous n'avez donc pas entendu l'assistante de mon père ? Je m'apprêtais à vous le dire avant qu'une hystérique en furie (il lança un regard appuyé à l'encontre d'Isabel, regard qu'elle lui rendit de bonne grâce) ne débarque en trombe pour m'interrompre...

Un silence tendu s'installa, Isabel et Joshua se toisant sans un mot. Cho et Rigsby échangèrent un regard entendu... Les repas de famille ne devaient pas être de tout repos...

*

Essorant ses longs cheveux bruns, l'agent Lisbon détailla durant plusieurs secondes l'homme qui lui faisait face. La trentaine mal assumée, du t-shirt au logo « Cœur à prendre... Vous êtes intéressé ? » à une coupe de cheveux pour le moins « broussailleuse » qui aurait fait pâlir d'envie Kurt Kobain, Richard Stieg paraissait, malgré une musculature développée, tout juste sorti de l'adolescence... à moins qu'il ne soit jamais entré dans le monde adulte.
Aussi, quelle ne fut pas la surprise de Lisbon d'entendre sortir de sa bouche une voix grave et adulte, qui lui demanda d'un ton à la fois agressif et affecté :

-Vous vouliez me voir... Pourquoi ?

Secouant sa tête d'un air agacé, Teresa se mordit la lèvre pour se forcer à retrouver son calme, puis lui demanda d'une voix qu'elle espéra posée :

-Vous devez le savoir. Nous devons vous poser quelques questions M. Stieg, répondez-y et je peux vous assurer que nous ne vous importunerons plus... pour l'instant.

A ces mots, le visage de Richard se rembrunit :

-Que voulez vous savoir de plus ? On m'a drogué... Je me suis réveillé quelques heures plus tard, quand Isabel m'a secoué en larmes, pour me crier que mon père était mort... (Il éleva la voix :) Qu'est ce que vous voulez savoir de plus, nom de Dieu !

Il en fallait plus pour impressionner l'agent Lisbon qu'un adulte pré-pubère au t-shirt jaune criard...
D'un geste négligent, elle ne releva pas, et continua de manière naturelle :

-A quelle heure vous a-t-elle réveillé ?

L'espace d'un instant, son interlocuteur parut surpris par la question, puis lui répondit d'une voix incertaine :

-Je n'en sais rien, il devait être... je sais pas, vers deux heures du matin, un truc comme ça... En fait, je n'en sais rien du tout... Mais Isabel est loin d'être une menteuse, sachez le.

Il prononça cette dernière phrase d'un ton menaçant, la mettant au défi de lui dire le contraire, mais elle se contenta de hausser un sourcil.
Depuis quelques instants, Patrick Jane observait la scène qui se jouait devant lui. Il avait laissé faire Lisbon, la laissant mener le rapide interrogatoire à sa manière... mais il était temps d'intervenir.
Il aimait cette manière qu'il avait d'entrer en scène tardivement pour attirer le regard sur lui, lui permettant d'observer ce que les suspects avaient à cacher...
Si Isabel Emerson était loin d'être une menteuse, alors Richard Stieg était, lui, un menteur notoire...

-A quelle heure êtes vous revenu à votre poste, Richard ? Demanda le mentaliste d'une voix douce.

Celui ci sembla durant un bref instant piquer un fard, avant de se reprendre, les yeux emplis d'une légère irritation :

-Je suis resté toute la soirée cloîtré sur ma chaise, à observer les caméras de surveillance. Vers dix heures, je suis allé me chercher un café... je suppose qu'il a été drogué quand je suis parti aux toilettes...

-Ne nous mentez pas s'il vous plaît, Richard. Vous êtes parti, n'est ce pas ? Vous avez quitté votre poste alors que Perry Artkins effectuait sa ronde...

Lisbon lança un regard surpris à l'encontre de Jane que celui ci ne releva pas, attendant patiemment la réponse de Richard Stieg :

-Je ne vois pas du tout ce que vous voulez dire... déclara le fils adoptif de M. Artkins d'une voix blanche.

-Bien sûr que si, vous voyez ce que je veux dire. Où êtes vous allé, Richard ? Pourquoi avez vous tenu à vous couvrir en versant des somnifères dans votre propre café ?

Silence.

-Je ne dirais pas un mot de plus sans la présence d'un avocat...

Le mentaliste dissimula mal le sourire carnassier qui naquit sur ses lèvres, alors qu'il continuait d'une voix empreinte de certitude :

-Je crois que nous n'en avons pas besoin...

-Ça suffit, Jane... M. Stieg, vous pouvez partir... mais nous vous recontacterons, soyez en sûr.

La voix de Lisbon s'éleva, claire et tranchante, et Richard Stieg prit congé, alors que le mentaliste s'écriait, indigné :

-Quoi ? J'y étais presque... pourquoi l'avoir laissé partir ? Eh ! Cria-t-il à l'encontre de l'homme qui s'en allait d'un pas rapide.

-Jane... Ça suffit ! Lui ordonna-t-elle en lui prenant brutalement le bras. Laissez le partir, pour l'amour de Dieu ! Quand bien même ce serait lui, on aurait rien pour le prouver ! On ne résout pas une enquête en se basant sur des suppositions, je croyais pourtant que vous l'aviez assimilé avec le temps !

Patrick Jane sembla sur le point de répliquer puis se ravisa, son regard s'arrêtant sur la main qui tenait fermement le bras gauche, main qui se retira vivement sous le regard à nouveau amusé du mentaliste... le visage de l'agent du CBI prenant une expression gênée.
L'agent Lisbon n'avait jamais été très tactile, et cela ne semblait pas aller en s'arrangeant...


Voilà voilà ^^
Les impressions sont bien entendu bienvenues
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Message  Gateone Jeu 24 Juin - 12:51

Alors que dire...

Tout d'abord j'ai bien aimé ta façon de voir les choses pour John le Rouge dans l'intro, ses pensées, ce qu'il attend de Jane... On comprend vraiment bien les raisons de son "geste", c'est vraiment intéressant.
Tu fais aussi super bien passer les sentiments, tu détails super bien la scène, on pourrait ce l'imaginer très facilement. Je dis ça pour l'introduction, mais ça vaut pour le reste de ta fic.

Pour le chapitre 1 et 2... l'histoire est intéressante, encore une fois tu décris bien les lieux où se passent chaque scène, ça me plait beaucoup ça (je me répète...) parce qu'on s'y croirait, on se voit déjà dans un épisode du Mentalist xD
Si on ajoute en plus les personnages, chacun a sa propre personnalité et la bonne ! (c'est rare...)
Janes...rah la la je l'adoore !!! Les passages entre Lui et Lisbon, mais c'est tout à fait ça quoi xD J'en rigolais toute seule devant l'ordi (si si c'est vrai Laughing )

Bref perfect !! Hâte d'en apprendre un peu plus sur cette affaire, sur cette Isabel Emerson, ce Richard Stieg et ce Joshua Artkins =D
En faite, je veux la suite quoi hihihi :mgreen: Alors dépêche toi de nous la mettre !!!!!!! Mad

:déjà dehors:

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Message  Indigo Jeu 24 Juin - 16:25

Gat', je t'aime :smoutch: *l'amour apparait parfois sous d'étranges circonstances ;p*

Sérieusement, merci beaucoup pour ton com' =)

Gat' a écrit:En faite, je veux la suite quoi hihihi :mgreen: Alors dépêche toi de nous la mettre !!!!!!!

Vos désirs sont exaucés, très chère :mgreen:

Chapitre 3 :


Dans le hall d'entrée, seuls restèrent l'agent Lisbon et Patrick Jane. L'une dubitative, l'autre légèrement songeur, lui jetant de temps à autre un regard insistant. Son manège ne lui avait bien sûr pas échappé et celle fit de prime abord mine de les ignorer. Il semblait ne devoir jamais se décourager, et elle finit par soupirer, un imperceptible sourire aux lèvres :

-Bon... Qu'en avez vous pensé ?

Il n'en fallu pas plus pour que le mentaliste lui adresse un sourire éclatant de victoire, avant de reprendre une légère contenance :

-Je pense tout simplement qu'il a quelque chose à cacher... Il ment sur de nombreux points... Par contre, vous lui plaisez...

-Je lui plait ? Les yeux de l'agent du CBI s'écarquillèrent vivement, marquant une surprise évidente.

-Mais oui. En fait, vous êtes tout à fait son type de femme... Ce qui me fait penser qu'il doit avoir un léger faible pour Mlle Emerson...

-Vous rigolez ? Elle est comme sa sœur ! S'exclama-t-elle d'une voix choquée.

-Pas du tout. Vous m'aviez dit qu'elle avait refusé d'être officiellement adopté par Perry Artkins.

-Vous voyez ce que je veux dire, Jane... Et pourquoi aurait il un faible pour elle ? (elle s'interrompit, avant d'exprimer le fond de sa pensée) Elle ne me ressemble pas du tout !

Un silence accueillit ses paroles. Silence gêné qui s'éternisa alors que le mentaliste reprit d'un voix déçue :

-Agent Lisbon, vous venez de proférer une bêtise sans nom.

Les joues de l'agent en question s'empourprèrent alors qu'elle rétorqua d'une voix acide :

-Elle ne me ressemble pas du tout, Jane...

-Quand cesserez vous de vous intéresser uniquement au physique des gens ? (Déclara-t-il d'un ton faussement réprobateur... Ce à quoi elle lui jeta un regard d'une profonde noirceur, rentrant dans le jeu du mentaliste) Elle a cette même volonté farouche que vous de vivre à tout prix, et elle possède un très mauvais caractère. Tous les hommes ayant un penchant masochiste comme Richard Stieg s'intéresseraient à elle...et à vous.

Elle s'apprêta à répliquer, mais fut interrompu par la voix pressée de Rigsby qui résonna en haut des escaliers :

-Patron !

D'un même mouvement, Lisbon et Jane levèrent la tête vers Wayne Rigsby qui descendait en trombe les escaliers, manquant de trébucher, pour s'arrêter juste devant eux. Le souffle court, il se plia légèrement pour reprendre un respiration normale et se releva, un mince sourire aux lèvres :

-C'est rien de grave. Simplement... vous devriez venir voir ça, patron !

Il commença à remonter les marches d'un pas pressé, suivi de près par sa supérieure et le mentaliste qui échangèrent un regard interrogateur. L'agent les mena dans un long couloir parcouru de nombreuses photographies.
Au loin, se dessina la silhouette imperturbable de l'agent Cho, et leur guide ralentit l'allure.
Il se rapprochèrent de leur collègue, qui échangea un regard entendu avec Rigsby, déclarant doucement :

-Tu lui as dit ?

Celui ci secoua négativement la tête :
-Je voulais lui montrer pour qu'on soit surs...

-Montrer quoi, et à qui, Rigsby ? S'écria Lisbon d'un ton agacé.

Celui ci la regarda, mal à l'aise, avant que Cho ne vienne à son secours :

-Vous devriez regarder la photo, patron...

D'un geste du doigt, il lui indiqua un cadre de taille moyenne légèrement en hauteur sur le mur. Lisbon leva les yeux et les plissa pour distinguer une petite fille aux cheveux noirs qui souriait d'un air espiègle dans les jardins du Musée. A ses côtés se tenait une femme, mais l'enfant lui cachait en partie le visage, attirant immanquablement le regard par ses grand yeux émeraudes. En un instant, le cœur de Teresa Lisbon se glaça.

-Nom de... Lisbon ne put continuer plus longtemps, et les mots moururent dans sa gorge.

Patrick Jane confirma ses pensées d'une voix surprise :

-Lisbon... C'est vous...

Sans un mot, elle acquiesça d'un air entendu. C'était elle... Ce n'était pas possible...
La petite fille sur la photographie ressemblait grandement à sa version adulte... Pendant quelques secondes, elle fut incapable de prononcer un mot.
Et cette femme au visage caché...

Maman...


Instinctivement, elle se leva sur la pointe des pieds pour caresser du bout de doigts le verre glacial de la photo. Ce ne pouvait être vrai...

-Lisbon...

-Ça va, Jane. déclara-t-elle d'une voix ferme.

Elle s'arracha à la contemplation du visage souriant, et jeta un coup d'œil à ses subordonnés qui la regardaient d'un air inquiet. Seul Jane se risqua à lui lancer un lourd regard interrogateur, avant de formuler la question qui lui brulait les lèvres :

-Comment cette photo est elle arrivé, là ?

A cette question, elle ne connaissait pas la réponse. Elle resta sans voix, confuse et méprise.
Aucun souvenir ne lui revenait, et plus elle essayait de se rappeler, plus sa mémoire lui échappait.
Pour la première fois depuis bien longtemps, Teresa Lisbon fut assailli par le doute.

*

Trempée malgré la veste qu'elle avait extorquée à Jane, Teresa Lisbon semblait d'une humeur massacrante.
Sans même un regard pour ses collègues, traversant le hall du siège du CBI d’un pas rapide, elle partit se changer sur le champ en claquant brutalement la porte de son bureau.

Ceux ci échangèrent un regard entendu, Grace Van Pelt demandant à haute voix d'un air surpris :

-J'ai manqué quelque chose ?

Dégoulinante, l’agent Lisbon étouffa un énième éternuement alors qu’elle achevait de se changer, et jeta d’un geste rageur ses vêtements trempés rassemblés en une boule grossière qui s’écrasa par terre, émettant un léger bruit de succion.
Elle n’aimait pas ce qui se tramait… Depuis ce matin, elle ne cessait d’être gênée par un sentiment étrange, un mauvais pressentiment.
Lorsqu’elle avait pénétré dans le Musée, elle avait su exactement où se diriger, où chaque objet avait sa place. Pourtant, elle avait beau fouiller ses souvenirs, elle ne parvenait pas à se rappeler avec exactitude sa première visite… Dans sa mémoire ne lui apparaissaient que de floues réminiscences.
Et ce cliché... Ce troublant cliché qui n'avait cessé de la hanter sur le chemin du retour...
Elle devait chercher du côté de ses souvenirs d'enfance...
Mais comment se rappeler une enfance démise par la mort d'un parent ?

Elle n'était pas sure de désirer recouvrer ces lointains souvenirs.
Il lui était tellement plus facile d'oublier, d'omettre ce qui avait été. Oublier cette femme, cette étrangère qui l'avait abandonnée seule face au monde, au chaos tourbillonnant de la vie réelle.
Pauvre brindille face au maëlstrom, elle avait tenu bon, mais son père lui avait sombré sans même essayer de se battre... Elle lui en avait voulu, elle lui en voulait encore, mais le ressentiment qu'elle avait nourri à l'égard de sa mère...

A cette pensée, elle frissonna violemment, rejetant doucement sa tête en arrière pour prendre appui sur le bord de son bureau, en se massant les tempes.

Sa mère… En l’espace d’un instant, elle se revit, elle et sa mère, dans le Musée d’Artridge.
Elle ne devait pas avoir plus de huit ans, et s’amusait à sauter de marche en marche sur l’immense escalier de marbre du hall d’entrée.
Son cœur manqua un battement et le souffle lui manqua, alors qu'elle se remémorait chaque détail de chaque mur, de chaque fenêtre de cet endroit si familier.
Et ce rire, son rire, qui se répercutait en écho sous le regard bienveillant de cette femme au visage opaque dont les traits lui échappaient...
Se pourrait il que sa mère l’ait emmené dans cet endroit ?
Qu’elle ait pu le visiter tant de fois qu’il lui suffise de fermer les yeux pour ses pas la guident, et qu’elle déambule à sa guise dans les salles gigantesques du Musée d’Artridge ?

Elle sentit une boule se nouer dans sa gorge, et elle secoua légèrement la tête pour se ressaisir, un sourire amer planant sur ses lèvres.
Dans la pénombre de son bureau, il lui sembla sentir à nouveau cette odeur lourde de poussière, pouvoir scruter les murs empreints d’Histoire, et toucher le marbre lisse et froid.
Les couleurs lui apparaissaient si vives... plus vivantes que leur morne réalité.
De son doigt, elle suivait inlassablement la rampe de l'escalier pour toujours s'arrêter à une légère accroche, à ce léger défaut qui avait altéré cette roche soyeuse, et qui l'avait tant intrigué du haut de ses huit ans.
Cette toute petite entaille qui l'avait pris par surprise, alors que des perles de sang se formaient et roulaient le long de son doigt...

-Euh… Patron ? S’excusa Rigsby en en frappant à la porte du bureau de Lisbon.

Teresa Lisbon repris avec difficulté pied dans la réalité. Nauséeuse, elle marcha d'un pas fébrile vers la porte qu'elle ouvrit sans ménagement, et adressa un bref sourire à son subordonné. Se forçant à rassembler ses esprits, elle attendit en silence que celui ci lui fasse son rapport, ne l'écoutant qu'à moitié :

-...Il nous manque la femme de la victime à interroger. Cho et moi on pensait y aller demain, au vu de l’heure…

Lisbon laissa son regard dévier sur la pendule. Huit heures vingt trois. Nom de Dieu, pas étonnant qu’ils aient frappé à la porte de son bureau, elle avait passé plus de deux heures dans la pénombre…
Machinalement, elle saisit du bout de ses doigts la fine croix en or autour de son cou et se mordit la lèvre, tandis qu’elle fermait les yeux un bref instant. La vision de cette enfant riant aux éclats ne cessait de lui brûler les yeux, s’imprimant sur sa rétine, la même scène se répétant, encore et encore.

-Emmenez Jane avec vous… Sa propre voix lui semblait vide, lointaine. Vous avez pensé à convoquer Isabel Emerson et les fils Artkins pour un interrogatoire en règles ?

Rigsby acquiesça, se passant une main sur la nuque :
-Jane nous a dit de les convoquer en même temps.

Elle s'apprêta à lui demander les raisons d'un telle demande, mais elle se ravisa.
Elle n’était même pas sure de désirer connaître la réponse… Connaissant Jane, il avait encore dû faire des cachotteries... D’un pas lent, elle se dirigea vers la machine à café dans l’espoir de se réveiller, Rigsby sur ses talons. Alors que l’odeur amère de l'inestimable breuvage emplissait la pièce, elle sentit avec un certain malaise la présence omniprésente de son subordonné sur ses arrières... ce qui ne lui plut guère :

-Vous avez autre chose à me dire ? Sa voix demeurait polie, bien que légèrement agacée lorsqu'elle manqua de renverser la tasse émaillée du logo du CBI.

Celui-ci avala sa salive, ne sachant apparemment pas réagir face à l'humeur pour le moins ombrageuse de sa supérieure :
-Eh bien, en fait… C'est-à-dire que… nous sommes levés depuis bientôt quinze heures…

-Et ?

Ses pupilles se rétrécirent, et elle attendit patiemment sa réponse alors qu’elle prenait une tasse de liquide fumant. Puis, alors qu'il ouvrait la bouche pour se confondre dans des arguments inintelligibles, elle l'interrompit d'un geste de la main :

-C’est bon, Wayne… Allez-y, allez vous reposer… le coupa-t-elle d’une voix fatiguée.

-Merci… (il s'interrompit, la fixant d'un œil inquiet) vous êtes sure que vous allez bien, patron ?

-Rigsby a raison, vous êtes toute pâle… déclara inopinément la voix de Patrick Jane qui s’élevait de l’ombre.

Le mentaliste s’extirpa de la pénombre, le visage encore marqué par le sommeil. D’un geste négligent, il se passa la main sur le visage pour les observer, à présent parfaitement éveillé, et croisa le regard de Lisbon. Celle-ci se contenta de froncer les sourcil, puis un mince sourire naquit sur ses lèvres :

-Je suis juste un peu fatiguée…

-Je ne crois pas… Rigsby, dis moi... est ce que le teint crayeux, le visage creusé et les éternuements sont un signe de légère fatigue ? Déclara Jane d'un ton insupportablement professionnel.

-Nope. Vous devriez vraiment aller vous reposer ...

Teresa sentit une bouffée de colère envahir ses sens, et l'irritation la saisir.
D'un mouvement de la main, elle replaça une mèche de cheveu derrière son oreille, sa bouche s'entrouvrant à peine pour laisser échapper d'un ton agacé :

-Ne soyez pas ridicules tous les deux, d’accord ? Je vais rentrer chez moi, me faire couler…

Les mots lui manquèrent et elle ne put achever sa phrase, alors que ses pensées devenaient confuses, se bousculant dans son esprit embrumé.
Le sang battait contre ses tempes, son corps entier n'était plus qu'une geôle glaciale.
Au rythme des battements de son cœur affolé, les voix s'élevaient et tourbillonnaient, indistinctes et lointaines, lui apparaissant déformées.

« Lisbon ! »

Elle tenta de relever les yeux, son regard suppliant croisant celui de Jane. Dans un ultime effort, elle s’appuya sur Rigsby dans l’espoir de ne pas tomber, mais ne parvint qu’à épuiser ses dernières forces.
Ses jambes cédèrent, et elle sentit son corps s’affaisser, sa voix se muant en un cri silencieux.
Exhalant un léger soupir, elle sombra dans les ténèbres, laissant son esprit dériver dans le néant dans un silence immuable.

*

Lorsque Teresa Lisbon ouvrit les yeux, son esprit fut brièvement traversé par une pensée pour le moins incongrue...« J'ai changé de papier peint ?».
Non, Teresa Lisbon n'avait pas changé de papier peint... pas plus qu'elle n'avait perdu la tête, bien qu'avec cette violente migraine qui lui martelait le crâne, ce ne fut pas l'envie qui lui manqua.
Le corps parcouru d'un frisson, elle ramena maladroitement la couverture sur elle et s'y pelotonna .
De ses membres courbaturés, elle n'obtint aucune réponse, seulement une puissante vague de fatigue et de lassitude.
Enfin, elle sentit une douce chaleur l'envahir et la douleur la déserter, se replongeant dans une voluptueuse torpeur.

Elle sentait le vent jouer dans ses cheveux, le soleil étendre ses rayons brûlants sur sa peau, et les fines gouttelettes de la fontaine que celle-ci faisait jaillir en un geyser bruyant s'écraser sur son visage. Dans les jardins elle courait à perdre haleine, passant sous les massifs de roses pour aller se cacher sous les bancs de marbres. Son regard se perdit sur les camélias fanés qui se balançait au gré du vent, détachant un à un les pétales qui s'écrasèrent sans un bruit sur l'herbe tendre... Au pied des camélias se tenait une ombre, une silhouette furtive qui semblait vouloir se dérober à son regard...
Soudain, elle entendit la voix inquiète de sa mère lui parvenir, à la fois si proche et si lointaine...

-Teresa !

-Maman...

-Maman ? S'exclama une voix surprise, rompant l'enchantement.

Le ton était moqueur, mais dans ces mots le cœur n'y était pas. De ses paupières douloureuses, elle entrouvrit les yeux, pour distinguer de sa vue trouble une forme assise non loin d'elle.
D'une voix rauque, elle croassa :

-Jane...

-C'est moi. Mais j'ai l'impression que vous auriez aimée que ce soit quelqu'un d'autre...

Sans même le distinguer avec netteté, elle pouvait percevoir le sourire amusé qui habitait ses paroles.

-Jane... le coupa-t-elle d'une voix faible... Ma tête...

Le moindre bruit se faisait torture, et elle semblait au bord de l'implosion.
Le mentaliste s'interrompit, puis repris d'une voix plus posée, presque un murmure :

-Cho voulait vous ramener, mais nous avons pensé que, vu que vous aviez la crève, il valait mieux que l'on puisse s'occuper de vous. Mais si vous voulez...

Elle avait tellement mal... L'odeur du vieux cuir lui donnait la nausée, et, le cœur au bord des lèvres, elle tenta de calmer les violents assauts de son estomac. Son interlocuteur perçut son trouble et l'aida doucement à se relever, la forçant à boire un breuvage infect, non sans commenter les réticences de sa patiente (« Qui a dit que j'étais le patient le plus chiant de la terre ? »).
Enfin, elle se laissa retomber, à demi consciente, et articula avec difficulté :

-La … crève ?

-Vous espériez quoi ? La malaria ? Je peux demander à Grace d'apporter un vaccin en même temps qu'un médecin si vous voulez...

Elle esquissa un faible sourire, sentant ses yeux s'embuer, et détourna son regard, honteuse.
Ils s'occupaient d'elle... Le mirage de sa mère la traversa un bref instant, vif et lancinant, tel un coup de poignard, et la douleur devint si forte qu'elle ne put retenir ses larmes.
Elle revoyait ce visage aux contours flous, le visage de cette mère qui s'était tant occupé d'elle et qu'elle avait sciemment oublié.
Malgré tous ces efforts, elle ne parvenait à reconstituer ses traits. Et elle pleura, elle maudit son impuissance.

-Maman... le Musée...

Teresa ne sut combien de temps elle délira. Dans la pénombre, elle laissa libre cours à son chagrin, le corps parcouru de sanglots. Enfin, après ce qui sembla n'être qu'une éternité, les larmes roulant toujours sur ses joues, elle s'endormit, épuisée.

Alors qu'elle sombrait à nouveau dans un sommeil agité, elle ne sentit pas la main du mentaliste se poser sur son front brûlant, pas plus qu'elle ne le vit arranger soigneusement la couverture qui s'était recroquevillé à ses pieds...
Les paupières closes, elle se laissa aller, pénétrant en une dernière pensée fiévreuse dans le monde du souvenir...



Voilà voilà ^^
Impressions ?

Bon je l'avais déjà dit, je m'attarde plus sur Lisbon dans ce chapitre, il faut dire qu'elle peut parfois réserver bien des surprises :mgreen:
Quoi qu'il en soit j'espère que celui là vous aura plus ^^
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Message  Gateone Jeu 24 Juin - 16:57

Indig' a écrit:Gat', je t'aime *l'amour apparait parfois sous d'étranges circonstances ;p*
Moooh c'est mignooon , I love you too ! :love: ;D

Bref après ces magnifiques déclarations Razz J'aime beaucoup ce chapitre 3, même si c'est un concentré de Lisbon, on en apprend plus sur elle, son passé et je sens que ça va être intéressant pour la suite ;D
Beaucoup d'émotions dans ce chapitre qui passe très bien à la lecture =)

Voilà voilà :mgreen:

PS: je me permettrais pas de te réclamer le 4ème chapitre, quand même... Laughing (quoi que je ne serais pas contre pour la suite dans la soirée... What a Face)
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Message  Indigo Jeu 24 Juin - 17:42

Gat' a écrit:Bref après ces magnifiques déclarations

*Indig' range les violons*

Gat' a écrit:PS: je me permettrais pas de te réclamer le 4ème chapitre, quand même...quoi que je ne serais pas contre pour la suite dans la soirée... What a Face )

Nannnnnnn, jamais ^^
Bon allez, c'est deux pour le prix d'un aujourd'hui ;p
Par contre, ce chapitre tiens essentiellement lieu de transition, il continue d'amener l'histoire en douceur, enfin "en douceur"... Quoi qu'il en soit, je poste la suite Wink

Chapitre 4 :


Comment l'Homme parvient il à vivre lorsqu'il perd soudainement ce qui lui est le plus cher ?


Les cheveux relevés en un chignon vaporeux, Isabel Emerson prit une courte inspiration, et poussa courageusement la porte des bureaux du CBI.
Dans la chaleur diffuse de ce début d'après midi, les nuages avaient enfin laissé place à cette chaleur estivale tant attendue. Au loin, les bruits des sonneries stridentes de téléphone incessantes parvinrent à ses oreilles. Humant l'air chargé de sueur et de café bon marché, elle ferma les yeux un bref instant avant de s'avancer d'un pas rapide, ses éternels talons aiguilles cliquetant sur le carrelage de l'entrée.
Alors qu'elle s'approchait du vigile pour lui demander son chemin, elle fut interpellée par un cri enthousiaste :

-Isabel ! Vous êtes venue !

D'un bref mouvement de tête, elle aperçut l'uluberlu de la veille, un grand sourire sur les lèvres, approchant les bras tendus. A cette vue, un rictus déforma les coins de sa bouche en une moue gênée et agacée. Elle aurait préféré avoir à faire à autre chose qu'à un bellâtre poseur (elle n'avait certainement pas oublié son entrée en scène de la veille) qui lui déclamait des vérités douteuses à tout bout de champ...

Patrick Jane pouffa intérieurement lorsqu'il aperçut la réaction de la jeune femme, devenue livide un court instant, une grimace de dégoût figeant furtivement ses traits. Ramenant ses bras le long de son corps, il lui adressa son plus beau sourire, et lui fit un signe de la main :

-Venez ! Tout le monde vous attend !

Et sans attendre sa réponse, il commença à se diriger vers l'ascenseur, et s'y engouffra. D'un pas rapide, celle ci le rejoignit, et se plaça à ses côtés alors que les portes se refermaient, le corps raidi par la nervosité.

-Allons, ne soyez pas nerveuse... déclara Jane d'un ton paternel sans détourner les yeux de la porte de l'ascenseur. Tout se passera bien...

Elle émit un léger rire amer.

-Bien sûr... On voit bien que vous n'êtes pas à ma place...

-Oh, je l'ai été... marmonna Jane en repensant furtivement à tous les savons que l'agent Lisbon avait pu lui faire passer. La première fois est toujours la plus dure.

Elle lui lança un regard surpris, et demanda malgré elle :

-On vous déjà a interrogé ?

-En quelque sorte... Mais ne en faites pas, avec un peu de chance ce sera Grace qui se chargera de vous. Ah ! On arrive.

La mine joyeuse, il abandonna la jeune femme qui le regarda partir, légèrement confuse.
Incertaine, elle s'avança dans le couloir, quand une jeune agent aux cheveux roux l'accosta d'un air grave :

-Vous êtes... Isabel Emerson ? Déclara-t-elle après avoir regardé un court instant le badge que portait son interlocutrice. Je suis l'agent Grace Van Pelt. Suivez moi, je vous prie...

Celle ci acquiesça, penchant légèrement la tête, suivant le jeune agent jusqu'à la salle d'interrogatoire. Sa main tremblant légèrement, elle s'assit sur le siège inconfortable, non sans jeter un dernier regard à la vitre sans teint.

Dans la pièce voisine se tenait l'agent Lisbon, l'air légèrement fiévreux, observant leur nouveau suspect. L'espace d'un instant, elle se sentit défaillir, mais se reprit rapidement, avant d'appuyer son front contre la vitre glaciale, lui procurant un profond bien être. Elle poussa un court soupir de soulagement, savourant le contact du verre contre sa peau brûlante. Elle avait tenu à être là malgré les protestations de ses collègues... Mais déjà elle commençait à le regretter.

-C'est marrant... Je crois que je l'aime bien. Nota d'un air surpris Patrick Jane en lui jetant un regard à la dérobée.

A cette remarque, Teresa Lisbon leva les yeux au ciel, et rompit le contact de son visage contre la vitre sans teint, soupirant d'un air exaspéré :

-Dois-je vraiment vous rappeler que vous n'êtes pas censés « bien aimer » les suspects, ou bien allez vous me faire le plaisir de vous raisonner tout seul ?

Teresa avait beau être sur la voie de la guérison, il y avait un mal qu'elle ne pouvait guérir.
Celui qu'avait son collègue de la faire réagir à n'importe quelle connerie qu'il proférait environ une dizaine de fois par jour.
Oui, Patrick Jane était incurable... De cela elle n'avait aucun doute.

-Regardez ! S'exclama-t-il en montrant du doigt l'interrogée à travers la vitre.

-Quoi ? Il n'y rien, elle est en train de décliner son identité...

-Mais non, regardez cette manière qu'elle de pencher la tête... C'est exactement la même que la vôtre !

-Pas du tout...

-Mais si. Quand vous êtes gênée et que vous voulez passer quelque chose sous silence, vous penchez la tête de cette façon...

Il mêla le geste à sa parole, et l'imita à la perfection devant une Teresa interdite, et légèrement interloquée. Durant un instant, elle fut tenté de répliquer, mais finit par laisser tomber, quand Cho entra dans la pièce.

-Les fils Artkins sont là.

-Parfait. Faites sortir Mlle Emerson, cela devrait être intéressant. Ordonna Jane d'une voix ravie.

L'ignorant délibérément, Kimball Cho jeta un regard interrogateur à l'agent Lisbon qui acquiesça doucement.
Hochant la tête d'un air entendu, il se retira, se dirigeant vers la pièce voisine.

-J'espère vraiment que tout se passera bien... murmura-t-elle doucement.

Patrick Jane lui lança un regard surpris :

-Tout se passe toujours bien. Enfin, presque...

-Je pense que je n'arriverais jamais à avoir totalement confiance en vos plans foireux, Jane. Rentrez vous ça dans le crâne.

Et ils sortirent dans le couloir, au moment même où les regards de Joshua Artkins et de Isabel Emerson se croisèrent. Aussitôt, leurs yeux se noircirent, et une lourde tension s'installa.
Au milieu se tenait Richard Stieg, déboussolé, son regard stupéfait alternant entre les deux ennemis.

-Joshua.

-Isabel.

-Tu es très belle, aujourd'hui. Dit en il d'un ton détaché en la détaillant d'un regard froid et méprisant.

Une ébauche de sourire mauvais naquît sur les lèvres de la jeune femme :
-Merci. Je ne peux pas en dire autant malheureusement.

Touché. Son interlocuteur, bon joueur, accusa le coup en esquissant un sourire désabusé.
Il s'apprêta à répliquer quand soudain, son frère adoptif s'avança en sommant d'une voix ferme :

-Ça suffit. Je suis heureux de te voir, Isabel... A vrai dire, Maman s'inquiétait pour toi. Nous nous inquiétons tous pour toi, même si mon frère ne semble pas disposé à l'admettre... Ajouta-t-il en jetant un regard entendu à Joshua.

Détournant son attention de celui à qui elle n'aurait pas fait plus attention qu'à une raclure sur sa semelle gauche, elle adressa un franc sourire à Richard Stieg. Elle s'avança et le prit dans ses bras sous le regard dégoûté de son frère adoptif, pour enfin se dégager de son étreinte et lui répondre d'une voix calme :

-Tout va bien, Richard. J'ai juste un peu de paperasse... je passerais voir ta mère tout à l'heure...

Ils échangèrent un mince sourire, quand soudain Patrick Jane s'éclaircit la gorge :

-Excusez moi... Mais nous devons nous occuper des messieurs Artkins. A vrai dire, j'ai une petite question pour M. Stieg...

Celui ci se tourna vers le mentaliste, l'air soupçonneux, ses fines lèvres se pinçant en une mince ligne, le sourire de son interlocuteur s'élargissant :

-Pourquoi tout d'abord avez vous quitté votre poste alors que Perry Artkins était en train de faire sa ronde ?

-Quoi ? Murmura Isabel d'un air surpris, ses yeux pâles rencontrant le regard coupable de Richard, alors que son frère cillait des yeux brusquement, toute couleur ayant déserté son visage.

Quel fouteur de merde, vraiment... songea Lisbon en secouant imperceptiblement la tête d'un air ennuyé. Le visage de Richard Steig blêmit, ses yeux n'exprimant plus qu'une intense fureur à l'égard de cet homme qui ne cessait de lui adresser un sourire insupportablement triomphant.

-Espèce d'enfoiré... siffla-t-il entre ses dents.

-Allons... répondit Jane d'un air faussement affecté. Ce n'est pas comme si je vous accusais à tort...
Et je pense que votre « famille » serait ravie de savoir ce que vous faisiez pendant tout le temps où vous n'étiez pas à votre poste.

-M. Jane, je crains que vous ne vous trompiez... mon frère a été drogué. Intervint Joshua d'un ton brusque.

-Peut être... Mais peut être pas. Il l'a peut être été quand il a bu son café froid à son retour, ou peut être se l'est il mis intentionnellement....

-Vous êtes malade... déclara Isabel d'une voix blanche. Je l'ai trouvé endormi, drogué, à son poste quand j'ai... Sa voix s'interrompit, lorsqu'elle réprima un violent frisson.

-Laisse Isabel... Je n'ai rien à dire sur tout cela. Je n'ai pas accepté de coopérer pour me retrouver avec un couteau sous la gorge...

Percevant l'animosité évidente de Richard Stieg, Teresa Lisbon ne put s'empêcher de pousser un discret soupir, et décida d'intervenir d'une voix autoritaire :

-Jane, allez rejoindre Cho et Rigsby, ils doivent être impatients de profiter de votre compagnie. (elle appuya ses paroles d'un long regard à son encontre et le mentaliste finit par obtempérer, non sans adresser un sourire innocemment provoquant aux enfants Artkins) M. Stieg, je suis désolée, mais vous devez comprendre que nous devons explorer toutes les possibilités...

Celui ci acquiesça sans un mot, le regard encore habité par le ressentiment. Le regard de Lisbon se porta alors sur Joshua Artkins qui semblait plongé dans une intense réflexion, ses yeux vides de toute expression.
Elle se racla discrètement la gorge pour attirer son attention, et celui ci cilla brusquement, tournant son regard vers l'agent du CBI.

-M. Artkins, veuillez me suivre, je vous prie. M. Stieg, je vous conseille de vous assoir, nous vous appellerons sous peu... et nous avons un excellent café.

*

Quand Kimball Cho vit arriver Patrick Jane d'un pas nonchalant, un grand sourire aux lèvres, il se sentit aussitôt d'humeur suspicieuse. Oui, Patrick Jane avait cette expression qui semblait lui dire clairement « le CBI va bientôt se retrouver avec une nouvelle plainte sur les bras grâce à moi, Patrick Jane, le seul et l'unique emmerdeur mentaliste de tout l'État de Californie », et, bien que son visage resta impassible, Cho ne put s'empêcher de soupirer intérieurement.
Un long, très long, soupir intérieur.

-Wayne...

Son co-équipier s'arracha à ses pensées et lui lança un regard interrogateur, pour ensuite observer le mentaliste qui s'approchait de la voiture. D'un air entendu, ils hochèrent la tête alors que Rigsby déclarait d'une voix affectée :

-Non, tu sais bien que Jane est indispensable... Mais je me demande bien ce qu'il a fait cette fois ci, tu crois qu'il a encore mis en rogne un suspect ?

-C'est possible. Ou alors c'est le patron qu'il a mis en rogne.

-Ou les deux. Ajouta Rigsby en regardant par le rétroviseur l'immense sourire de Jane.

Regard entendu.

-Cinq dollars ?

-Vendu.

Soudain, la portière s'ouvrit et Patrick Jane s'engouffra à l'intérieur du véhicule, son éternel sourire aux lèvres, pour prendre place sur le siège arrière.
Alors qu'il bouclait sa ceinture, Rigsby se racla la gorge, tout en ajustant le rétroviseur :

-Jane, tu as...

-Les deux, Rigsby, les deux. Déclara le mentaliste en se calant plus confortablement dans son siège.

Poussant une légère exclamation de victoire, le vainqueur tendit la main vers son collègue qui lui passa un billet vert, le regard impassible.
Oui, Cho aurait dû se méfier de ce sourire et de ce pas nonchalant... Tout dans l'attitude du mentaliste semblait lui indiquer qu'il s'apprêtait à passer une journée mémorable.
Une longue, très longue, journée...

*

Comment l'Homme, malgré la douleur et le chagrin, parvient il à s'extirper de cette noirceur ?

Le bruit ronronnant de l'imposante voiture dans l'allée tira Lady Artkins de sa rêverie.
Comme un chat, elle s'étira longuement, pour retenir un long bâillement, caressant d'une main distraite la boule de fourrure noire qui s'était blottie contre ses genoux.
D'un air absent, elle gratta discrètement les oreilles du parasite félidé qui la toisa d'un regard insolent, avant de se frotter à nouveau contre sa main.

Enfin, la sonnerie de la porte d'entrée retentit à ses oreilles, et elle réprima un léger frisson.
Les traits tirés, la veuve de Monsieur Artkins n'était plus que l'ombre d'elle même... Ses yeux bridés étaient soulignés de légères cernes, et son teint était d'une pâleur cadavérique.
Quand à ses yeux, jadis si noirs et si brillant comme des perles ténébreuses, il n'étaient plus qu'une brume opaque qui voilaient ses sens et obscurcissaient son esprit.
Pourtant, Kanako Artkins n'avait rien perdu de sa distinction et de sa beauté, et plus les années semblaient passer, plus elle sembler acquérir de grâce.

Se ressaisissant, elle rejeta ses longs cheveux de jais en arrière et, d'une main ferme, reposa le chat ébouriffé qui lui lança un miaulement réprobateur, alors que la porte du petit salon s'ouvrait sans un bruit.
Miles, l'air digne, laissa entrer les trois visiteurs en annonçant leur noms d'une voix claire, mais Lady Artkins n'eut pas le cœur de les entendre.

Secouant, légèrement la tête elle interrompit les présentations, son doux visage se fendant d'un sourire triste :

-Je suis Kanako Artkins... Et vous êtes là pour le meurtre de mon mari. Déclara t elle d'une voix posée, sa voix trahissant un léger accent étranger.

Ces mots, elle les avait prononcés d'un ton clair et franc, d'un ton qui laissait présager que rien dans ce monde de laid ou de mal ne pourrait sortir de ces lèvres.
Un silence gêné suivit ses paroles alors qu'ils l'observaient en silence, et elle se leva sans un bruit, le tissu soyeux de ses vêtements frémissant légèrement.
Un à un, elle les toisa d'un regard tranquille, et, lorsqu'elle arriva devant cet homme aux cheveux blonds, un mince sourire triste naquît sur ses lèvres.

-Vous, je vous connais...

Une grimace déforma furtivement les traits de son interlocuteur avant qu'il ne lui adresse un sourire encourageant :

-De nombreuses personnes me connaissent.

Elle acquiesça, satisfaite de la réponse, une moue amusée sur les lèvres et recula subrepticement.

-Je sais ce que vous allez me demander... et ma réponse ne vous surprendra pas. J'aimais mon mari... Je l'aime toujours et jamais, je n'aurais pu le tuer, ou même vouloir lui faire du mal...

Elle se rassit doucement, ses traits marqués par le soulagement et la certitude du devoir accompli, et les invita à s'assoir.
Alléché par le doux fumet qui se dégageait des mets disposés sur la table basse par Miles, Rigsby ne se fit pas prier, sous le regard impassiblement agacé de Cho qui ne tarda pas à imiter son geste.
Seul resta Patrick Jane, ses yeux dardant vivement sur les moindres détails que la pièce et son occupante avaient à offrir.
Il n'aurait su dire s’il s'agissait de la disposition de ce lieu ou de cette petite personne assise avec tant de grâce sur le pouf en chintz, et d'où il se dégageait une telle douceur et une telle gentillesse qu'elle en devenait irrémédiablement suspecte... Mais quelque chose n'allait pas.

A cette pensée, Kanako Artkins leva ses yeux perçants sur lui et ancra son regard dans le sien, un mince sourire se dessinant sur les fines lèvres de cette femme sans âge.
Un frisson désagréable parcourut la nuque du mentaliste, alors qu'il poussait plus loin ses observations, l'excitation le gagnant lentement.

Que me caches-tu, chère, très chère Lady Artkins ?

Au milieu de toute cette sérénité, Kimball Cho ne sentait guère à son aise.
Cette femme avait l'air de voir à travers son âme, et il en vint à redouter tout contact, qu'il soit visuel ou tactile.
Pourtant, il se raisonna rapidement, se maudissant intérieurement pour cette lâcheté irrationnelle.

-Lady Artkins... commença-t-il d'une voix légèrement sèche

- Appelez-moi Mme Artkins, ou Kanako... Je ne possède pas le véritable titre de « Lady » vous vous en doutez...

Rigsby ne put s'empêcher de paraître surpris :
- Pourquoi donc utilisez-vous un tel titre ?

Kanako eut un sourire triste, ses yeux émettant une faible lueur, et son regard se perdit dans le vide.

-Il s'agit d'un simple surnom que les domestiques m'ont donné à mon arrivée dans ce pays, il y a de cela presque trente ans... Ils semblaient me prendre pour la nouvelle Mme Butterfly... (Un sourire s'esquissa sur son visage) Monsieur Artridge m'avait ramené dans ses bagages, et j'ai été son assistante...

-Avant de rencontrer monsieur Artkins ?

-Je suis plus vieille que Perry, mais cela ne l'a jamais dérangé... au contraire. Quand je l'ai rencontré, il n'était qu'un adolescent parmi tant d'autres, un passionné d'histoire... Un fichu passionné qui en cessait de traîner dans mes jambes au Musée... (Son regard se voila, nostalgique) je ne parlais pas bien votre langue, alors je lui ai permis d'améliorer son japonais... à coups d'insultes et de coups de pieds aux fesses !

Elle s'interrompit et émit un petit rire étranglé, un sourire amusé naissant sur le visage de ses auditeurs. Durant un bref instant, son visage laissa exprimer une profonde tristesse, et ses fines rides se creusèrent. Nul n'osa ajouter mot, et ils la laissèrent remonter le fil de ses souvenirs :

-Je n'ai commencé à le remarquer comme un Homme qu'une dizaine d'année plus tard, quand il est revenu d'Europe, Joshua n'avait que quelques mois, et il venait de perdre son épouse...

-Une seconde. Joshua est inscrit comme étant votre fils... l'interrompit Cho en vérifiant ses renseignements.

Son interlocutrice lui adressa un bref sourire :

-Notre famille aime les complications... Perry aimait cette disparité, il nous surnommait (elle émit une furtive moue désapprobatrice) la « famille patchwork ». J'ai adopté Joshua alors qu'il n'avait pas un an, et je l'ai toujours considéré comme mon propre fils. Je les ai tous toujours considérés comme mes propres enfants. Ajouta-t-elle, une once de fierté dans la voix.

-Même Isabel ? Intervint le mentaliste d'un air surpris.

-Même Isabel. Surtout Isabel. Elle plus que les autres avait besoin d'attention.

-Pourquoi ?

-Parce qu'elle était malheureuse, tout simplement. Répondit-elle de sa voix ronde et douce, comme si cela relevait d'une évidence.

-Comment en êtes vous arrivé à adopter des enfants aussi différents ?

Elle pencha légèrement la tête, et entreprit consciencieusement de se servir à nouveau du thé, alors qu'elle répondait à sa question:

-Ils sont venus à nous. Comme William l'a fait avec Perry en le prenant sous son aile, nous avons recueilli ces êtres qui erraient dans le Musée, sans buts et sans attaches. Perry se reconnaissait en eux, et moi même je comprenais ce déracinement... Alors, si cela était possible, nous les gardions.

-Aussi simple que ça ? Des enfants amoureux d'Histoire qui se retrouvaient sans parents ?

-Pas forcément amoureux d'Histoire, mais des orphelins qui désiraient rester avec nous...
Oui, c'est aussi simple que ça monsieur Jane, pourquoi la vie serait elle si compliquée ?

A ces mots, Jane ne répondit rien. Un silence plana doucement dans la pièce aux senteurs de lotus et de thé au jasmin, Kanako buvant sans bruit le liquide âcre et brûlant, ses yeux noirs et perçants ne cessant de s'attarder sur le mentaliste.
Enfin, Patrick Jane adressa un sourire charmeur et rayonnant à son hôtesse :

-Pourrais-je utiliser vos toilettes ?


Voilà voilà ^^
Impressions ?
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Message  Indigo Ven 25 Juin - 0:09

Chapitre 5


Le corps sans vie qui repose sur la route, un pantin de chair dont les fils de vie et de pensée ont été tranchés...
Les cheveux épars qui reposent autour de cette tête apposée contre le bitume, collés par le sang séché de la plaie abondante...

Pourquoi cela fait il si mal ? A-t-elle souffert ?

Je ne veux pas... Je ne veux pas me souvenir...
Mon cœur saigne, mon être tremble et frémis, et mes yeux s'agrandissent d'effroi.
Je ne veux pas la voir... Mais elle me fait face dans son carcan d'acier plié et froissé, dans cette voiture, son tombeau de métal poli, face à un adulte qui redevient une enfant.

Le sang perle au coin de sa bouche et éclate en une minuscule bulle. Mon souffle se coupe, je veux détourner le regard mais mes yeux se délectent de ce spectacle morbide. Mes yeux s'embuent de larmes, ma poitrine me brûle et m'oppresse.

Maman...

Maman, regarde moi...

Et son regard se pose sur moi, ses lèvres forment un mot, un seul. Teresa...

Les larmes roulent et s'écrasent sans bruit, mon âme se déchire au rythme de sa respiration qui faiblit, à chaque battement de son cœur qui se meurt.
De son corps arqué s'échappe doucement la vie. Je voudrais courir et aller la rejoindre, je me bats pour avancer, pour la retrouver, mais mon corps ne m'obéit plus.
Mes jambes restent sourdes à mes suppliques, ma volonté n'est rien... Je suis condamnée à observer, à la voir se vider de son sang.

Ce jour là... Je ne l'ai pas vu partir, je ne l'ai pas vu mourir. Pourquoi m'inflige-t-on cela ?

Sa respiration rauque et difficile résonne en écho, sourde, palpitante, emplissant ma tête.
Et l'odeur agressive et écœurante de mort, de fioul et de sang alourdit mes sens, alors que je me laisse tomber à genoux sur le goudron.
Mon regard glisse sur mes mains écorchées, mais déjà je le voit, lui, sortant de sa voiture, puant l'alcool, pour s'approcher du véhicule. De ses mains lourdes et grasses il extrait la silhouette courbée hors de l'habitacle et la pose doucement sur la route.
Je suffoque, mon corps se plie, et je presse mes ongles contre la paume de ma main, lacérant ma propre chair.

Maman... Regarde moi...

Je voudrais crier, je voudrais hurler...

Ses grands yeux jadis pleins de vie s'assombrissent, son regard se fait flou...
Elle ne me voit pas, elle ne me voit plus, et mes yeux brûlent de mes larmes qui s'écrasent sur mes mains... J'ai tellement mal... Devant moi elle a cessé d'exister.
La douleur...

MAMAN !

Et je hurle, je hurle et je laisse éclater mon chagrin, mes traits se déforment...
Un cri déchirant qui se répercute dans le vide, alors que je prends douloureusement conscience qu'elle est partie, qu'elle ne reviendra pas.

Je reste seule avec mon chagrin et ma colère, seule avec moi même.
Je veux mourir, je ne veux plus ressentir pareils sentiments.
Laissez moi mourir, laissez moi crever, je ne veux pas vivre... Comment vivre en sachant que tôt ou tard ce que l'on aime vous sera enlevé ? Comment vivre avec cette peine et cette souffrance ?

Maman... Ne me laisse pas toute seule, je t'en supplie...

Je prie du vide, je prie ce qui a été et qui ne reviendra jamais. Je prie et je pleure comme la gosse que je n'ai jamais cessé d'être.

Est ce un crime d'espérer ? Est ce un crime de vouloir aimer ?


Qu'avons nous fait pour subir une telle douleur ?
Qu'avons nous fait...

RÉPONDEZ MOI !

*


-Agent Lisbon ? Vous m'entendez ?

Une voix tira Teresa Lisbon de sa torpeur, et une larme s'échappa de ses paupières pour tracer un mince sillon sur sa joue. Elle se reprit vivement et l'essuya du revers de la main, l'esprit encore nauséeux et embrumé, le corps transi de froid.

La voix de Joshua Artkins résonna à nouveau dans la salle d'interrogatoire :
-Heu... Agent Teresa Lisbon ? Est ce que vous allez bien ?

Elle sembla sur le point de défaillir, mais se rattrapa corps et âme au dossier de la chaise qui faisait face à la table d'interrogatoire, sa main semblant s'y agripper désespérément.
Le monde semblait tourbillonner, et sa respiration devint sifflante.

-Okay, heu... Je vais vous chercher un médecin... déclara vivement le jeune homme, repoussant brutalement la chaise.

-Non. La voix de Lisbon tonna, ferme et grave, interrompant le geste de Joshua. Grace... Grace va arriver.

Et Grace arriva... mais alors qu'elle pénétrait dans la pièce, l'agent Lisbon sortit précipitamment, le pas mal assuré pour se diriger sans un regard vers les toilettes.

Elle poussa brutalement la porte, et se précipita vers les lavabos, s'aspergeant le visage pour tenter de s'éclaircir les idées. Mais plus l'eau ruisselait sur son visage, et plus ses pensées devenaient confuses. Le songe et la réalité ne firent plus qu'un lorsqu'elle se regarda dans le miroir, et le visage de sa mère lui apparu derrière son épaule, livide et froid, du sang à la commissure de ses lèvres.
Elle laissa échapper un hoquet de terreur, se figeant un bref instant.

Vivement, elle se retourna pour se retrouver nez à nez avec le visage inquiet de l'agent Van Pelt.

Lorsque leurs regards se croisèrent, Teresa sentit ses dernières résistances céder.
Tout ce qu'elle avait dissimulé durant toutes ses années, tout son esprit était saturé de ses peines refoulées, de cette souffrance qui l'habitait... Sa raison se brisa.
Peu à peu, elle laissa libre cours à un torrent de larmes, alors qu'elle se laissait glisser sur le carrelage.
Les sanglots parcoururent son corps, alors qu'elle se recroquevillait, enfouissant sa tête dans le creux de ses genoux. Doucement, elle sentit les bras de Grace se refermer sur elle en un geste de réconfort.

Comment ne pas mourir quand il devient si douloureux de vivre ?

*

Montant d'un air nonchalant l'immense escalier qui menait au troisième étage, Patrick Jane eu une pensée soucieuse pour Lady Artkins.
Marchant d'un pas rapide il atterrit dans un couloir, et passa sans même un regard devant la porte qu'on lui avait indiquée.

Cette femme l'avait tant intriguée qu'il avait été obligé d'user d'un stratagème grossier indigne de sa classe pour se soustraire à sa compagnie... Intérieurement, il poussa un court soupir, sa main effleurant le mur tapissé de rayures vert pâle.
Enfin, le résultat était là, c'était ce qui comptait après tout, non ?

Si ses estimations étaient justes... Il pénétra dans le couloir où étaient disposés des fleurs fraîches, le bruit de ses pas assourdis par l'épais tissu de velours pourpre qui tapissait le sol.
Il lui avait été facile de deviner où pouvaient se trouver les chambres qui, comme toute famille bourgeoise qui se respecte, se trouvaient au troisième étage, donnant une vue imprenable sur le Musée au coin de la rue.

Un bref sourire passa sur ses lèvres alors qu'il entrouvrait d'un air négligent les portes de bois sombre, jetant un furtif coup d'œil à l'intérieur.

Lorsqu'il entraperçut ce qui semblait être la chambre de Lady Artkins, il se fit violence pour ne pas pénétrer dans l'habitat, dans ce havre de paix où étaient disposés une décoration élégante et pleine de style, la pièce embaumant le jasmin.
Il retint un instant son souffle, inspirant pleinement l'odeur lourde et sucrée qui semblait se mouvoir sur lui, observant la disposition des meubles en bois blanc, avant de refermer soigneusement la porte sans un bruit.

Enfin, il parvint à ce qui semblait être ce qu'il cherchait.

Furtivement, tel un voleur, il s'introduisit dans la chambre qui jouxtait la pièce voisine à celle de Kanako Artkins. Dans ce lieu ne subsistaient que des vêtements éparpillés à même le sol, des bouts de craies qui jonchaient un tapis qui semblait, au vu des mauvais traitements infligés, plus s'apparenter à une carpette miteuse qu'à un tapis persan, et une odeur semblable à de la brillantine, agressive et piquante, qui le fit suffoquer.

Dans un coin reposait ce qui avait dû être un lit un baldaquin, mais les draps empilés en une masse informe le firent douter quant à son utilité première, et il fronça légèrement le nez d'un air désapprobateur.
Tout cet argent et même pas une once d'hygiène... pire, un désordre tel qu'il donnait à penser à la troisième Guerre Mondiale.
Un désordre ambiant qui correspondait tout à fait au profil qu'il avait établi donc...

Il se retint pour ne pas esquisser un sourire de victoire, sentant malgré lui la sensation coutumière de contentement et d'excitation envahir tout son être, lorsque ses yeux se posèrent sur les esquisses étalées, à demi froissées qui jonchaient le sol.
D'un geste prudent, il se pencha et les effleura de ses doigts, quand son regard fut attiré par une draperie étalée sur ce qui semblait être un chevalet contre le mur extérieur.

Le pas sûr et inaudible, il s'avança pour atteindre enfin le fond de la pièce, et tira sans ménagement l'ample tissu de soie noir pour dévoiler le portrait que recélait le chevalet.
Lorsque l'œuvre se dévoila à ses yeux, il laissa échapper un grognement approbateur, un frisson lui parcourant la nuque, et un sourire ravi s'ébaucha sur ses lèvres.

Lisbon allait être hystérique...

*

-Comment se porte l'agent Lisbon ? Demanda Joshua Artkins d'une voix soucieuse.

Le visage de Grace Van Pelt s'assombrit durant un bref instant, la vision de sa supérieure brisée pleurant sur le carrelage des toilettes du CBI lui apparaissant d'une absurde tristesse.
Elle avait dû la laisser à contre cœur, sous ses directives, pour retourner s'occuper du suspect, mais ses pensées se tournaient ostensiblement vers Teresa Lisbon.
Teresa Lisbon pleurant toutes les larmes de son corps, Teresa Lisbon appelant sa mère dans ses bras à elle, la toute dernière recrue.
Était-ce cela de vivre pour son travail, y mettre toute son âme, jour après jour... pour pouvoir oublier?

Elle connaissait les démons qui rongeaient l'esprit de l'agent Lisbon, et elle savait que jamais sa supérieure ne pourrait complètement oublier ce qui avait fait d'elle ce qu'elle était.
Mais de la voir en proie à une telle détresse, la voir craquer, elle, la tigresse enragée qui terrifiait ses collègues...
Grace sentit sa gorge se nouer, et une ombre de colère plana sur ses traits alors qu'elle rétorquait d'une voix plus sèche qu'elle n'aurait voulu :

-L'agent Lisbon est malade et un peu surmenée en ce moment, mais elle s'en remettra, comme toujours. C'est donc à moi qu'il revient de vous interroger.

Elle prononça cette dernière phrase d'une voix impérieuse, et il n'en fallu pas plus au fils Artkins pour comprendre le sous-entendu. Si il avait quelque chose à ajouter, il lui faudrait se heurter à sa colère... Et peu d'êtres humains pouvaient se targuer d'avoir survécu aux rares crises de fureur de la douce Grace Van Pelt.
Posément, elle pris place sur la chaise, et posa sans bruit un épais dossier sur la table, le mettant en évidence.

-Vous avez eu quelques ennuis dans votre jeunesse...

-Ah... Une légère teinte rose pâle colora les joues de l'interrogé. Vous savez comment sont les jeunes...

-A vrai dire, pas vraiment... Mais je dois vous avouer que je ne compte pas huit fugues à mon actif... Alors, je ne devais sans doute pas correspondre au profil type du « jeune » normal... commenta Grace, un pointe de sarcasme dans la voix.

Elle ancra son regard perçant dans les yeux pâles de Joshua, et celui ci baissa les yeux, une grimace à la fois suffisante et passablement gênée accrochée aux lèvres :

-J'étais particulièrement stupide à cette époque, je le reconnais. Mais cela n'a rien a voir avec mon paternel... j'en voulais au monde entier, en fait.

Il releva la tête pour soutenir son regard, ses prunelles brillant d'une vive lueur de défi.
Le visage de Grace resta impassible, mais tout son corps trahissait son inquiétude et bouillonnait d'une colère mal contenue. D'une voix délibérément provocante, elle répondit d'un ton calme et détaché :

-Je vois... (elle jeta un rapide coup d'œil au dossier) Huit fugues... Au final, ils ont dû commencer à avoir l'habitude, non ? C'est comme si vous décidiez de partir en vacances... J'imagine déjà la scène d'ici..

A ces mots, la mâchoire de Joshua se crispa.

-Taisez vous. Je vous l'ai dit, c'était stupide de ma part. J'avais dix-sept ans, et je ne comprenais pas ce que ma « famille » attendait de moi. Je sais que cela a été une épreuve, et que je n'ai pas toujours un cadeau...

-Ce que votre famille attendait de vous ? Qu'est ce que vous entendez par là ?

Un bref silence s'installa, l'agent Van Pelt attendant patiemment la réponse de son interlocuteur.
Enfin, celui ci marmonna d'une voix grave :

-Je ne comprenais pas tout l'engouement pour ce foutu Musée, je me contrefichais des vieilleries. Je voyais mes parents rentrer à des heures impossibles...

-Sans compter que vous étiez délaissé au profit de votre frère et d'Isabel...

Il acquiesça avec réticence, se forçant à adopter un air détaché, alors que Grace continuait d'une voix calme :

-Oui, l'éternelle sensation du délaissement... Cela n'a pas dû être facile d'accueillir des étrangers dans votre foyer, n'est ce pas ?

Il ne répondit pas.

-Répondez moi, Joshua. Les voir occuper votre lit, les voir manger votre nourriture... Ces petits orphelins si brillants, si beaux, à qui on accordait toute l'attention...

-La ferme ! Vous ne savez rien, rien du tout. Et je ne vous permets pas...

-Vous ne me permettez pas quoi, monsieur Artkins ? C'est moi qui ne vous permet pas de m'insulter...

Il s'apprêta à répliquer quand un bruit de vibreur insistant emplit la pièce.
Merde... Jura silencieusement l'agent en charge de l'interrogatoire. D'un geste rapide, elle jeta un coup d'œil à son portable qu'elle croyait éteint pour y distinguer un message de Rigsby.

Fais venir Lisbon. Truc intéressant. Maintenant. P. J

P.J... En d'autres termes, Patrick Jane. L'esprit encore empreint de colère, elle se força à se calmer.
Elle savait qu'elle avait laissé ses émotions la trahir durant cet échange... elle s'en voulait pour cela.
Pour cela et pour tout.

La vue de Teresa, sanglotant contre elle, lui revient brièvement en mémoire, fulgurante, et suffit pour raffermir ses doutes.
Elle comptait bien trouver la source du mal de sa supérieure, et peu lui importât qu'on puisse l'accuser de brusquer un suspect ou de le laisser en plan quelques minutes.
Un furtif sourire amusé déforma ses traits.
Si on lui avait dit cela il y a plus d'un an et demi, elle aurait sans doute été effarée...

-Je reviens d'ici un instant, monsieur Artkins. Mais soyez sûr que nous n'en avons pas terminé.

D'un pas rapide, elle se dirigea vers les toilettes où elle avait laissé son patron quelques minutes plus tôt, mais elle n'y trouva qu'un amas de papier toilette passablement trempé.
Elle sortit précipitamment pour tenter de l'apercevoir, mais n'aperçut sur le canapé de vieux cuir qu'une couverture qui s'étalait à demi par terre.
L'étage était vide.

Elle sorti son portable, et entreprit de taper fébrilement le numéro de sa supérieure.
La tonalité retentit, puis se coupa brusquement, ne laissant place qu'à une voix désincarnée annonçant sa messagerie.
Elle réessaya, sans succès.
Lisbon était toujours censé être joignable vingt quatre heures sur vingt quatre, cela pouvait relever d'une importance vitale...

Elle se raisonna, une boule d'inquiétude persistante au ventre, et appela la sécurité.

-Joe, c'est l'agent Grace Van Pelt... est ce que l'agent Lisbon a quitté le bâtiment ?

-Lisbon ? Je l'ai vu partir il y a pas cinq minutes...

Grace se retint de jurer, et reprit d'une voix tendue :

-Okay... Et tu sais où elle est partie ?

-Non, elle est partie super rapidement et m'a juste dit qu'elle se sentait un peu fatiguée... Désolé, Grace.

Mais Van Pelt n'y prêta aucune attention. A tout hasard, elle appela au domicile de sa supérieure, mais n'obtint aucune réponse, sans surprise.
Elle déglutit.

Patron... J'espère que vous savez ce que vous faites...


Voilà voilà ^^


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Message  Gateone Ven 25 Juin - 11:50

A force je vais commencer à me répéter xD
Mais j'aime toujours autant =D

J'adoore le passage du parie entre Cho et Rigsby xD C'est tout a fait leur genre =D

Et dis moi, le maitre d'hotel "Miles" xD A mon avis tu as trop regardé Une Nounou D'Enfer toi :mgreen:
Et j'aime trop, Jane qui dit qu'il aime bien Isabel Emerson et qui sort après à Lisbon qu'elle lui ressemble :love:

OOOh et puis Lisbon trop triste Sad
En lisant, je ressentais super bien ce qu'elle pouvait ressentir , j'en aurais pleuré devant mon ordi ! (si si je te jure ;D)

PS: A quand la scène dans un supermarché ou en randonnée ?! :mgreen:
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Message  Indigo Ven 25 Juin - 15:15

Et dis moi, le maitre d'hotel "Miles" xD A mon avis tu as trop regardé Une Nounou D'Enfer toi

Dans Une Nounou d'Enfer, c'est Niles avec un "N" comme Nanar >< Mais tu as raison, j'y ai pensé xD

PS: A quand la scène dans un supermarché ou en randonnée ?!

*cri d'horreur* J-A-M-A-I-S oo
Non mais une randonnée... une randonnée forcée pour nos deux loustics et bien écrite ça pourrait être fun, mais ce ne sera pas dans mes fanfictions en tout cas ^^

Je vais poster la suite des chapitres "déjà connus" cet après midi avant d'entamer lundi par un chapitre inédit Cool (à partir de là, ce sera un par semaine)


Chapitre 6



Fermant doucement les yeux, Teresa inspira profondément, son esprit se tendant vers les sons et les odeurs qui planaient dans les jardins.
L'après midi touchait à sa fin, et le ciel se teinta de couleurs d'un mauve pastel flamboyant.

Assise sur un banc de marbre, elle ramena sagement ses genoux et dirigea son regard vers le ciel, laissant la douce brise passer sur son visage.
La chaleur étouffante de l'été californien commençait enfin à décliner alors que le crépuscule s'annonçait, et Teresa frissonna légèrement, restant immobile, attentive au spectacle qui se jouait dans les Jardins du Musée d'Artridge.

Elle ne savait pas vraiment ce qui l'avait mené à cet endroit... Peut être était ce besoin de réponse... Ou alors peut être était ce tout simplement cette agréable sensation qui la traversait lorsqu'elle se trouvait dans ce hameau de verdure...
Toute la peine, toutes les peurs qui l'habitaient, semblaient s'atténuer et se consumer au fil de la course déclinante de l'astre rougeoyant.

Lorsqu'elle avait quitté les locaux du CBI, elle avait marché à l'aveuglette, laissant ses pas et ses gestes la guider. Machinalement, elle avait pris sa voiture, pour partir elle ne savait trop où...
Elle ne voulait pas retourner chez elle, rien ne l'y attendait. Quand à la pensée d'aller voir ses frères... elle l'avait trouvé absurde. Elle voulait fuir, trouver un semblant de paix dans ce chaos qui la dévastait.
S'évader. Oublier. Tout.

Alors qu'elle conduisait d'un air absent, elle avait aperçu le Musée, et son sang n'avait fait qu'un tour.
Avant même qu'elle ai pu se rendre compte de ses actes, elle s'était garé devant l'imposante bâtisse, et l'avait contournée, pour arriver devant les immenses ifs qui bordaient l'allée centrale.

Du bout des doigts elle caressa avec douceur la marbre blanc, quand elle aperçut une silhouette qui se détachait derrière les camélias. En l'espace d'un battement de cil, une femme en émergea, le bruit de ses pas faisant bruire imperceptiblement l'herbe tendre.
Son visage empreint de douceur lui adressa un sourire encourageant, sa longue natte qui frôlait le creux de ses reins ondulant au rythme de sa marche silencieuse.
Enfin, à quelques mètres de l'agent Lisbon, elle s'arrêta, et lui demanda de sa voix ronde :

-Est ce que je peux m'assoir ?

Interdite, Teresa finit par acquiescer, se murant dans son mutisme, alors que Kanako Artkins prenait place à côté d'elle.

Les secondes s'égrenèrent, les deux femmes semblant absorbées par leurs propres pensées, quand la voix étrangère de Lady Artkins troubla le silence :

-J'avoue que je ne m'attendais pas à trouver quelqu'un, ici... Le Musée est censé être fermé au public. Comment avez vous fait pour entrer ?

Teresa lui lança un regard à la fois surpris et légèrement contrit avant de s'expliquer d'une voix maladroite :

-Je... Je suis désolée. C'est à dire que... Je crois que je suis venue ici, quand j'étais petite... Alors... (son corps se tendit, et elle sentit la panique la gagner) Écoutez, je suis vraiment désolée...

Elle commença à se lever, mais la main de Kanako se referma sur son bras, interrompant son geste.
Ses yeux noirs pétillèrent alors qu'elle lui adressait un sourire empli de compréhension :

-Je n'avais aucunement l'intention de vous déloger. Si il s'agit d'un lieu qui vous est cher, il est normal que vous y restiez...

Teresa s'immobilisa un bref instant, avant de hocher doucement la tête et de se rassoir raidement, tandis que Kanako poursuivait d'une voix posée :

-Alors vous veniez ici quand vous étiez petite... Quelle âge aviez vous ?

-J'avais huit ans... Je crois, je ne me souviens plus très bien... Je venais avec ma mère. Ajouta-t-elle précipitamment, alors que regard se perdait au loin.

-Je vois... Cela fait un bout de temps.

Lisbon lui jeta un bref regard et rencontra les yeux amusés et empreints de douceur de Lady Artkins. Elle poussa un court soupir, un mince sourire naissant sur ses lèvres :

-Oui. Cela fait un bout de temps. Je... J'avais oublié que j'étais déjà venue ici, avant.

-Vous aviez oublié ? Déclara son interlocutrice, sa voix marquant une brève surprise.

A cette remarque, le visage de Teresa s'assombrit, et les barrières qu'elle avait abaissé durant ce bref échange s'érigèrent à nouveau :

-Je n'ai pas très envie d'en parler, si cela ne vous dérange pas.

Sa voix était sèche, coupante, et elle s'en voulu pour s'être emportée envers cette femme, mais elle ne cherchait qu'un lieu où elle aurait pu réfléchir sereinement sans être dérangée, par personne.

-Je comprends... murmura Kanako, son regard se voilant de tristesse. Je te comprends tellement, Teresa...

Le cœur de la jeune femme manqua un battement, et son corps se figea. La terreur l'enserra de nouveau dans un étau, et se respiration s'accéléra, alors qu'elle se forçait à tourner la tête vers son interlocutrice. Dans ses yeux ne subsistait plus que l'incompréhension, et la peur, une peur panique de ce qu'elle s'apprêtait à découvrir.

-Je suis désolée d'avoir joué à ce petit jeu, Teresa... C'est à dire...que je n'y ai pas vraiment cru quand Monsieur Jane m'a parlé de toi. Notre petite Teresa, chargée de retrouver l'assassin au sein même de notre famille ? Notre petite Teresa jadis si joyeuse et si pleine de vie, qui disparaît sans laisser de nouvelles à ses collègues ? (Elle s'interrompit, secouant imperceptiblement la tête, ses yeux se fermant paresseusement) C'était tellement inattendu...

Silence.

-Qui êtes vous ? Murmura l'agent Lisbon d'une voix blanche.

Lady Artkins plongea profondément son regard dans le sien, la faisant ciller brusquement, la voix grave de cette femme sans âge s'élevant, profonde et superbe :

-C'est moi qui m'occupais de toi quand ta mère ne pouvait le faire... Je t'ai vu grandir, je t'ai vu courir partout dans les Jardins du Musée d'Artridge, t'amuser à sauter sur les marches du hall d'entrée (Son visage se fendit d'un sourire triste) Tu n'arrêtais pas de m'appeler "Kako"... Tu étais jeune à l'époque, mais…M'aurais tu réellement oublié, Teresa ?

*

Assis négligemment dans la petit salon en sirotant son thé à petites gorgées, Patrick Jane laissa ses collègues à leurs affaires, le précieux tableau apposé contre ses jambes.
Mais ses traits en apparence détendus furent trahis par son regard lourd et grave, ce regard qu'il n'avait plus arboré depuis ce qui lui semblât être une éternité.
Pour la première fois depuis des mois, il connût le doute, le doute de s'être trompé.
Non pas à propos de l'affaire, il l'aurait résolu sous peu... non, à propos de Lisbon.
Cette femme avait la mauvaise manie d'être étonnamment transparente, et restait pourtant incroyablement imprévisible... Comment réagirait-elle lorsqu'elle apprendrait ce qu'il avait constaté ?

Lorsqu'il avait prononcé le nom de Teresa Lisbon, lorsqu'ils avaient reçu le message de Grace annonçant qu'elle avait disparu, il avait vu les yeux de Lady Artkins s'illuminer d'une douce lueur.
Une brève étincelle de vie dans ces yeux couleur de vide, avant que son regard ne se pare d'un linceul, à nouveau inexpressifs.

Et il avait compris. Il avait saisi une partie du problème, et déduit un pan de la solution.

Alors, habilement, il le plaça dans la conversation. D'un air détaché, il avait émis l'hypothèse (vraisemblable) que Lisbon soit simplement retourné au Musée ou bien peut être retourné voir sa mère, et, avec un certain amusement, il avait observé Kanako Artkins élaborer patiemment une stratégie pour se soustraire à ses invités. Il aurait pu jurer voir les rouages tourner à toute vitesse dans sa tête, comme une mécanique bien huilée.

Un bruit de claquement sec le tira des ses pensées, et il repris contenance, tirant les manches de sa chemise avec soin. Dans le hall, des voix retentirent, étouffées, mais néanmoins audibles... et elles ne semblaient pas faire son éloge.

-Comment ça, Miles, ils sont encore là ? Déclara la voix de Richard, indignée.

-Quelle heure est il ? Ce sont des fonctionnaires, après tout, non ? Ils ne comptent pas passer la nuit ici ? Clama à son tour celle de Joshua, cynique et acide.

-Vous allez la fermer tous les deux ?

Le ton autoritaire qu'employa Isabel eut tôt fait de faire taire les protestations des deux frères, et Jane ne put s'empêcher de pousser un léger soupir. Que cela faisait du bien d'être tant aimé dans ce monde...

La porte s'entrouvrit doucement, puis fut brusquement ouverte à la volée... laissant passer Isabel, l'air furibond, de fines mèches de cheveux roux ayant sous la colère échappé à l'emprise de son chignon, et encadrant son visage. Lorsque le mentaliste croisa son regard assombri par la fureur, il eut la désagréable impression de se retrouver devant sa supérieure.

-Monsieur Jane.

Elle avait apparemment occulté ses deux collègues, mais ceux ci se gardèrent bien de lui rappeler.
L'infortunée cible du courroux d'Isabel leur lança un regard faussement réprobateur, mais ils ne lui rendirent qu'un haussement des épaules, à peine contrit.
Bande de lâcheurs...

Courageusement, il lui adressa son plus beau sourire :

-Oui, chère Isabel ?

A cette appellation, les prunelles ardentes de la secrétaire de feu Monsieur Artkins redoublèrent d'éclat, alors qu'un murmure menaçant franchissait la frontière de ses lèvres :

-Puis je... savoir ce que vous faites encore ici ?

Voyant la fureur de cette femme se décupler à chaque seconde qui s'égrenait, il choisit d'en tirer parti. D'un geste lent et détaché, il reposa doucement sa tasse de thé dans sa soucoupe, avant de se relever posément, sentant la colère de la jeune femme se diriger ostensiblement contre sa personne.

-C'est bien simple... Je vous attendais.

-Je... Vous m'attendiez ? S'exclama-t-elle perplexe, haussant un sourcil, un air sceptique affiché sur le visage.

-Pas seulement vous. J'attendais toute la fratrie, en vérité.

Tous trois se regardèrent d'un air surpris. Jane avait maintenant toutes les cartes en main... Se délectant du doute qui s'instillait en chacun d'eux, il montra d'un air faussement négligent le tableau qu'il tenait d'une main ferme, pour le mettre à sa hauteur.

-Il est de votre main, n'est ce pas... Richard ?

Le fils Artkins détacha son regard d'Isabel et blêmit subitement à la vue du portrait que lui désignait le mentaliste, qui continua son analyse :

-Il est de bonne facture, vous avez du talent... Et je pense que vous l'avez fait de mémoire, car je doute que le modèle aie jamais été au courant de cette œuvre. N'est ce pas vrai Isabel ?

Richard se figea, le teint livide, alors qu'Isabel semblait s'être liquéfié. Seul Joshua parvint à garder un pied dans la réalité, et à articuler d'une voix sèche :

-Où avez vous eu ça ?

-Oh... répondit Jane d'un air ennuyé. Je l'ai vu, comme ça. Je cherchais les toilettes...

-Vous rigolez ? S'exclama Richard avec véhémence. Il était recouvert !

-Je cherchais les toilettes... et j'ai trébuché sur cette malheureuse tenture... Cela arrive à tout le monde.

Satisfait de sa répartie, il reposa le tableau avec soin, avant de se tourner à nouveau vers Richard Artkins.

-Était ce cela que vous faisiez alors que vous étiez censé occuper votre poste ? Il fallait que cela reste discret, et tout le monde était sur votre dos... Vous saviez que Perry Artkins effectuait de longues rondes, alors qu'il n'y avait rien à surveiller. Et vous êtes parti parce que son visage vous hantait, je me trompe ?

-LA FERME ! S'écria son interlocuteur, se jetant sur lui, et fut brusquement interrompu dans son geste par Joshua.

-Ça suffit, Rich'. Jurer et frapper n'avancera à rien... (il s'interrompit quelque instants, hésitant, avant de demander d'un ton sentencieux) Est ce que tu étais oui ou non à ton poste ce soir là ?

Les deux frères échangèrent un lourd regard, les regard et les trais durs de Joshua accentués par la pénombre. Enfin, Richard finit par baisser les yeux. L'aîné avait été terrassé par le cadet.

-Non... Pas en première partie de soirée... je n'y étais pas.

Silence.

-Je vois.

Son frère n'ajouta rien de plus, et se détourna.

-Je me casse. J'en ai assez de cette famille de fous.

Nul ne s'interposa, et il s'éloigna d'un pas rapide, claquant la porte violemment. Durant un bref instant, seul la respiration rapide de Richard troubla ce silence oppressant.

-Comment... commença Isabel d'une voix mal assurée.

-Isabel...

-Non. Elle leva une main pour l'interrompre, secouant vivement la tête. J'ai besoin de prendre l'air...

A son tour, elle se dirigea vers la sortie, non sans jeter un dernier regard aux agents du CBI, ses yeux s'attardant sur le mentaliste. Elle s'apprêta à ajouter quelque chose, mais se ravisa et pencha légèrement la tête, un sourire empli de désespoir et d'amertume au coin des lèvres.
Le claquement de ses talons s'éloigna, et ne resta plus dans le petit salon que les trois agents, et l'aîné des Artkins, le regard vide de toute expressions, plongé dans des pensées douloureuses.
Jane se racla légèrement la gorge, mais il semblait avoir oublié leur présence.

-Bon, heu... Nous allons y aller. Désolé pour le dérangement...

Un désastre familial, un drame qui frappe les meilleures familles...

Arrive-t-on réellement à pardonner les mensonges ?
Tous les secrets rejaillissent de l'ombre, des vagues bouillonnantes de noirceur, des lames de fond prête à émerger et à tâcher ce tableau idyllique.
Rancœur, colère, jalousie... N'aurait il pas été plus simple d'avouer sa faiblesse ?


Il n'était plus l'heure des remords, et des regrets. Toute famille avait ses secrets, et Patrick Jane n'allait pas tarder à les faire émerger...
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Message  Indigo Ven 25 Juin - 15:24

Voici aussi mon chapitre 7 Wink (NB : L'idée du régime de Risgby est une idée de la Kawa inc. kompany©️)

Chapitre 7 :

Teresa Lisbon resta plusieurs minutes le corps immobile, le visage figé en une muette expression de stupeur. Ce nom... Elle ferma les yeux, tentant de calmer les battements désordonnés de son cœur, mais son corps ne lui obéissait plus.

« Kako »... Ce son, ce mot résonnait en écho, il se répercutait et se diffusait dans chaque fibre de son être, mais ses pensées occultaient toute réminiscence. Ne restait plus que la phrase que Kanako Artkins venait de prononcer et qui semblait danser devant ses yeux.

M'aurais tu réellement oublié, Teresa ?

L'avait-elle réellement connue ?
Elle ne gardait aucun souvenir de ce doux visage, de ces yeux d'une noirceur indicible, de cette voix grave aux intonations merveilleusement mélodieuses.
Pourtant, à ces mots... Ce fut comme si chaque parole se gravait profondément en elle, lacérant un peu plus sa conscience, accentuant un peu plus cette douleur, lui déchirant le cœur.

Elle s'en voulait tellement. Elle ne savait pourquoi.


Doucement, elle sentit la main de Kanako se refermer sur la sienne, la pressant doucement.
L'espace d'un bref instant, elle s'apprêta à la repousser, mais sa conscience hurla.
Un cri, un avertissement si fort, si puissant, qu'elle sursauta vivement... interrompant un geste que sa pensée n'eut pas le temps d'effleurer.
Ses propres mouvements restaient ostensiblement figés.

Le temps n'avait plus aucune signification pour Teresa Lisbon.
Le présent, le passé, l'avenir... des mots flous qui s'entremêlaient, inextricables...

-Teresa... murmura Kanako d'une voix légèrement enrouée. Je suis tellement désolée.

Lady Artkins se pencha doucement vers elle, son souffle apaisant tintant ses oreilles, laissant exhaler dans son geste une douce odeur de jasmin.
Le lourd parfum troubla ses sens, et les paupières de l'agent Lisbon se rétrécirent.
Peu à peu, elle sentit la souffrance redoubler d'ardeur, creusant patiemment son âme, pour venir déloger la noirceur ancestrale qui se tapissait dans les tréfonds de sa conscience.
Instinctivement, elle posa sa main sur sa poitrine, sentant la chaleur diffuse lui procurer une émotion douloureusement exaltante.
Dans son petit cœur troué, elle sentit la faille s'élargir. Son souffle se coupa.

Une image vint doucement s'imprimer sur sa rétine.
Une vision d'amour. La brève éternité d'un amour perdu, d'un bonheur qui n'avait plus lieu d'être.
Un visage flou, et une douce chaleur qui émanait de son corps parfumé, tandis qu'elle la prenait dans ses bras. Puis l'image changea.

Elle se vit sur les tapis persans, sous un grand bureau en acajou. Toute à sa tâche, elle s'amusait à compter les fils emmêlés de l'épais tissu, quand elle sentit une main se refermer sur la sienne.
Elle entendit s'élever derrière elle une voix douce et légèrement nasillarde, la voix d'un adolescent.

-Tu ne devrais pas être ici...

Son ton ne lui adressait aucune reproche, juste un fait. Elle tourna la tête et ses grands yeux de jade rencontrèrent un regard d'une infinie gentillesse.

Perry ? Était-ce Perry Artkins ?

Il s'accroupit près d'elle, et lui demanda doucement :
-Qu'est ce que tu fais, Teresa ?

-Je suis en train de compter les ficelles... Répondit elle comme si cela relevait de l'évidence, avant de reprendre ses comptes. Deux cent trois, deux cent quatre...

-Tu aimes compter les choses ?

Sans se détourner de sa tâche, elle acquiesça, alors qu'il continuait :

-Tu ne voudrais pas m'accompagner au jardin ? Tu pourrais compter les brins d'herbe. Acheva t il en riant, sa main toujours pressée contre la sienne.

Le plus sérieusement du monde, elle réfléchit à sa proposition, avant de finir par hocher la tête, lui adressant un sourire rayonnant, la laissant l'entrainer dans les couloirs du Musée d'Artridge.

Puis, doucement, elle se remémora les jardins tels qu'ils avaient été, jadis.
Elle se revit courir. Elle se revit, auprès des camélias qui commençaient lentement à mourir.
Elle avait été si triste, elle avait pleuré toutes les larmes que le corps d'un enfant puisse contenir.
Elle ne voulait pas les voir mourir, elle ne voulaient pas qu'ils partent...

Et il lui avait pris la main. Lui expliquant que c'était ainsi, qu'elle ne devait pas être triste.
Que les camélias ne tarderaient pas à revenir, que tout recommencerait, que le cycle étais destiné à se perpétuer. Mais les larmes ne semblaient jamais vouloir cesser de couler.

Elle se rappelait de cet adolescent, mais elle ne se rappelait pas de « Kako »...
A nouveau la douleur se fit plus forte, l'odeur du jasmin engourdissant son esprit...

Soudain, une autre vision assaillit ses sens. Elle était là... Elle l'avait trouvé..

-Teresa ! Ta mère te cherche ! Reviens « là » !

La voix de Kanako, où perçait un accent étranger prononcé, était emplie d'une irritation percée d'inquiétude. D'un pas rapide, elle enjamba sans ménagement les bégonias, sa longue natte ondulant furieusement, accrochant irrésistiblement le regard curieux de la jeune Teresa.
Le rire joyeux de la petite fille retentit dans l'air matinal, tandis qu'elle se précipitait vers la jeune japonaise.

-Kako !

Avant que celle ci n'aie pu faire un geste, elle l'entoura de ses bras d'enfant, pour enfouir sa tête contre la jeune femme. Celle ci se tendit, grommelant et jurant dans sa langue natale... alors que Teresa éclatait d'un rire étouffé. Ses yeux d'émeraude étincelèrent d'une lueur malicieuse alors qu'elle se dégageait :

-Tu sais que maman t'as dit de ne pas dire des gros mots devant moi ! (De sa voix haut perché, elle tenta d'imiter la voix grave de sa mère) Tu donnes le mauvais exemple !

-Qui te dit que je n'étais pas en train de... (Elle jura, ses yeux noirs étincelants) je sais pas comment on dit... « envoyer des pleurs » ?

Le rire de la petite fille se répercuta à nouveau.

-On dit « envoyer des fleurs » ! (Elle secoua la tête, son regard rencontrant celui de la jeune assistante) Mais je suis sure que c'est pas vrai ! Et je vais aller le direuh ! Ajouta-t-elle en partant en courant à toutes vitesse.

-Pas si je « t'apprête » ! Reviens là !

Et Kanako s'élança à sa poursuite, laissant échapper un léger rire, alors que Teresa s'enfuyait à perdre haleine, manquant de trébucher à chaque pas sur les graviers. Gagnée par le fou rire et trop préoccupée par la jeune japonaise qui la rattrapait un peu plus à chaque enjambée, elle évita de peu de s'écraser contre le gigantesque if... mais ne parvint pas à détourner sa course l'énorme chêne qui se dressa devant elle, le percutant brutalement.
Face contre terre, elle sentit sa tête l'élancer, ne parvenant à se remémorer l'impact.
Elle entendit un cri qui s'élevait au dessus d'elle, mais, la tête bourdonnante, elle ne parvint à y répondre.

-Teresa !

-Kako... murmura Teresa d'une voix songeuse, imprégnée de souvenir.

-Je suis là, Teresa...

Brusquement, l'agent Lisbon revint à la réalité. La main de Lady Artkins toujours dans la sienne, elle se tut, reprenant pied dans le présent.
Son passé se fondait dans sa réalité, elle ne savait plus quoi penser...
Un lourd silence s'installa, et la jeune femme inspira doucement, sa voix rauque s'élevant dans l'air nocturne :

-Je... Je vais y aller, il se fait tard.

Chaque parcelle de son corps se révolta contre ces paroles, mais elle parvint à le plier à sa volonté.
Elle même n'était pas sure des ses propres désirs.
Elle ne savait si elle devait rire ou pleurer, elle ne savait si elle devait serrer dans ses bras sa compagne de jeu ou bien la gifler pour l'avoir laissé... pour s'être fait oublier, durant toutes ces années.

Pourquoi ? La question lui brûlait les lèvres. Pourquoi maintenant ? Sans le meurtre de son mari, aurait-elle jamais cherché à la retrouver ? Et elle... Comment avait elle pu oublier ? Pourquoi n'arrivait elle pas à se souvenir ?

Tant de questions et si peu de réponses.
Tant de questions, et des réponses qu'elle n'était pas sure de désirer connaître.
Elle devait partir. Dans un lieu, un endroit où son passé ne pourrait la hanter.

A cette déclaration, Kanako acquiesça en silence, avant de murmurer d'une voix presque inaudible :

-Nous sommes voués à nous revoir, Teresa.... Je t'attendrais.

Teresa se leva, s'étirant doucement, avant de plonger son regard dans les perles noires de Lady Artkins :

-Je sais... Comme tu l'as toujours fait. Ajouta-t-elle, sa voix se brisant brusquement.

Sentant sa volonté faiblir, elle se résonna en secouant brusquement la tête, et se détourna sans un regard, pour s'enfuir d'un pas rapide.
Ses yeux demeurèrent secs, mais son âme, elle, se fit chagrin... et la volonté de Teresa s'intensifia.
Il était temps de mettre en lumière le passé...
Les larmes n'avaient que trop coulé.

*

Garée dans le parking des bureaux du CBI, elle coupa le contact, et appuya lourdement sa tête contre l'appui tête de cuir blanc. Son regard s'attarda sur les bureaux encore éclairés.
Bien évidemment, il était près de dix heures, et il avait fallu que ce soit son équipe qui fasse un excès de zèle..
Enfin, la lueur qui régnait dans dans les bureaux s'éteignit, et elle aperçu Cho sortir pour se diriger vers sa voiture.

Alors que celle ci s'éloignait, elle attendit quelques minutes, et finit par ouvrir sa portière, posant un pied sur le bitume.

L'agent Lisbon était un bon agent, et en tout bon agent qui se respecte, elle aurait préféré ingurgiter une dose mortelle de cyanure ou bien supporter un consultant d'une chiantise parfaitement horripilante qui frôlait la perversion, plutôt que de louper une journée de travail.
Ces locaux, son équipe... elle les considéraient comme sa seconde maison.
Cela frisait la névrose, elle en avait conscience... mais c'était ainsi.

Furtivement, elle s'introduisit dans ses propres locaux, prenant garde à ne pas se faire repérer, marchant à pas lents.
Mais qu'est ce que je suis en train de faire, moi ?
Instinctivement, elle contourna l'énorme plante verte qui s'élevait devant elle dans la pénombre, et se posta à son bureau, allumant sa lampe d'un cliquètement discret.

-J'ai fini par croire que vous ne viendriez jamais.

Elle sursauta, son regard se dirigeant vers le sofa disposé dans un coin de son bureau, où reposait un homme blond à demi endormi.
Se reprenant, elle leva les yeux au ciel, avant de grogner d'une voix exaspérée.

-Ne me faites plus jamais ce coup là Jane, ou bien bien je vous abat avec mon arme de sang froid, et je fais passer ça pour un accident... Croyez moi, tout le monde ne sera que trop heureux de croire à cette théorie.

-Quoi, je vous ai fait peur ? Répondit le mentaliste en se relevant, un sourire étincelant aux lèvres.

-Pas du tout, je savais que vous seriez là. Mais vous m'avez surprise.

Dans les yeux de Patrick Jane plana une légère déception.

-Oh... Et vous vouliez m'éviter et être tranquille, c'est ça ?

-C'est exactement ça... Vous devriez demander une augmentation. Ajouta Lisbon d'un ton acide.

-Ce n'est pas en usant de l'ironie que vous irez mieux, Lisbon. (Commenta-t-il un léger sourire apparaissant sur ses lèvres) Et de toute manière, vous n'avez pas réussi à m'éviter, donc...

-Donc ?

Il commença à s'assoir sur une chaise et lui fit face :

-Je reste. Et j'attends que vous me racontiez ce qui s'est passé... et « rien » n'est pas une option.

Elle lui lança un regard venimeux, et se cloîtra dans le silence durant plusieurs minutes.
Elle tenta de l'ignorer, mais celui ci ne cessait de la fixer du regard, et sentit l'irritation et la colère bouillonner dans ses veines.
Deux options s'offraient à elle... fondre en larmes et tout lui raconter pour pleurer sur l'épaule de tonton Patrick, ou bien se taire et continuer de faire fi de sa présence, ce qui était bien plus difficile qu'il n'y paraissait...
Aucune de ces options ne lui convenait.

Quand il se mit à siffloter, elle explosa, renversant à moitié ce qui se trouvait sur son bureau, sentant ses yeux s'emplir de larmes :

-POUR L'AMOUR DE DIEU JANE, TU NE VEUX PAS ME FOUTRE LA PAIX ? DÉGAGE DE MON BUREAU !

Elle ne sut si ce fut l'effet de sa fureur, ou le fait qu'elle le tutoya, mais il fut incapable de répondre. Il se contenta de la fixer, interloqué.
Patrick Jane, le plus grand mentaliste de toute la Californie, venait d'être réduit au silence.
Elle se rassit, évitant son regard, et baissa la tête, sentant ses joues s'empourprer de honte... elle avait échoué.
Une larme roula le long de sa joue.
Elle s'était promis de ne pas pleurer...

Alors qu'elle sentait les sanglots monter douloureusement dans sa gorge, elle releva la tête mais ne vit à sa place que du vide, un immense et horrible vide.
Il était parti.

C'était ce qu'elle avait demandé après tout, non ?

Dissimulant sa déception, elle tenta de se replonger dans son dossier... la meilleure manière pour elle de se vider la tête... quand elle entendit un léger bruit sourd contre le bois de son bureau.
Elle releva les yeux, et croisa le regard du mentaliste qui venait de déposer une tasse de liquide fumant sur la table.
A sa question muette, il précisa :

-De la camomille. Il n'y avait plus de somnifères, Rigsby les a tous englouti lorsque Grace l'a mis au régime...

A cette faible tentative d'humour, elle répondit d'un faible sourire :

-Merci... Jane.

Il acquiesça en silence, et se retira de la pièce, la laissant à nouveau dans se solitude.
Elle jeta un coup d'œil à sa montre. Onze heures passées...
Elle tendit l'oreille, et entendit le consultant s'allonger sur le canapé de cuir défoncé, pour ne lui parvenir qu'une faible et lente respiration, légèrement saccadée...
Elle ne serait pas la seule à ne pas trouver le sommeil, ce soir...

*

Isabel Artkins reposait là, les genoux légèrement recroquevillés, sa tête apposée contre le mur de bois verni.
Les yeux clos, elle se laissa aller à bien douloureuses réflexions.
Sa famille... Pouvait on encore parler de famille ?
Il avait fallu d'une simple fêlure dans le miroir sans défaut... et le verre avait volé en éclat.
Toute cette construction n'étais guère plus solide qu'un vulgaire château de cartes...

Mais n'était ce pas de sa faute ? Elle avait refusé de soutenir l'unité familiale.
Elle avait refusé le statut que lui offraient Perry et Kanako pour des motifs si égoïstes... Alors qu'elle les aimait tant, et lui, il lui avait tant apporté... pour rien ?

La colère s'insuffla en elle, alors que son regard redoublait de détermination.
Perry lui avait reproché... Non, elle ne devait pas y songer.
Seul l'avenir importait, elle ne devait pas regarder en arrière.
Pourtant, les éclats de voix, leur violente dispute, lui revenaient brutalement dans ses pensées, tels des lambeaux de mémoire lancinants.
Du bout des doigts elle repoussa une mèche de ses cheveux roux et s'humecta les lèvres.
Que lui avait elle dit ?

Le genre de conneries habituelles, le genre de conneries stupides que l'on sait au moment où elles franchissent la frontière de vos lèvres qu'elles sont sans fondements... mais qui font tellement mal...
qui vous blessent jusqu'au plus profond de votre âme.
Vous n'êtes pas mon père ! Vous n'aviez pas à faire ça !
Bien sûr qu'il ne l'était pas... biologiquement. Mais il lui avait tant apporté...
Tu es stupide, Isabel... Ne dis pas de telles choses... Ne comprends tu donc pas ?
Sur le moment, elle ne l'avait pas compris... Mais maintenant ?

Elle devait s'occuper des morceaux épars de cette famille déchue, et essayer de tout réparer... c'était la moindre des choses...
Quoi qu'elle aie pu faire, elle lui devait bien ça... avant qu'il ne soit trop tard.

-Alors tu es là...

La silhouette parfumée de Kanako Artkins s'accroupit près de la jeune femme, leurs regards se rencontrant vivement. Isabel se détourna, ses yeux ne pouvant supporter la profonde inspection qu'exerçait Kanako sur son âme.
La main se cette mère qui n'avait jamais été sienne se posa sur son épaule, alors que sa voix ronde
s'élevait :

-Je sais ce qui te traverse l'esprit en ce moment même, Isa... Tu n'as pas à t'en vouloir.

Isabel lui jeta un bref regard surpris. Comment ?

-Louise va aller voir le CBI aujourd'hui, elle va leur apporter un témoignage qu'ils estimeront précieux... Je l'ai convaincue d'attendre ce soir, pour nous laisser du temps.

Le cœur battant à tout rompre, la gorge sèche, Isabel acquiesça. Le temps leur était effectivement compté...

*

Le visage envahit par la fatigue, Joshua Artkins reprit vivement ses esprits, s'extirpant de son matelas de fortune. L'odeur suintante manqua de lui soulever le cœur. D'un geste négligent, il ôta le sac poubelle qui lui avait servi d'oreiller et repoussa avec dégoût un rongeur alléché par le doux fumet qu'il dégageait.

Dans la ruelle étroite ne subsistait qu'une obscure clarté, et le froid mordant matinal le fit frissonner, le faisant fermer d'un geste gourd les pans de son manteau déchiré.
Mon Dieu, qu'avait il encore fait ?
L'esprit encore embrumé par l'alcool qu'il avait ingurgité la veille, il peinait à se souvenir distinctement des évènements passés. Sa mémoire ne semblait remonter qu'au moment où il avait quitté en trombe la maison familiale...

De floues réminiscences lui revinrent en mémoire, l'image d'un bar, un bar qui l'avait accueilli à bras ouverts. Il avait bu, bu pour oublier cette putain de famille, ses putains de problème, sa putain de jalousie à l'égard de ces foutus orphelins qu'il ne parvenait à envier.
D'un regard désolé, il contempla l'état miteux de ses habits, se demandant bien ce qu'il avait pu faire pour se retrouver la tête la première dans une benne à ordures...

Les récentes déclarations germèrent à nouveau dans son esprit. Rich n'était qu'un imbécile...
Il avait toujours eu le chic pour se retrouver dans les ennuis... il devait être en train de se terrer quelque part comme toujours...
Sa famille... sa putain de famille qui se brisait en d'innombrables morceaux...

Des visions éparses de la veille lui revinrent en mémoire. Le comptoir crasseux, l'alcool fort bon marché qu'il avait englouti, s'agrippant à la bouteille comme si sa vie en dépendait, le liquide ambré obscurcissant son jugement et ses gestes... et la délicieuse compagnie qu'il avait violemment repoussé. Tout avait dérapé.
Sa gorge se noua de remord, de honte.
Comment cela avait il pu arriver ?

Le pas mal assuré, il entreprit de rentrer... rentrer où ? A la maison ? Pour se heurter à Kanako et à Isabel ?
La vue de la haute résidence des Artkins s'imposa à son esprit, sa douce odeur de jasmin contrastant avec le bar sale et puant de la veille.

Il haussa imperceptiblement les épaules... En quel autre endroit pourrait il retrouver un foyer ?
Un sourire amusé teinté d'amertume se posa sur ses lèvres... Il avait toujours eu des penchants masochistes...

Au loin il observa les rayons du soleil percer l'aube grisâtre, et il inspira, sentant son cœur se gonfler, de honte mais aussi d'orgueil, et de détermination.

Sa famille... Cette famille qu'il avait tant délaissé...
Il pouvait encore essayer de recoller les morceaux... avant qu'il ne soit trop tard.
Après tout ce qu'il avait fait, et tout ce qu'il avait laissé filer... c'était la moindre des choses.

*


Quand ses yeux se rouvrirent, le regard de Teresa Lisbon se posa sur la fenêtre, ses longs cheveux de jais caressant le bois clair de son bureau.
Au dehors, l'aube commençait à poindre et instinctivement elle frissonna, contemplant l'unique rayon de soleil qui lui avait chatouillé le nez.

Se passant la main sur le visage, elle cilla et se massa les tempes, cherchant à se réveiller... Chose plus que difficile au vu de l'heure matinale et des évènements de la veille.
Alors qu'elle entreprenait d'étirer ses membres engourdis, elle entendit un brusque vacarme retentir non loin, accompagné d'un juron étouffé.

Elle se précipita dans la cuisine des locaux du CBI, et y retrouva un Patrick Jane aussi réveillé qu'elle, une pile de sachets de thé reposant épars sur le sol, ainsi qu'une bonne demi douzaine de casseroles. A cette vue, Teresa Lisbon étouffa un rire particulièrement moqueur.
Si elle s'était un jour douté qu'elle pourrait prendre Patrick Jane renversant la moitié des ustensiles de cuisine du CBI...
Appuyée contre l'encadrement de la porte, elle ne put s'empêcher de commenter d'une voix éraillée :

-Le Grand Patrick Jane aurait il fait preuve de maladresse ?

A sa réflexion, le mentaliste leva les yeux vers elle, et son visage fatigué se fendit d'un sourire amusé :

-Bien sûr que non. Le thé a juste mal anticipé mes actions.

Teresa ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, soupirant doucement, avant de se diriger vers les placards et de déclarer d'un ton acerbe :

-Okay, le Grand Patrick Jane n'aura pas fait preuve de maladresse... juste de mauvaise foi.

Il ne répondit pas, et se contenta de hausser imperceptiblement les épaules, alors qu'il semblait se retenir pour ne pas pousser un léger rire.
Un silence apaisant plana dans la pièce, leurs deux visages affichant un mince sourire.

Cherchant dans l'horrible vide des étagères, Lisbon ne prêta bientôt plus attention à sa présence, toute occupée dans sa recherche d'une nourriture inexistante... grommelant contre ces agents qui n'étaient même pas foutu de faire les courses.
Enfin, elle extirpa d'un obscur recoin un sachet de biscuit fourré à la banane, et l'arbora, un sourire de triomphe aux lèvres, sous le regard intrigué de son co-équipier :

-Je croyais que vous détestiez la banane ?

-Je ne déteste pas, je n'aime pas vraiment c'est tout... et puis j'ai faim. Déclara-t-elle en ouvrant d'un coup sec l'infortuné sachet, manquant de le déchirer en deux, pour fourrer avidement un de ces délectables biscuits dans sa bouche

-On croirait entendre Rigsby...

Lisbon, la bouche encore emplie de biscuits à la banane, fustigea le mentaliste un regard noir, celui ci lui adressant un sourire radieux. Il savait pertinemment qu'elle ne pourrait lui répondre, sous peine de se recevoir une pluie de miette à la saveur chimique d'un fruit des îles estampillé "goût naturel"... c'était purement et simplement déloyal.

Les sachets de thé et les casseroles revinrent bientôt à leur place initiale, tandis que Lisbon mordait avidement dans les derniers gâteaux secs qu'il restait, Jane entreprenant de boire son thé à petites gorgées.
Le silence se prolongea, seulement troublé par le bruit de mastication de biscuits d'un autre âge et des légères gorgées de thé à la cannelle.

Lisbon savoura cet instant, ce goût affreusement sucré qui emplissait sa bouche et l'écœurait à moitié, l'odeur matinale de café, de fournitures plastifiées et de thé instantané, cette absence de paroles... durant un bref instant, elle se sentit "ailleurs", hors de ces foutus problèmes qui l'avait assailli, dans cette aube, cette brèche entre jour et nuit.

Enfin, Jane reposa sa tasse dans l'évier et déclara d'un ton satisfait :

-Bon, encore trois heures avant devoir se relever... Bonne fin de nuit Lisbon !

Sans plus de cérémonie, il commença à se diriger vers le sofa laissant Teresa interloquée.
Elle secoua la tête d'un air ennuyé, le mince sourire amusé toujours affiché aux lèvres.
Il était impossible...

D'un pas décidé elle se dirigea vers les toilettes, et contempla d'un air désolé cette femme aux traits tirés qui la fixait d'un regard hagard dans le miroir, ouvrant les robinets d'un coup sec.
Mais l'eau avait beau ruisseler sur ses traits et sur ses bras, son esprit demeurait embrumé par la fatigue, sa tête bourdonnant doucement.

Jane avait peut être raison... il était trop tôt... Elle ne devait pas avoir dormir plus de trois heures.
Elle retourna dans son bureau, un café à la main, et s'assit doucement sur le canapé.
Humant l'odeur agressive du breuvage amer, elle se laissa aller quelques instants à une douce torpeur, sentant sa migraine s'atténuer... Quelques instants, juste quelques instants...

Lorsque Patrick Jane entendit l'agent Lisbon retourner dans son bureau, il sorti à demi du léger sommeil qui s'était emparé de lui. Le souffle régulier et calme de sa coéquipière lui parvint, et il soupira intérieurement. Au moins l'un d'eux serait parvenu à trouver le sommeil...
Se pelotonnant, il essaya de chasser la pensée désagréable qui ne cessait de le hanter.
Teresa Lisbon avait retrouvé un semblant de sérénité, mais comment réagirait-elle lorsqu'elle apprendrait ce qu'il avait fait chez les Artkins ?

Un frisson désagréable le parcourut lorsqu'il songea au futur savon qu'elle risquait de lui passer...
Il se raisonna. Il lui restait encore trois bonnes heures de repos bien méritées avant de se faire tuer, autant en profiter...

*

-IL A FAIT QUOI ?!


Dernière édition par Indigo le Lun 28 Juin - 12:17, édité 2 fois
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Message  Indigo Ven 25 Juin - 15:33

Chapitre 8 :


Des cafés et une boîte de beignets badigeonnés de sucre hautement cancérigènes à la main, l'agent Kimball Cho s'extirpa en un mouvement fluide de sa voiture.
Le visage toujours dissimulé sous une inflexible impassibilité, il soupira doucement alors qu'il pénétrait dans les locaux du CBI, s'attendant à voir un Jane agonisant ou bien une Lisbon éclatante de fureur... mais quelle ne fut pas sa surprise de trouver les bureaux encore endormis, la seule lumière étant clele filtrant à travers les stores baissés, troublant la douce obscurité.

Patrick Jane n'était pas le seul à pouvoir anticiper les actions de certaines personnes. Cho n'était certes pas mentaliste, mais il connaissait suffisamment son patron pour savoir que celle ci ne pouvait pas ne pas être retourné dans le seul endroit où elle s'était jamais senti en paix avec elle même. Son travail.
Elle avait beau les avoir fui, il savait qu'elle reviendrait tôt ou tard... aussi ne s'était il pas étonné lorsqu'il avait aperçu l'imposante voiture de son patron la veille, une silhouette immobile à la place du conducteur, une sombre silhouette qui s'était brusquement figée lorsqu'elle avait surpris son regard.
Deux solutions s'étaient imposées à lui. Aller confronter son patron, ou bien la laisser là, et laisser Jane se charger d'elle.
Laisser Jane se charger d'elle... Cela pouvait signifier beaucoup de choses.
Il savait que le mentaliste ne les avait considéré dans un premier temps que comme des faire valoir. Il savait qu'il était obnubilé par celui qui avait assassiné sa famille... John Le Rouge... L'innommable, celui qui lui avait fait tant de mal... Il comprenait les motivations de Jane.
Quand on se retrouve privé de ce qui nous est le plus cher, quand on perd jusqu'à sa raison de vivre... on cherche à se raccrocher à cette vie qui ne devient que survie, dans un cycle de violence pernicieux et pervers. Un cycle qui n'a jamais de fin.

Il était déjà passé par cette voie, il avait tué, volé des bagnoles, frappé des flics, corrigé des gamins écervelés lorsqu'il se trouvait dans un gang... pour se trouver une existence qui n'était pas la sienne, et essayer de trouver une raison de vivre.
La violence, la vengeance lui avait déjà tendu la main, et il l'avait saisi à pleine poignée.
Il avait battu, frappé, s'était acharné. Et la loi du Talion le lui avait rendu.
Il pouvait encore se souvenir du sang pâteux et ferreux qui lui envahissait la bouche, le craquement sinistre de ses rotules brisées, et la douleur lancinante qui s'abattait, résonnant au rythme de son cœur dans sa tête.
Oui, il avait connu cela. Malgré tout ce que pouvait penser Patrick Jane, sa douleur, ses désillusions n'étaient pas uniques, elles faisaient parfois partie du commun des mortels.

Mais il avait raison sur un point. John le Rouge était un monstre, un monstre de souffrance pervers qu'il fallait à tout prix arrêter.

Pourtant, ces derniers mois, le mentaliste lui était apparu changé. Comme si il faisait véritablement attention à eux, à leur vie, qu'il avait enfin accepté le fait qu'il ne pouvait être un observateur, mais un acteur à part entière dans leur vie. Et celle de Teresa Lisbon...

Une douce respiration en provenance du bureau de sa supérieure le tira de ses pensées, et il passa la tête dans l'encadrement de la porte pour y jeter un léger coup d'œil, apercevant une masse informe recroquevillée sur le canapé. Les longs cheveux bruns de l'agent Lisbon recouvraient son visage en une imposante cascade, se mouvant au rythme sa respiration sereine, camouflant partiellement ces traits à présent détendus.
De sa main légèrement ouverte était tombé une tasse en céramique dont le liquide avait imbibé le sol, et Cho grogna doucement, alors qu'il entreprenait de toucher le café poisseux qui avait presque séché sur le parquet.

D'un mouvement précis et mesuré il lui enleva la tasse des mains, et commença à se diriger vers la cuisine. Alors qu'il entreprenait de refermer doucement la porte pour replonger la pièce dans les ténèbres, il jeta un dernier regard à sa supérieure profondément endormie, apaisée, un furtif et imperceptible sourire déformant ses traits.
Oui, quoi que l'on pouvait en dire, Jane avait fait du bon boulot.

D'un pas rapide, il commença à se diriger vers une fenêtre et ouvrit les stores sans ménagement, laisser le soleil inonder les bureaux du CBI, ses rayons matinaux effleurant le bois et réchauffant la pièce endormie.
Quand il arriva au dernier, un grognement désapprobateur se fit entendre, grognement auquel il ne put s'empêcher d'ajouter :

-Debout la belle au bois dormant... (nouveau grognement suivi d'un long soupir) si Lisbon te vois comme ça elle va te tuer.

A ces mots, Patrick Jane daigna enfin ouvrir un œil et jeta avec peine un regard sur sa montre, avant de s'exclamer d'une voix lasse :

-Lisbon va me tuer de toute façon. Il est huit heures, et elle aurait dû être levée depuis près d'une heure. Et je devine que tu ne vas pas me couvrir pour ce qui s'est passé hier chez les Artkins ?

-Non.

Se levant et s'étirant doucement, le visage de Jane se déforma en une moue ennuyé, marmonnant un « sans cœur...» d'une voix faussement affectée.
Cela ne troubla en rien la conscience de Kimball Cho qui commença à retourner auprès de son patron, alors que Patrick Jane marchait d'un pas lent vers les toilettes pour aller se rafraîchir.

*

-IL A FAIT QUOI ?

La voix de Teresa Lisbon retentit, furieuse et puissante, parvenant sans peine à résonner et outrepasser les murs de toilettes. Bien entendu, Cho n'avait pas pu tenir sa langue quelques minutes de plus... Ce garçon était une vrai pipelette.

Finissant sa toilette matinale, Patrick Jane attendit patiemment, retranché dans ce qu'il savait être le dernier endroit où elle penserait à venir le chercher, lui offrant un faible répit.

Alors qu'il commençait à entrevoir une lueur d'espoir, la porte s'ouvrit violemment, manquant de sortir de ses gonds en un grincement sinistre, laissant passer une Teresa Lisbon fulminante.
Le spectacle aurait pu le terrifier si il n'avait eu à y faire face un nombre incalculable de fois, et que la supérieure en question avait en l'occurrence une marque persistante du cuir du canapé sur la joue...chose qu'il trouva fort amusante.

-JE PEUX SAVOIR CE QUI VOUS FAIS SOURIRE ?

Ne voulant pas se retrouver à l'état de cendres fumantes, il se força à réprimer le persistant sourire amusé qui semblait s'être accroché à ses lèvres.

-Rien du tout, Lisbon... Vous avez une trace sur la joue, juste là (il lui indiqua du doigt, et celle ci se tourna vers le miroir, son visage s'empourprant légèrement) Allons, cela arrive à tout le monde, ne prenez pas cet air gêné...

Il n'en fallu pas plus pour que se ravive sa fureur, et ses yeux verts étincèlent.

-Je... Ils...

Les mots lui manquèrent.

-Oui ?

-Vous...

On va finir par tous les passer... La réplique lui brûla les lèvres, mais il se contint. Inutile d'ajouter de l'huile sur le feu, ou bien il ne tarderait pas à se prendre une balle perdue en pleine tête.

-Plus JAMAIS ça, Jane... (elle sembla hésiter avant d'ajouter d'un air gêné, sa voix retrouvant son timbre grave et calme habituel, alors qu'elle détournait le regard) Vous savez l'importance que cette affaire a pour moi.

Le mentaliste fut pris un instant au dépourvu.

[Il est important de souligner l'importance de cette phrase.
Patrick Jane prévoit tout, du moins il aime à le faire croire. La surprise est un mot qu'il bannit de son vocabulaire.
Que Jane puisse être « pris au dépourvu » est quelque chose qui a autant de chances de se produire que celles de Oui-oui de gagner la course à la Présidence.
Pire... que Teresa Lisbon, cet être incroyablement transparent, puisse le prendre « au dépourvu » a non seulement autant de chances de se produire que celles de Oui-oui de gagner la présidence, mais aussi de voir tout le pays du jouet prendre place au Gouvernement...
Et pourtant... A croire que Oui-Oui a encore toutes ses chances pour les futures élections...
]

Patrick Jane demeura surpris l'espace d'un instant, et son regard s'attarda sur cette jeune femme au regard perdu et pourtant animé d'une détermination inébranlable. Cette femme qui venait de dévoiler ce qu'elle essayait désespérément de cacher.
Ils échangèrent un regard entendu, sachant tous deux pertinemment que la nature de Jane n'était pas de celle à se refréner, et ils acquiescèrent.

On ne pouvait changer sa nature, renier tout ce qui avait fait de nous ce que l'on était aujourd'hui, mais ce changement, un changement minime venait d'être amorcé... et c'était tout ce qui importait.

*

Richard Artkins émergea enfin en ce début d'après-midi, l'odeur de brillantine toujours collée à sa peau, engourdissant ses sens. D'un air désolé, il contempla ses mains tâchées de peinture et ses habits dans un état pitoyable.

La veille il n'avait pu trouver le sommeil, tenaillé par sa culpabilité, par les mensonges qui l'habitaient. D'un pas traînant, il s'était dirigé vers sa chambre, le portrait d'Isabel à la main.
Il avait eu envie de le balancer du haut des escaliers, il avait eu envie de transpercer cette toile à l'aide de son propre pinceau, de déchirer cette peinture qui ne semblait apporter que cet indicible malheur. Mais il ne l'avait pas fait.

Il faisait preuve d'une telle faiblesse... Faible, lâche, menteur... Des mots qui lui allaient à la perfection.

De rage, il avait saisi le coupe papier en argent sur son bureau et l'avait abattu avec force sur le portrait... mais sa main, son bras, tout son être l'en avait empêché, et le coupe papier n'avait fait qu'effleurer la source de tous ses maux.

Il lui avait consacré tant de temps...

Un rire monta dans sa gorge. Il n'étais pourtant pas aussi faible qu'il n'y paraissait...
Non, ils l'avaient toujours sous estimés. Tous. Perry le premier.

Et pourtant, ils l'avaient tous aimé...et il les aimait tant. Pourquoi n'y arrivait il pas ? Pourquoi n'était-il pas comme Joshua et Isabel ?
Il faisait des efforts, mais lorsque venaient les problèmes il ne réussissait qu'à pleurer...
Impuissant, faible... Oui, il l'avait été. Il l'était encore...

La vision de Joshua l'aveugla, il se remémora l'expression de son visage déçu, trahi.
Comment il s'était détourné de lui... comment il avait brutalement claqué la porte.
Et il eut mal. Il sentit son cœur se déchirer dans cette chambre d'artiste dévastée.
Avait il jamais eu conscience de l'importance qu'il accordait à son propre frère ?
La réponse lui sembla évidente... Il ne s'en était même pas préoccupé, il savait la réaction que Joshua aurait à la découverte de l'œuvre... et il avait continué.

Il aurait pu s'arrêter, il aurait pu mieux le camoufler, et pourtant... il avait envie d'égratigner ce frère qu'il enviait tant.
C'était tant l'amour que la jalousie qui l'avaient guidé dans l'accomplissement de cet œuvre.
Ce sentiment d'envie qui avait germé depuis tout se temps et qu'il l'avait envahi, croissant insidieusement dans ses entrailles...

A cela maintenant dans ce répugnant mélange s'était ajouté la honte, et la culpabilité.

Il songea à la réaction horrifiée d'Isabel. Il l'avait elle aussi tant envié... toujours à suivre son instinct, à n'en faire qu'à sa tête. La belle et impétueuse Isabel qui ne pouvait s'empêcher de prendre la mouche à chaque pique que Joshua lui lançait...

Mon Dieu, qu'avait il fait ?
Il avait piétiné les morceaux épars de ce qu'il restait de cette famille... il n'avait cessé de se complaire, il avait haï et tellement souffert...étais ce une raison pour les faire souffrir à son tour ?

Il connaissait la réponse, elle se mouvait en lui, lui brûlait les lèvres.
Il pouvait encore essayer de recoller les morceaux... Du moins,ce qu'il en restait.
Il n'avait pas trop le choix... et puis, c'était la moindre des choses après tout ce qu'il avait fait.

D'un air désolé, il contempla les craies qui se mêlaient au tapis, et son regard glissa sur le lit à baldaquin à demi défoncé. D'un pas lent et décidé, il s'approcha de la fenêtre et l'ouvrit en grand, laissant la brise printanière caresser son visage pour pénétrer dans cette antre suffocante.
Une brusque bourrasque balaya les feuillets épars sur le sol, les faisant virevolter, et Richard ne bougea pas.
D'un regard appréciateur, il observa le spectacle qui se jouait devant lui, et sentit un sourire gagner ses lèvres.

Les choses commençaient à bouger... enfin.

*

Lorsque Wayne Rigsby et Grace Van Pelt arrivèrent sur leur lieux de travail, ils furent tout d'abord surpris par le silence qui régnait en ces lieux. Leurs collègues s'affairaient à leurs tâches, certes, Cho s'occupant de taper son rapport, et Jane... Eh bien, Jane somnolant sur son canapé à demi défoncé.
Pas de cris, pas de soupir exaspéré en provenance du bureau de leur supérieure. Rien qu'un simple silence studieux... un silence on ne peut plus inquiétant.

Au bruit de leurs pas, Patrick Jane tourna la tête dans leur direction, constatant sans surprise que de lourdes cernes soulignaient les yeux fatigués de Grace Van Pelt... quant à Rigsby, il ne pouvait s'empêcher de laisser planer une ombre d'inquiétude sur son visage. Cho était le seul à connaître suffisamment sa supérieure pour savoir qu'elle ne tarderait pas à rentrer... Peut être était ce dû à sa faculté de comprendre les gens et de rester malgré tout impassible... Une froideur qui le coupait du monde, qui lui permettait de rationaliser, de comprendre mieux que le commun des mortels trop obnubilé par ses propres souffrances...
Comprendre le fonctionnement d'une âme humaine, ambivalente, fragile, de pouvoir cerner un comportement qui n'était pas le sien. Ou tout simplement une froideur qui cachait une âme tout aussi paradoxale... et vulnérable.

Le mentaliste réprima un sourire. Si Cho l'entendait parler de lui en ces termes, il ne donnerait pas cher de sa peau... Quoique, il ne se cachait pas de ce qu'il était, il ne le dévoilait simplement que lorsqu'il le désirait. Pourtant, la veille, il l'avait vu hésiter. Il avait vu ce masque de cire ciller brusquement, il avait vu ses lèvres émettre un imperceptible rictus, et il avait senti l'inquiétude qui se dégageait de son être. Une brève et furtive vague d'inquiétude, avant que celle ci ne disparaisse sous les flots limpides et calmes de la raison.
Oui, la raison... Une raison qui n'avait pu calmer deux esprits tels que ceux de Grace Van Pelt et Wayne Rigsby. Ils devaient toujours croire leur supérieure courant dans la nature, une Teresa Lisbon un peu bohème se soustrayant aux règles, pétant les plombs ou bien agressant les passants. Ou alors dans le cas de Rigsby, tout simplement en train de s'empiffrer devant sa télévision en larmes, balançant d'un mouvement de colère un pauvre pot de glace (paix à son âme) contre l'écran plasma, dégoulinant de crème glacée à la vanille. Mais il faut dire que le voir soumis au régime ne lui arrangeait pas les méninges...

Tout à coup, un éternuement retentit en provenance du bureau de Teresa Lisbon. Un furtif éternuement, bientôt noyé sous quelques jurons bien sentis qui semblaient condamner la pauvre mère de Jane, son fils étant une fois de plus responsable de son état.

-Le patron est rentré ? S'exclama Wayne Rigsby une leur d'espoir et de surprise dans la voix.

Le mentaliste se contenta de grogner son assentiment, avant de déclarer d'une voix faussement endormie :

-Si tu veux aller la voir sans te faire mordre, je te conseille de lui apporter des beignets. Et inutile de lui apporter les derniers biscuits à la banane que tu avais caché derrière frigidaire, elle les a mangé ce matin.

A ces mots, Rigsby lança un regard paniqué à la jeune femme à ses côtés, mais celle ci semblait trop absorbée par la forme floue de sa supérieure qui se découpait à travers les stores de son bureau.
Lorsque Grace Van Pelt entendit la voix de Teresa Lisbon, tout son être frissonna... d'appréhension, de soulagement, mais aussi de gêne et de honte. La honte d'avoir à ce point douté de sa supérieure et de son professionnalisme... Une honte vis à vis d'elle même, celle d'éprouver ce sentiment de colère à l'égard de Teresa Lisbon.
Elle savait que les affaires de sa supérieure ne regardaient qu'elle. Elle savait qu'elle n'aurait pas dû tant les prendre à cœur... mais comment ne pas s'en préoccuper quand votre patron fond en larmes dans vos bras ? Comment ne pas être habitée par le ressentiment lorsque le dit patron part sans explication, ne laisse aucune nouvelle... pour se pointer le lendemain matin comme si rien ne s'était passé ?

Se désintéressant des beignets qui reposaient en évidence sur la petite table, elle s'avança d'un pas rapide vers le bureau de sa supérieure, entendant la voix du mentaliste s'élever par dessus son épaule pour commenter d'une voix peinée :

-Elle n'a pas pris les beignets...

*

La colère avait dissipé son appréhension, et, d'un geste brusque elle toqua légèrement contre la porte entrouverte, la poussant légèrement sous la force de son mouvement. Celle ci s'entrouvrit en grinçant doucement, et les doigts de l'agent Van Pelt s'attardèrent sur le verre glacial de la petite vitre, avant de se positionner à nouveau le long de son corps en une attitude qu'elle voulut posée.
Voulut.
Rarement, on eu vu ressentiment et inquiétude si mal contenus.

-Patron ?

Teresa Lisbon releva les yeux des photos du corps arqué de Perry Artkins, détachant son regard et son esprit du visage figé en une expression de peur mortelle, et invita son agent à entrer. La fatigue s'était quelque peu dissipé, et elle observa en silence Grace Van Pelt, le corps tout entier parcouru d'inquiétude et de soulagement mêlés.
La jeune femme repoussa machinalement une longue mèche de ses cheveux roux, s'humectant les lèvres, avant d'avancer d'un pas lent dans le bureau.
D'un regard, elle détailla le visage de sa supérieure baigné dans la lumière matinale, faisant luire ses longs cheveux bruns, un mince sourire encourageant étirant ses lèvres. Elle observa les doigts de sa supérieure qui parcouraient machinalement la surface lisse des clichés, alors que son regard restait rivé sur elle, deux émeraudes qui la détaillaient.
Un regard brut, sans nuances, qui ne témoignait que d'une chose. L'attente.

La colère commença à céder la place au doute, et à la honte. Encore. Elle se sentit ridicule, et pourtant...

-Vous êtes rentrée...

Quelle remarque constructive et pertinente... bien joué Grace ! Se gifla mentalement la jeune femme.
Les sourcils de sa supérieure se levèrent en une expression interloquée et amusée :

-En effet.

Son interlocutrice se mordit la langue et prit son courage à deux mains, mais ne parvint qu'à continuer d'une voix douce :

-J'espère que vous allez mieux...

Ses mots ne parvenaient à refléter son état d'esprit, et elle sentit la colère et la frustration monter à nouveau en elle. Sa supérieure resta quelques instants silencieuse, son regard vague attiré irrémédiablement par la plante verte dans le coin de son bureau, où se déposait une légère poussière illuminée par l'astre matinal. Un végétal bien utile en cas de réflexion intense.
Enfin, elle articula d'une voix douce, pesant ses mots avec soin, lui adressant un sourire encourageant :

-Oui, je vais beaucoup mieux Grace. Je vous remercie.

Son interlocutrice acquiesça, et commença à reculer en signe de reddition. Pourtant, lorsque son regard rencontra celui de Teresa Lisbon, lorsque ses yeux bruns perçurent le doute et le désespoir qui emplissait ceux de sa supérieure, son geste s'interrompit.
Enfin, la colère qui grondait en elle se déversa et imprégna ses mots...

-Après tout ce qui s'est passé... vous croyez que je vais vous croire ?

L'agent Lisbon, interloquée par le ton de l'agent Van Pelt, ne répondit pas. La raison de Grace la supplia de s'interrompre, mais trop longtemps elle s'était tue, trop longtemps elle avait observé sa supérieure en proie au remord...
Dans son élan, la frustration vint se mêler au cortège de paroles qui couvaient en elle, ne demandant qu'à franchir la frontière de ses lèvres, des mots clandestins qui dépassèrent sa réserve et sa pensée :

-Est ce qu'au moins vous avez conscience de votre attitude ? Une idée de tout ce que j'ai pu penser lorsque vous avez filé après vous être effondrée ? J'ai... Elle s'interrompit... Et vous revenez comme ça, de bon matin, en souriant et en mentant à nouveau, comme si de rien n'était ? Mais quand prendrez vous enfin conscience que nous ne sommes pas comme vous ? Merde, on est pas des machines !

Interdite par ces remontrances inattendues, l'agent Lisbon resta quelques secondes sans pouvoir prononcer un mot, laissant ces paroles s'imprégner en elle, tandis que Grace fermait les yeux, prenant conscience avec effroi des mots qu'elle venait de prononcer. Elle était foutue... Putain, mais pourquoi avait il fallu qu'elle l'ouvre ? Elle s'était battue pour rentrer dans cette unité... tout ça balayé en quelques secondes parce qu'elle n'avait pas pu se retenir d'engueuler sa supérieure ?

Alors que Lisbon s'apprêtait à répliquer, Cho pénétra dans la pièce, sa voix s'élevant, brève et sèche :

-Patron, Kanako Artkins a laissé un message pour vous. L'enterrement de Perry Artkins a lieu aujourd'hui à l'église Sainte Claire... et ça ne va pas tarder à commencer.

Teresa Lisbon détacha son regard de l'agent Grace Van Pelt, sembla réfléchir quelques instants, et acquiesça doucement, avant de se diriger vers le porte manteau.

-Okay... Cho, tu restes ici pour t'occuper du reste, ce ne sera pas long. D'un mouvement brusque elle se tourna vers la jeune femme au visage blême, lui adressant un regard indéchiffrable. Van Pelt, notre « discussion » n'est pas terminée...

Puis, elle commença à se diriger vers la sortie en marchant d'un pas rapide, s'engouffrant au dehors. Un silence s'installa, Grace repensant avec horreur à la tournure qu'aurait pu prendre la « discussion » si Cho n'était pas intervenu :

-Merci...

-Pas de quoi.

De dépit, Grace baissa doucement la tête en déclarant doucement, sentant le regret l'étreindre progressivement :

-Cho... J'ai merdé, non ?

-Ouais.

Elle ne donnait pas cher de sa tête lorsque Lisbon rentrerait...

*

Dans l'immense cimetière Sainte Claire, le bruit de leurs pas crissa sous l'herbe tendre, alors que résonnait au loin les prières psalmodiées doucement par le révérend. Malgré la douce brise qui jouait dans leurs branches, les arbres semblaient avoir cessé de bruire comme pour ne troubler en rien ce moment solennel... A l'inverse de l'agent Lisbon qui ne sembla avoir aucun scrupule pour murmurer d'un air furieux :

-Que les choses soient bien claires, Jane. La plainte nous pend au nez... alors, un seul mot déplacé, un seul, et je m'arrange pour que le gars des pompes funèbres me fasse un prix d'ami... avec vous comme mort, ce ne devrait pas être difficile.

-Allons, Lisbon, vous avez accepté de m'emmener, vous savez donc que je sais me tenir...

-Rectification, vous vous êtes incrusté tout seul dans ma voiture alors que j'avais le dos tourné, et je n'avais pas mon spray contre les parasites sur moi... Donc vous m'accompagnez mais vous la fermez, c'est clair ?

Le mentaliste leva les mains d'un air innocent et acquiesça, avant de commencer à s'avancer vers l'attroupement en déclarant :

-C'est bon... mais inutile de faire retomber votre colère sur moi, Lisbon, cette fois ci je n'y suis pour rien.

-Je vous demande pardon ?

-Oh, allez, ne faites pas comme si vous ne saviez pas... La réaction de Grace vous préoccupe.

Teresa interrompit sa marche, le ciel commençant à s'assombrir, les nuages reflétant parfaitement son humeur orageuse, et le fustigea d'un regard d'une noirceur qu'il avait rarement connue :

-C'est parfaitement ridicule.

-Ah, mais je n'ai jamais dit que ça ne l'était pas... Déclara-t-il d'une voix évidente. Je dis simplement que ça vous préoccupe.

L'agent Lisbon ne dit mot, alors qu'ils reprenaient leur marche silencieuse. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Jane avait raison, ce foutu bâtard avait touché juste, comme de nombreuses fois... S'était elle attendu à une telle réaction de la part de la fidèle Grace Van Pelt qui aurait préféré se faire écraser plutôt que de ne pas aller au boulot le matin, qui tenait plus que tout à son boulot ? Elle se rendit à l'évidence, son comportement l'avait surprise...
Est ce qu'au moins vous vous rendez compte de votre attitude ?
Elle sentit la colère et l'agacement la gagner. Bien sûr qu'elle savait que cela les avait touché... Comment aurait-elle pu l'ignorer ?
Elle non plus n'était pas une machine ! Elle aurait voulu lui crier qu'elle aussi elle ne cessait de pleurer depuis le début de cette affaire de merde, qu'elle s'en voulait de les avoir entraîné là dedans... Mais elle n'y arrivait pas. Le partage, les sentiments... cela n'avait jamais été son truc.
Elle préférait souffrir en silence, les épargner... rester professionnelle. Faire comme si de rien n'était, c'était sa manière à elle de leur faire comprendre qu'elle aurait aimé que tout soit comme avant...
Pourquoi ne voulaient ils pas le comprendre ?

A ses côtés, Patrick Jane jeta un bref coup d'œil à sa supérieure en proie à une douloureuse introspection, et n'ajouta rien. Aux questions qu'elle se posait, il n'avait pas la réponse, il les cherchait encore... peut être les trouverait il un jour, ou bien mourrait dans l'ignorance. Après tout la fortune souriait bien aux innocents... Il se raisonna. Qui était l'imbécile qui lui avait mis un adage pareil dans la tête ?

-Teresa...

Tous deux furent interrompus dans leurs pensées par la voix ronde de Kanako Artkins qui s'avançait à leur rencontre. Toute de soie noire vêtue, elle s'approcha, laissant planer une lourde odeur de jasmin dans son sillage, pour venir prendre Teresa Lisbon dans ses bras.
A ce contact soudain celle ci se raidit, avant de se détendre et lui rendre maladroitement son étreinte.

-Je suis contente que tu sois venue Teresa... Perry aurait apprécié ce geste, je le sais...

-Kako... l'appela instinctivement Teresa, alors que le visage de Kanako se fendait d'un sourire ému et triste... Tu as l'air tellement... sa gorge se noua.

Les yeux vides de Kanako s'illuminèrent doucement :

-Quoi donc, Teresa... Triste, fatiguée ?

L'agent Lisbon ne sut quoi dire. Face à cette femme qui l'avait tant connu jadis, elle se sentait redevenir une enfant...
Bien sûr que Kanako était triste, l'homme qu'elle avait tant aimé venait de mourir... Bien sûr qu'elle était fatiguée, elle n'avait pas dû dormir plus de quelques heures ces derniers jours... Elle sentit ses yeux s'emplir de larmes.

-Désolée. Tu as l'air tellement désolée...

Au moment même où les paroles franchirent ses lèvres, elle sut que c'était vrai.
Elle sut que la tristesse n'était pas la seule à assombrir le cœur de cette femme. Mais aussi le regret, les remords qui tissaient une toile d'un indicible chagrin, ce regret et ces remords qui rythmaient ses sanglots.
A ces mots, les traits de cette femme sans âge se crispèrent. Cette femme si digne, au visage si parfaitement impassible, aux traits si réguliers, qui dissimulait tant de choses...
Et les yeux de Kanako s'emplirent de larmes, des larmes qui avaient refusés de couler durant ces quelques jours, cet enfer, ce gouffre de sentiment empli de désespoir.
Kanako Artkins pleura.

Oui, Kanako Artkins laissa libre cours à son chagrin, alors que sa tristesse trouvait un horrible écho chez la jeune femme qui la prenait dans ses bras...
Pleurant toutes deux en un jour funeste, alors que le ciel laissait éclater sa fureur.

Ne plus chercher à se cacher...
Accepter de se dévoiler, accepter de donner un pan de son âme...
Un acte libérateur, un acte rédempteur...
Pourquoi son cœur lui semblait il brisé, tombé en poussière ?
Alors pourquoi cela faisait il si mal ?



Voilà Voilà ^^
A Lundi donc (ou peut être Dimanche soir mais c'est moins sûr) pour le chapitre 9 !
Et n'oubliez pas la review ;p
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Message  Madii Ven 25 Juin - 22:56

"Oeil pour Oeil, sang pour sang " Je vais pouvoir la relire ! Et pouvoir la commenter :) Youpi (*On se calme Madii*)
Je fais au plus vite pour tout relire et poster des commentaires Laughing
En tout cas contente que tu l'as reposte
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Message  Indigo Dim 27 Juin - 22:10

Madi a écrit:Je fais au plus vite pour tout relire et poster des commentaires

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii :mgreen: *oui, je suis enthousiaste, ça se voit tant que ça ?*

Voici maintenant a new chapter, inédit donc, qui je l'espère vous plaira :)

Chapitre 9 :

Déambuler à travers les dalles de granits, poser nos pieds nus sur les pavés de pierre grossièrement taillées et sentir le contact soyeux d'une exaltante froideur contre notre peau.
Ne pas s'attarder alors que l'on sent le givre s'infiltrer en nous, remonter le long de nos jambes, engourdissant nos membres.
Inspirer l'air nocturne, laisser la brise et l'atmosphère d'une lourdeur hivernale emplir nos poumons.
Et sentir la pointe de nos pieds qui résonne en un claquement dur et reculé, un léger bruit qui trouble le silence.

Nous avons peur. Nous craignons l'ombre qui s'avance, nous pleurons.
Nous avons peur de tout. Sauf de la mort. Nous n'avons plus conscience du temps.
D'un mouvement négligé, nous nous laissons glisser contre la paroi dure et inconfortable qui se dresse contre notre dos.
Des mains douces et chaudes, vivantes, se referment sur les nôtres, glaciales... Mais nous ne ressentons plus rien.
Nous sommes seules, si solitaires.

-Teresa, regarde-moi...

Nous ne voulons pas regarder. Nous secouons la tête.

-Qu'est ce qui s'est passé Teresa ? Où est ta mère ?

La voix apaisante nous vrille les oreilles. Le silence. Voilà.
C'est ce que Teresa veut, ce que nous désirons.
Nous ne voulons pas nous rappeler. Rien ne s'est passé.
Nous secouons la tête si fort... comme pour sortir l'image de notre esprit. Une image qui déjà s'estompe au fil de nos dénégations.
Du sang partout. Du sang qui tapisse les sièges, et le corps arqué de Maman...
Nos mains qui s'apposent sur elle, qui ne veulent pas lâcher son visage endormi.
L'image redevient vive, presque aveuglante.
Du sang partout. Partout. Partout.

-Teresa ! Montre-moi tes mains !

Silence.

Nous cachons nos mains, elles sont si sales, trop sales. Maman riait beaucoup quand nous rentrions sales, elle nous surnommait « son petit cochon» quand nous étions petites, et parfois elle faisait mine de se fâcher... Nous avons cessé d'être sales, depuis des années, mais maman soupire toujours. Nous ne rangeons jamais. Elle n'aime pas ça. Pas ça du tout.

-NON ! Nous ne voulons pas qu'on nous touche !

Nous crions, et nous débattons avec tant de force que les mains et leur étreinte se relâche.
Nous frappons dans le vide alors que l'ombre recule en hurlant. TERESA !
Nous sommes Teresa. Et nous pleurons, alors que les bras se referment autour de nous.

Maman...

Nos paroles résonnent, un murmure à l'oreille de notre protecteur. Et pourtant, nous frissonnons, nous n'arrivons pas à effacer. Nous ne voulons plus nous rappeler, nous voulons honnir, oublier. Tout.

-Il y a du sang. Du sang partout. Partout.

Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout. Partout....

Dans les jardins, les camélias se meurent en silence...
Laissant planer leur subtil parfum en une ultime exhalaison.

*

Ouvrez les yeux, lambeaux de réminiscence. Laissez la s'éveiller, vous ombres de l'esprit, et accordez lui votre pardon. Ne la laissez pas à sa peine, elle a déjà expié sa faute...

Réalité. Reviens dans le réel, Teresa, ma petite Teresa....


Des voix qui s'entremêlent, qui s'épousent et se déchirent en parfaite disharmonie, une mélodie à quatre voix, quatre cordes... quatre notes qui s'élèvent pour disparaître et laisser place à une discordante accalmie.

Ne les laisse pas t'enlever ce qui a fait de toi ce que tu es. Oublie-nous.

Teresa, tu me reconnais ? Teresa ? C'est moi... Teresa, Regarde-moi...


Et prendre conscience de son éveil, pleinement. Sereinement.


*

-Lisbon ?

L'agent Teresa Lisbon cilla, sentant son esprit retrouver son enveloppe charnelle, se retirant de ses souvenirs. Son regard se détacha de la vitre de la vieille DS de Jane, avant de se tourner vers son conducteur, ses yeux à demi fermés sous une douce torpeur. Enfin, les brumes de son esprit se dissipèrent et son regard rencontra fugitivement celui du mentaliste avant que celui ci ne se concentre à nouveau sur la route.

-Jane... Nous roulons depuis longtemps ? Demanda t elle en étouffant un bâillement, essayant de refouler ces énièmes réminiscences qui ne cessaient d’apparaître et de disparaître subrepticement.

Celui ci secoua doucement la tête :

-A peine quinze minutes, mais vous êtes tombée comme une souche. Je crois que...

Un fort bruit de moteur couvrit le reste de sa phrase, une forte odeur de fioul emplissant l'habitacle.
Jane s'interrompit, quand enfin sa bonne vieille DS cessa de toussoter, sous le regard interdit de Lisbon. C’est pas vrai…

Alors que ses pensées se dissipaient, Teresa fut assaillie par un léger doute… un très léger mais terrible doute :

-Jane... Vous n'avez quand même pas noyé le moteur ?

Pas de réponse.

-Jane ? Insista t elle, son regard se voilant d'une ombre suspicieuse.

-Peut être... reconnut il d'un air fermé, évitant son regard pour se concentrer sur la route, passant outre les protestations de sa voiture. Mais on devrait être pouvoir arriver à destination.

-Ce n'est pas la question... Jane.

Comment avait il pu commettre une bourde pareille ? A cette question, elle redoutait de connaître la réponse…

-Hum ?

La voix du mentaliste lui apparut détachée et presque détendue, mais sachant que sa vieille carlingue pourrie était l'une des choses qui lui était le plus cher...

-Oh, je vous en prie, Jane, reconnaissez pour une fois dans votre vie que vous avez merdé. Laissa échapper Teresa d'une voix mal réveillée, exaspérée par le crachotement incessant de l'antique voiture.

-Je n'ai pas « merdé », Lisbon. J'ai juste eu un moment d'inattention, cela arrive à tout le monde.

Non mais je rêve...

-Pas à vous... Oui, vous avez bien entendu et je ne le redirais pas deux fois. Mais non, ce n'est pas tout le monde qui irait conduire ce vieux tacot et qui y tiendrait comme à la prunelle de ses yeux. Et qui irait encore moins se tromper d'essence, sachant que ça peut lui être fatal !

Le mentaliste ne répondit pas, ne cherchant même pas à infirmer ses dires.
Son silence acheva de mettre Lisbon de mauvaise humeur, humeur qui n'avait cessé de croître depuis son réveil brutal par une bagnole d'un autre âge qui menaçait de rendre l'âme à tout instant.
Elle avait eu une journée particulièrement éprouvante, et réconforter Kanako n’avait pas été la chose la plus agréable qui soit…
Sans compter qu’il avait pu les observer, il avait eu tout le loisir de la voir pleurer. Oui, l’apercevoir réconforter celle qui s’était occupé d’elle durant l’enfance… la voir pleurer avec elle, l’entendre sangloter…Une bouffée de gêne et de colère la traversa à cette pensée, alors que la vieille Citroën laissait échapper une énième expectoration :

-Okay, Jane... garez vous !

Un instant de flottement s'installa, avant que Jane ne s'exclame d'une voix surprise :

-Quoi ?

Cette exclamation eut tôt fait de faire monter la fureur de l’agent Lisbon d’un cran :

-Cette bagnole va exploser d'un instant à l'autre si ça continue... ALORS VOUS ALLEZ VOUS GARER !

L'infortunée cible de son courroux finit par obtempérer, se garant maladroitement sur la chaussée, la voiture manquant de s’emboutir contre le trottoir.
Enfin, le moteur se coupa, et Jane tapota du bout des doigts son volant d'un air agacé.
Agacement qui le surprit plus que tout autre chose.
Cette femme avait réussi à l'énerver, cela n'était pas arrivé depuis... longtemps.
Il n'avait pas l'habitude de subir les affres du commun des mortels, aussi tenta-t-il de le dissimuler de son mieux sous un de ses fameux sourires... sourire qui sembla plus s'apparenter à une grimace qu'à une marque enjôleuse de séduction :

-C'est bon ?

Lisbon acquiesça, avant d'ouvrir subitement la portière et de poser un pied à terre en déclarant :

-Je préfère finir à pied.

-Allons Lisbon, vous rigolez... nous sommes encore à vingt minutes des bureaux.

-Justement... Elle s'interrompit, et se mordit doucement la lèvre, sa tête se penchant légèrement, hésitante.

Il n'en fallu pas plus pour que celui ci déchiffre son geste et ne ressente ce besoin de solitude, cette envie de se retrouver seule avec ses propres pensées. Ce besoin, il l’assouvissait en somnolant en apparence sur son canapé… Aussi, se surprit il (cela allait finir par devenir une habitude…) à commenter son geste d’une voix compréhensive :

-Je dis aux autres que vous êtes retourné au Musée pour poursuivre les investigations ?

Celle ci acquiesça, avant de s'extirper de la voiture d'où s'échappait du capot une imperceptible fumée. Une fois cela fait, elle s'étira doucement avant de se retourner pour faire face au conducteur enfoncé dans son siège, se penchant pour lui adresser un léger sourire :

-Merci, Jane.

Celui ci grimaça en guise de réponse, et commença à tourner la clé de contact d'un geste preste...
Mais le moteur demeura ostensiblement silencieux.
Celui ci jura intérieurement sous le regard amusé et gêné de sa coéquipière, et ils échangèrent un bref regard, le visage de Lisbon se déformant en une moue désolée.
Après tout, c'était elle qui avait « insisté » pour s'arrêter...
Il fit une nouvelle tentative... Pas de réponse.

Pour la première fois de sa vie, Patrick Jane ressentit un certain agacement à l'égard de sa partenaire de toujours, celle qui n'avait jamais failli... jusqu'à aujourd'hui.
D'un mouvement posé qu'il contint par habitude, il prit son téléphone et décrocha alors que Lisbon lui adressait un bref signe de salut auquel il répondit d'un discret signe de la main.
Alors que la tonalité retentissait, il observa d'un air songeur la silhouette de la jeune femme qui s'éloignait d'un pas rapide, et poussa un léger soupir impatient.
Tous deux savaient pertinemment pourquoi l'infaillible Patrick Jane était distrait ces temps ci...
Il avait pu ressentir l'intensité de la fureur de Lisbon lorsque celle ci s'était rendu compte qu'elle était impliquée personnellement dans ce petit accident de moteur…
Mais il savait que ce fait seul ne pouvait être responsable d'une telle colère, d'une telle détresse...
Non, elle avait encore dû découvrir quelque chose, et voulut le découvrir par elle même… comme toujours.
Toujours aussi bornée...
Il fut brutalement tiré de ses pensées par la voix qui s'élevait à l'autre bout du combiné, et esquissa un sourire radieux à l’encontre son interlocutrice :

-Oui, Garage Palozzo ? Bonjour, Patrick Jane à l'appareil... Qui ? Oh, le propriétaire de la voiture française... Voilà, j'ai un tout petit souci...


*



Jadis, je croyais en mes rêves... Une petite fille si lumineuse, si souriante. Une petite fille si innocente, qui ne cherchait que l'amour de ses proches.
Une innocence qui ne perdura pas, qui ne perdura plus le jour où on l'on m'a arraché à la lumière, et que je me retrouvais dans les ténèbres, à peine consciente. J'ai perdu mes repères.
A l'instant même où ton souffle s'est tari, où ton cœur s'est éteint, j'ai cessé de vivre.
Je n'ai plus été qu'une vulgaire poupée de remplacement... vivre ? Suivre ses rêves ?
Pourquoi faire ?
La seule raison qui m'a poussé à tenir... ce sont tes enfants démunis, et ton ivrogne de mari.
Maman... T'imaginais tu que ta petite fille ne vivrait que pour et par les autres ?
L'imaginais tu tenir une arme, protégeant les innocents de ces pourritures ?
Cette arme qui me confère tant de puissance, une force que je me dois d'user avec parcimonie...

La pensée m'a déjà traversé l'esprit... celle que tout le monde redoute d’effleurer.
Apposer le canon contre ma tempe, le métal glacial m'inspirant un léger frisson, inspirer doucement, énoncer une courte prière... et presser la détente.
Une fugitive vision qui se trouble au moment où le claquement retentit, que la déflagration s'annonce, illuminant un court instant les ténèbres dans lesquelles je suis plongée.

Mais lorsque mon regard effrayé se pose sur mon arme, je ne ressens plus que peur et dégoût.
Je sens mon ventre se nouer lorsque mes pensées se tournent vers ces fantasmes morbides qui assaillent mon esprit... Ce serait si simple et pourtant si égoïste...
Pourquoi est ce que je n'y arrive pas Maman ? Pourquoi est ce que je ne parviens pas à accepter cette mort qui m'a tant de fois tendu les bras ?
Et pourtant, la réponse m'apparait d'une incroyable simplicité.
Je ne veux pas mourir, Maman.

Je ne ferais pas comme toi, je ne les abandonnerai pas... Il faudra me tuer, enterrer mon corps ou bien le brûler et disperser mes cendres fumantes… car je ne cèderai pas.

Je vais tout découvrir, peu importe que la vérité m'aveugle, que je découvre que je suis adoptée ou je ne sais quelle autre connerie...
Et lorsque j'aurais tiré tout ça au clair, j'irai retrouver mon équipe.
Je ne sais pas si je parviendrai à leur demander pardon, je ne sais pas si ils parviendront à me comprendre... Je l'espère.

Je vais me battre avec mes propres armes... Je ne laisserai personne m'entraver, et ton fantôme ne fera que renforcer ma détermination.
Par ma seule fragilité et par mes larmes, je livrerais bataille contre ces ombres dans lesquelles je ne me complais que depuis trop longtemps.

TU ENTENDS ÇA MAMAN ?

*


-Où tu étais passé ? Et où est le patron ?

Telles furent les mots chaleureux qui accueillirent l'infortuné mentaliste qui venait de voir son amie de toujours partir au garage. La séparation avait été brutale, cruelle même, mais il avait fallu se résigner et faire un choix. Accompagner sa huitième merveille du monde, ou bien lâcher prise et redéfinir ses priorités. A son grand regret, il avait rapidement admis que sa voiture passait au seconde plan... Aussi avait il appelé un taxi pour rentrer au bureau, et se retrouver sous le regard inquisiteur de Cho.
Enfin, il émit une légère grimace et répondit doucement :

-Ma voiture est tombée en panne et Lisbon est partie au Musée pour continuer ses recherches...

-Ta vieille carlingue est tombée en panne ? Répondit son interlocuteur en haussant un sourcil, stoïque.

Jane tiqua, corrigeant machinalement :

-Ma « voiture » est tombé en panne, oui. Cela arrive aux meilleurs d'entre nous.

-Par pitié Jane (intervint Rigsby d'une voix amusée) ne confond pas ce pot de yaourt et nos voitures.
Mais j'avoue que je suis curieux pour le patron, elle a découvert quelque chose ?

Le mentaliste haussa les épaules, son visage se fendant d'une moue indécise... Une réaction qui laissa Grace perplexe. Celle ci se tenait légèrement en retrait, observant les trois hommes d'un œil discret, toujours préoccupée par la réaction qu'elle avait eu à l'encontre de sa supérieure quelques heures plus tôt.
Enfin elle se décida à intervenir, demandant d'une voix dubitative :

-Jane... Pourquoi ne nous as tu pas appelé pour que l'on vienne te chercher ?

Le visage du consultant s'éclaira d'une brève moue amusée et leur adressa un sourire éclatant, alors qu'il se dirigeait vers son bien aimé sofa :

-Parce que vous m'auriez envoyé me faire voir tout simplement.

Alors que cette phrase retentissait dans les bureaux du CBI, Jane sentit une soudaine tension s'installer.
Il avait dit cela sur un ton badin, une simple boutade qui avait germé dans son esprit pour éviter de dévoiler une raison plus profonde et plus simple qu'il n'y paraissait, mais qu'il répugnait à admettre.
Mais à ce trait d'humour le visage des autres agents s'assombrit, laissant voir durant un bref instant leur âme blessée. Oui, Patrick Jane les avait blessés.
Et alors que cet état de fait s'inscrivait dans son esprit, il prit conscience de la bouffée de honte et de gêne qui l'avait envahi.
Il avait perdu le contrôle, il avait inconsciemment proféré une bêtise qu'il aurait dû savoir retenir. Après tout, il connaissait cette équipe, il savait quoi dire pour les mettre dans l'embarras, ou bien apaiser leur esprit.
Chaque mot était maitrisé, chaque ton, chaque parole obéissait à une étrange logique, cette logique qui lui était propre.
Mais les choses lui avaient échappé, il avait dérapé... Et, bien qu'il n'en laissa rien paraître, continuant à s'allonger sur le canapé, son visage crispé en un sourire trop nonchalant pour qu'il soit sincère... il se sentit mal.

Un silence s'installa, quand enfin la voix de Grace s'éleva, non pas furieuse ou déçue comme il aurait pu s'y attendre, juste... compréhensive, et teintée d'une certaine tristesse :

-Non, Jane nous serions venus te chercher. Nous aurions râlé, ou nous t'aurions chambré sur le fait que ta voiture t'ait lâché... mais nous serions venus te trouver.

A ces mots, le ventre de Patrick Jane se noua, et ses yeux cillèrent brusquement.
Tout ce qu'il voulait, c'était qu'ils ne se préoccupent pas de lui, qu'ils le laissent comme avant, et se concentrent sur l'affaire de Lisbon.
Il aurait pu leur dire, il aurait pu se dévoiler. Mais il ne pouvait pas.
A peine cette pensée lui avait elle effleuré l'esprit qu'elle lui sembla risible.
Leur expliquer ? Et continuer ce jeu ridicule qui s'était instauré entre eux ?
Il pouvait encore rompre ce lien ténu qui s'était instauré entre chacun d'eux... Il pouvait tout anéantir... en dix petits mots il aurait pu tout briser.
Mais il ne le ferait pas.

Tout simplement parce qu'il avait besoin de cette équipe pour attraper John Le Rouge... Oui, ce devait être ça, cela lui semblait d'une logique parfaitement claire. Conserver la cohésion, l'esprit de coopération entre eux afin d'obtenir des résultats plus concluants quant à la résolution de l'enquête.
Et aussi pouvoir se servir de leur crédulité, pouvoir accéder à des données qu'il n'aurait pu obtenir autrement...
Pauvre imbécile...

Était ce la seule raison ?

Le regard du mentaliste se perdit au plafond, s'attardant sur les tâches de moisissures qui avaient commencé à envahir les locaux. Non, ce n'était pas la seule raison, il le savait.
Le doute avait commencé à l'envahir il y a quelques mois, et il s'en trouvait confirmé.

Laisser le statu quo, ne rien dire, ne rien ajouter qui n'aurait pu envenimer les choses, et pourtant... ne rien dire ne pourrait que les rendre plus complexes.
Les pensées fusaient dans sa tête, virevoltant, toutes lui apparaissant erronées, aucune ne convenant à la situation.
Enfin, il se releva bruyamment, ouvrant brusquement les yeux pour observer cette équipe qui s'affairait au travail. Leurs regards se posèrent sur lui, interrompant brusquement leurs tâches.
Le monde semblait avoir cessé de tourner, le temps suspendu en cet instant où tout ne reposait plus que sur un tout petit mot qui ne demandait qu'à franchir ses lèvres :

-Merci.

Le temps reprit sa course, semblant s'emballer, et Patrick Jane sentit la fatigue lui embrumer l’esprit, alors qu'il s'allongeait à nouveau. Une douce lassitude et une certaine fierté qui l'envahirent, lui procurant une étrange satisfaction, alors que Van Pelt et Rigsby esquissaient un léger sourire, et que Cho secouait imperceptiblement la tête d’un air ennuyé

Le Statu Quo avait été préservé, pas de choix, pas d’impact. Un fil du rasoir qui pouvait se rompre à chaque instant…

Et plus rien n'est à dire.


Voilà voilà ^^
Impressions ?


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Message  Gateone Lun 28 Juin - 11:08

Euh...commentaire inutile mais, je comptais lire le Chapitre 7 mais je le vois pas scratch
Alors soit c'est moi, soit c'est le fo xD Very Happy

Sinon ta fic est géniale, continue surtout hein :mgreen: (style de dire quand même quelque chose sur ta fic quoi...xD)
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Message  Madii Lun 28 Juin - 11:53

Alors, j'ai recommencé à relire ta fic (et à la commenter en même temps bien sûr ).

J'ai déja commenter le Prologue (sur l'autre forum), mais je ne me souviens plus de se que j'avais marqué... Rolling Eyes . Donc je recommence.
Alors... L'introduction est très bien écrite, la façon dont tu narre c'est génial.
J'aime beaucoup le fait que c'est le point de vu de John le Rouge. La façon dont il décrit son crime, on dirait que dans un sens il a comme de la compassion pour ses victimes, j'ai presque l'impressions qu'il se sent obligé de les tuer. On ressent bien aussi qu'il veut jouer avec Jane, qu'il veut être la raison de vivre de Patrick.

Le moment que j'adore dans ce paragraphe:
"Je suis John le Rouge, le Punisseur et le Rédempteur. Le sang me tâche et me poursuit, il me pourrit.
Je suis le Diable et je suis l'Ange.
Le Mal n'a pas de visage... seul le Bien peut être discerné"

J'aime beaucoup la phrase: " l'avenir est indistincts, mais le Destin, lui, demeure."Donc ce que j'essaie de dire... c'est que j'ai dévoré ce Prologue pour deuxième fois drunken Alors surtout continue cette fic s'il te plaît Laughing

Ps: je ne vais pas tout de suite lire le Chapitre 9, je voudrais d'abord relire les autres chapitres.
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Message  Indigo Lun 28 Juin - 12:24

Pour le chapitre 7, le forum est a incriminer vu qu'il ne l'affichait pas, mais merci de m'avoir prévenu Wink
Mais après quelques coups de pied donnés au serveur, il semblerait que celui ci remarche et que le chapitre s'affiche :mgreen:

sinon merci beaucoup Madi pour ton com' même si on en a avait déjà discuté avant, et j'attend avec impatience le suivant Wink
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Message  Madii Mar 29 Juin - 11:39

Chapitre 1:
Alors... Un chapitre super. Beaucoup de passage appréciable, très appréciable même.
J'ai adoré le moment avec le sandwich entre Cho et Jane :mort de lol: (Sérieux je me suis bien marrée ^^). Et cette réplique là:
-"Attends... tu as goûté une pièce à conviction ?
- Bien sûr que non, tu me prends pour un imbécile ? "
J'adore :love:
J'adore le passage aussi entre Lisbon, Jane et Melle Emerson ! Et Jane qui dit: "C'est marrant... Elle ment exactement comme vous !" C'est bien du Jane ça :mort de lol:. Et la réaction de Lisbon, exaspérée par son comportement. ^^
Et Teresa qui finit par lui dire:
- "Vous savez quoi, Jane ? J'ai toujours dit que vous étiez un grand malade... " ^^
Et Jane qui en rajoute :mort de lol: .

Donc en résumé j'ai adoré ce chapitre ! Il y a beaucoup de moment que j'ai adoré * Bon tu vas arrêter de radoter, oui ?*
Tu écris très bien, et c'est super !


Chapitre 2:
Encore un chapitre super ! J'avais l'impression de voir un épisode... Je trouve fabuleux que l'on passe d'une scène à l'autre, tu vois qu'un moment on est avec Rigsby et Cho et juste après on est avec Jane et Lisbon.
Rigsby dans l'amoureux transi c'est génial, il est complètement ailleurs... Et Cho qui arrive tout en délicatesse pour l'aider à remettre les pieds sur Terre ^^ " Tu peux me dire pourquoi tu souris comme un abruti depuis tout à l'heure ?", avec ça, tu reviens à toi direct Laughing.
Lisbon quand à elle n'a pas l'air en forme, d'une fatiguée (pas étonnant vu le temps qu'elle a dormi), mais aussi exaspérée par Jane je crois, et puis le gardien, que Lisbon doit aller chercher sous la pluie n'arrange pas du tout les choses.
J'ai l'impression qu'entre Joshua et Isabel ce n'est pas le grand amour...
Et Jane qui veut absolument faire parler Mr Stieg, Lisbon le laisse partir...
Et pour finir le contact tactile, Lisbon pourquoi est-elle gênée ? Il n'y a pas de quoi... J'ai juste un geste banal... mais ça semble plus pour elle, ou je me trompe ?
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Message  Indigo Mar 29 Juin - 16:36

Madi a écrit:Tu écris très bien, et c'est super !

Ouah, merci beaucoup Embarassed Et je te remercie pour ces commentaires, cela me touche énormément, surtout que je les trouve très intéressants ! Wink

Madi a écrit:Je trouve fabuleux que l'on passe d'une scène à l'autre, tu vois qu'un moment on est avec Rigsby et Cho et juste après on est avec Jane et Lisbon.

Pour Mentalist, c'est quand même l'histoire d'une grande famille qui se construit au fil des saisons. Tout l'équipe y est importante, et chaque personnage se doit d'apparaitre un minimum... Certes, mes préférés sont Teresa Lisbon et Patrick Jane, mais j'apprécie aussi énormément Cho qui reste un personnage dont le développement peut se révéler extrêmement intéressant, et dans une moindre mesure Van Pelt et Rigdby que j'aime bien tout de même =)
Ce sont toutes leurs interactions entre eux et avec le monde extérieur qui rendent les épisodes aussi divertissants ^^

C'est ce que j'essaye de retranscrire ici, même si je m'attarde plus sur Lisbon et parfois Jane =)

Madi a écrit:Et pour finir le contact tactile, Lisbon pourquoi est-elle gênée ? Il n'y a pas de quoi... J'ai juste un geste banal... mais ça semble plus pour elle, ou je me trompe ?

Pas vraiment... Hum, comment dire... Lisbon n'aime pas vraiment le contact à mon sens. Elle n'aime pas prendre les gens dans les bras par exemple ou que l'on puisse lui témoigner une sorte d'affection.
Elle est, à l'instar de Jane, très pudique... Alors oui, en un sens, elle est gêné de par cette pudeur qu'elle possède à l'origine mais aussi parce que Jane est l'un de ses amis le plus proche, c'est vrai Wink
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Message  Madii Mar 29 Juin - 16:58

Indig' à écrit:
Et je te remercie pour ces commentaires, cela me touche énormément, surtout que je les trouve très intéressants !
Tu n'as pas à me remercier ! J'adore commenter ta fic... Elle est agréable à lire, et en plus je l'adore :love:

Indig' à écrit
Pour Mentalist, c'est quand même l'histoire d'une grande famille qui se construit au fil des saisons. Tout l'équipe y est importante, et chaque personnage se doit d'apparaitre un minimum... Certes, mes préférés sont Teresa Lisbon et Patrick Jane, mais j'apprécie aussi énormément Cho qui reste un personnage dont le développement peut se révéler extrêmement intéressant, et dans une moindre mesure Van Pelt et Rigdby que j'aime bien tout de même =)
Ce sont toutes leurs interactions entre eux et avec le monde extérieur qui rendent les épisodes aussi divertissants ^^

C'est ce que j'essaye de retranscrire ici, même si je m'attarde plus sur Lisbon et parfois Jane =)

Je t'assure Indig' que tu y arrives très bien Razz Et je suis tout à fait d'accord avec toi =D

Indig' à écrit:
Pas vraiment... Hum, comment dire... Lisbon n'aime pas vraiment le contact à mon sens. Elle n'aime pas prendre les gens dans les bras par exemple ou que l'on puisse lui témoigner une sorte d'affection.
Elle est, à l'instar de Jane, très pudique... Alors oui, en un sens, elle est gêné de par cette pudeur qu'elle possède à l'origine mais aussi parce que Jane est l'un de ses amis le plus proche, c'est vrai

J'ai remarqué moi aussi que dans les épisodes Lisbon est assez réticente lorsque Jane la prend dans ses bras par exemple (Je ne sais plus dans quel épisode par contre Embarassed ). Mais je n'y avais plus pensé en fait *quelle tête de linotte*^^
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Message  Madii Mer 30 Juin - 16:30

Chapitre 3:
Ce chapitre est tout aussi bien que les autres :love: mais plus émouvant je trouve.
La pauvre Lisbon ! Elle semble, je dirais même qu'elle est, complètement anéantie... et pour couronner le tout elle est malade. Je la plains !
Je trouve Jane très attentionné envers elle... Il est trop chou à s'occuper d'elle... quand il lui remet la couverture par exemple.
Et en plus, malgré la situation de détresse de Lisbon, il arrive à la faire sourire...
J'adore quand on est dans la pensée de Jane et qui dit: "Qui a dit que j'étais le patient le plus chiant de la Terre ?" :mort de lol:

Un chapitre plein de petites attentions... Et où on peut voir que sous la carapace de l'Agent Lisbon, se cache une femme sensible et humaine...
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Message  elodie17 Ven 2 Juil - 11:24

Voilà après une courte absence a cause de probleme je me suis aperçu que tu avait reposter le début de ta fic !
Bah je sais pas quoi dire a part que j'adore , que je trouve que tu écris trop bien et que l'histoire est trop passionante ! Enfin en gros je sais pas quoi dire a part ce que je t'avais déjà dit avant !Et puis comme d'habitude j'attend la suite , meme si je l'est déjà lu ! De toute façon comme tu le sait , je ne me lasserais jamais de lire ta fic ! Very Happy ( comment ça je suis folle et acros ?? C'est meme pas vrai je me soigne , bientot ça me feras plus rien quand on me dira qu'il y a un nouveau chapitre ..... enfin presque rien Wink )
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Message  Madii Sam 3 Juil - 12:08

Chapitre 4:
Alors...Alors...ça vient difficile de trouver des mots pour ne pas toujours dire la même chose...
Un beau chapitre avec son lot de répliques fabuleuses, comme celle-ci:
-"Regardez cette manière qu'elle a de pencher la tête... C'est exactement la même que la vôtre !
-Pas du tout...
-Mais si. Quand vous êtes gênée et que vous voulez passer quelque chose sous silence, vous penchez la tête de cette façon"
" Il mêla le geste à sa parole, et l'imita à la perfection devant une Teresa interdite et légèrement interloquée. Durant un instant, elle fut tenté de répliquer, mais finit par laisser tomber, quand Cho entra dans la pièce."
J'adore ce passage... Il est à mourir de rire :mort de lol:

Ensuite... Je suis convaincu qu'il y a anguille sous roches... vu la façon dont Joshua et Isabel se regardent et se parlent... Mais qu'est ce que c'est ?

Et le pari entre Rigsby et Cho :mort de lol:, N'empêche comment ils connaissent trop bien Jane... Ce moment est super...
Lisbon elle n'est toujours pas au mieux de sa forme...
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Message  Indigo Sam 3 Juil - 18:34

Je vous remercie toutes les deux qui m'ont réellement fait plaisir =)

Je poste ici un chapitre charnière de cette fanfiction, sachant que je ne serais pas là la semaine prochaine, je vous le livre donc en intégralité...en espérant qu'il vous plaira Wink

Chapitre 10 :


Se relevant doucement, Patrick Jane passa la main sur son visage, ses sens encore engourdis, la voix de Cho résonnant à ses oreilles :

-Y a une femme qui dit avoir des infos intéressantes, j'aimerais que tu viennes l'observer.

J'aimerais que tu viennes l'observer... En d'autres termes, « lève toi et viens faire ton boulot ».
Il était impressionnant de voir comment en l'absence de Lisbon Cho avait tout naturellement pris la direction de l'équipe. Nul ne trouva rien à ajouter, et même Patrick Jane s'exécutait sous ses ordres à peine dissimulés.
Certes, son calme et son sang froid l'avaient tout naturellement désigné pour occuper un tel poste et il s'en sortait avec brio mais... Les pensées de Jane s'occultèrent un instant avant d'admettre doucement, ce n'était pas Lisbon.
Non, et son absence se faisait cruellement ressentir, pour chacun d'eux.

Il n'était pas rare qu'il surprenne les regards coupables de Grace que celle ci lançait à la dérobée en direction du bureau désespérément vide, de voir Wayne hésiter avant de fourrer discrètement la nourriture dans sa bouche, ou même de surprendre un léger soupir en provenance de l'agent Cho.
Teresa Lisbon, cette mère et cette femme de poigne partie déblayer les réminiscences de son passé.
Il la revoyait s'élançant à grands pas vers la grande bâtisse qui s'érigeait au loin, ses cheveux noirs dansant et fouettant son visage déterminé figé en une moue sévère.

Il avait pu ressentir cela, il avait pu comprendre la détermination qui l'animait, et observer cette volonté farouche de vivre. Cette même volonté qu'il ne parvenait plus à ressentir, qu'il ne parvenait plus à comprendre. Il savait pertinemment que la vie s'était arrêté, que le temps avait suspendu pour lui son cours le jour où il avait découvert sa femme et sa fille baignant dans leur propre sang.
Il frissonna et tenta de rejeter cette image omniprésente dans son esprit. Autrefois, il s'était nourri de cette vision, il s'en était sustenté pour vivre, il en avait imprégné sa haine et alimenté sa détermination. Elle continuait de croître en lui, insidieusement.
Pourtant, il sentait le tranchant de ce souvenir s'émousser, ce fil qui lui avait permis de rester sur la brèche...
Qu'était elle devenue cette lame qui lui tailladait le corps et mutilait son humanité autant qu'elle lui affûtait l'esprit ?

Il se raisonna.
Il ne pouvait se permettre de voir sa rage faiblir ne serait ce qu'un instant.
Dans son esprit, il se visualisa la terreur qui l'avait enserré dans cet étau qui chauffait sa conscience à blanc.
Sa fille dormant paisiblement, le sang coagulé contre sa tempe tâchant ses beaux cheveux blonds.
Sa femme, les yeux grands ouverts de terreur, ses traits réguliers figés en une expression de stupeur muette, le corps arqué sur le lit, leur lit. Et ses vêtements mis en plis, comme une soigneuse mise en scène... une scène qui n'attendait plus qu'un simple levé de rideau pour se mettre en branle, rideau qui s'était dissipé sous le doux grincement de la porte en chêne.
Tout d'abord, un simple rai de lumière blanche et aveugle qui s'était glissé furtivement dans la pièce, puis la révélation, le claquement de l'interrupteur que l'on allume d'une main tremblante... et la Lumière qui se fait, la vérité et les conséquences des actes passés qui rejaillissent sous vos yeux, aveuglant votre raison et votre conscience.
Puis le déni, et l'horreur, le dégoût de cette existence, de cette vie purulente, si amère et si aigre que vous en vomissez vos tripes, alors qu'il n'existe plus rien... rien, sauf votre culpabilité, et cette haine profondément enracinée dans vos entrailles, dans votre chair.

-Jane, tu viens ?

Patrick Jane releva doucement la tête, et son regard à nouveau vide de toute compassion s'ancra dans celui de l'agent Cho, qui tressaillit imperceptiblement. Ce même regard qui était si souvent dissimulé sous d'innombrables sourires et une apparente assurance, un regard sans vie, animé par la seule vengeance. Ces mêmes yeux qu'il avait vu pétiller, et dont il avait vu le vide se combler partiellement...
Cho retint un juron, avant de reprendre d'une voix calme et impérieuse :

-La femme de chambre des Artkins est arrivée, et on n'attend plus que toi pour que tu viennes lui faire ton numéro.

Patrick Jane acquiesça doucement, sans même se cacher de la froideur nouvelle qui l'habitait, et, pénétrant dans la pièce voisine, commença à se diriger vers cette femme d'âge moyen qui semblait se tordre sur sa chaise.


*


Les genoux ramenés en une sage position, sa main droite pianotant nerveusement, Louise rejeta doucement sa tête en arrière avant de jeter un regard prudent en direction de cette silhouette immobile qui l’observait non loin, entre ombre et lumière. Enfin, celle-ci s’avança, un mince sourire aux lèvres, dévoilant des dents étincelantes en un sourire d’une exquise séduction, empli d’amabilité.
En réponse à ce salut amical, la femme de chambre n’esquissa qu’un faible sourire de reconnaissance, laissant planer au dehors un bref regard perdu et contemplatif.

-Bonjour… Lui déclara-t-il d’une voix douce, avant de s’assoir face à elle en un bruissement imperceptible.

Elle fut tirée de sa rêverie et lui adressa un léger sourire d’excuse, sentant sa gorge s’assécher, la moindre parole se faisant torture… Elle n’avait jamais été à son aise pour discuter avec des inconnus :

-Pardon…

D’une timidité maladive, Louise avait toujours eu du mal à aligner plus de deux mots lors d’un premier échange. Si ses pensées se révélaient le plus souvent éclairées et dignes d’intérêt, les exposer clairement à la vue et au su de tous l’emplissait d’une terreur innommable. Une terreur glaciale qui semblait figer ses mots avant de franchir la frontière de ses lèvres, ne laissant échapper qu’un silence interminable ou, dans le meilleur des cas, un soupir étranglé qu’elle ne pouvait s’empêcher de trouver pitoyable.
Pourtant, à la vue de cet homme, elle ne ressentit nulle honte ou nulle gêne à exprimer ses pensées.
Lorsqu’elle vit la souffrance qui habitait cet être, qu’elle la perçut distinctement comme une aura morbide qui planait… elle sentit les mots se délier et se déverser comme un torrent, un flux continu qui ne semblait pouvoir se tarir. Elle ne savait trop quoi dire, aussi laissa t elle s’épandre ce qui lui traversait l’esprit :

-Je m’appelle Louise Eoulon, je travaille depuis bientôt sept ans chez les Artkins. Au départ, j’étais juste là pour faire mes études en Histoire de l’Art et puis ça m’a gavé, je ne pouvais plus voir Gauguin en peinture (elle émit un rire bref à cette faible tentative d’humour, et le sourire de son interlocuteur s’élargit), et je faisais ce job comme petit boulot. Mais en fait, je suis pas vraiment femme de chambre, ou je ne sais quoi, je fais la poussière c’est vrai, mais j’aide Lady Artkins surtout… et le Musée. J’adore ce Musée, j’aidais aussi Monsieur Artkins, c’est aussi pour ça que je suis resté. Je fais office d’assistante, d’aide à domicile, de cuisinière parfois, c’est jamais très clair, mais ça me dérange pas vraiment. Je veux dire, je me plais chez eux, c’est un peu comme une seconde maison, vous comprenez ? Monsieur Artkins a pris des dispositions pour que je puisse toucher un salaire fixe malgré tout, alors que je suis logée et nourrie…

Elle sembla sur le point de rajouter quelque chose mais elle s’interrompit brusquement, puis se recroquevilla imperceptiblement sur sa chaise, de peur d’en avoir trop dit, quand la voix de son interlocuteur s’éleva :

-Hé bien, enchanté Louise. Vous permettez que je vous appelle Louise ?

Oui, chaque mot détaché résonnait comme un appel, une mélodie de peine et de douleur mêlée.
Et par delà cette douleur, elle discerna à travers cet homme d’une apparence si calme et si confiante un être qui scrutait le moindre de ses mots et de ses gestes, attendant tel un chasseur de relever la moindre faiblesse de sa proie, et de l’exploiter, sans vergogne.
Elle était peu être peu sociable et avait conscience de ne pas être d’une intelligence brillante, mais si elle était lucide sur son cas, elle l’était aussi sur celui des autres… et rien ne l’irritait plus qu’un homme trop sûr de lui, quand bien même s’agirait-il d’une apparence.

-Ce n’est pas la peine de faire le paon devant moi, Monsieur Jane. Car vous êtes bien Monsieur Jane n’est ce pas ? Le pseudo médium… Ironisa-t-elle

Le sourire de son interlocuteur s’élargit, formant un imperceptible rictus avant qu’il n’acquiesce doucement :

-Je n’aime pas non plus pour ma part le terme de médium. Je me contente…

-De prendre les Hommes pour des rats de laboratoire… comment-a-t-elle d’un ton acide.

Nouveau sourire. Pourtant, il sembla pendant un instant à la femme de chambre (qui n’en était pas une) que ses yeux s’étaient imperceptiblement agrandis sous le coup d’une légère surprise, avant qu’il ne rétorque d’un ton confiant :

-Mais vous aussi, très chère Louise. Vous cachez particulièrement bien votre jeu… La question est de savoir… Pourquoi ?

-Ce n’est pas vraiment la question qui nous préoccupe, nous le savons tous les deux. Ma question à moi sera de savoir pourquoi vous ne me posez aucune question… à croire que vous ne voulez même pas savoir ce que je viens faire ici.

Les yeux de Louise étincelèrent de victoire, alors qu’il levait les mains en signe de reddition, s’inclinant légèrement pour marquer sa défaite :

-Touché… (Enfin, il retrouva son sérieux, et ancra son regard dans le sien) Alors, qu’avez-vous de si important à nous dire ?

Elle s’humecta les lèvres avant de déclarer d’une voix où perçait la défiance :

-Est-ce que je pourrais avoir un verre d’eau ? Je meurs de soif…

Il acquiesça doucement, désignant la bouteille prévue à cet effet, attendant patiemment que son interlocutrice prenne une gorgée. Enfin, celle-ci daigna relever les yeux sur lui, esquissant une légère grimace avant de déclara d’une voix sentencieuse :

-Je crois savoir qui a tué Monsieur Artkins.

*

L’effleurant délicatement, les doigts de Teresa Lisbon s’attardèrent furtivement sur la poignée de la porte de service. Enfin, elle s’y appuya légèrement, pénétrant dans l’atmosphère feutrée du Musée d’Artkins, le bruit de ses pas résonnant en écho parmi les allées bordées de spécimens aquatiques d’un temps bien trop ancien et archaïque pour pouvoir être nommé.
Lorsqu’elle entendit des éclats de voix étouffés, les battements de son cœur cessèrent brutalement, son souffle se coupant, alors qu’elle se dissimulait dans l’ombre.

Une intruse, voilà ce qu’elle était, voilà ce qu’elle ressentait.
Elle s’immobilisa un instant puis, se rendant compte du ridicule de sa situation si elle venait à être découverte en train de se terrer derrière une vitrine emplie d’ammonites, se précipita vers la première porte qui s’offrait à elle.
Elle émergea dans une salle au plafond relativement bas, presque entièrement nue où s’étendaient quelques fleurs fraiches sur les murs d’une blancheur éclatante, rares tâches couleur pastel troublant une morne pureté. Dans une douce alcôve ne reposait qu’un bureau sobre, qui avait dû jadis être d’une coupure moderne mais que le poids des âges avait fait plier inéluctablement.

Elle fut arrachée à sa contemplation par les voix qui s’élevèrent de l’autre côté de la porte.
Des éclats de voix, de dispute mal contenue entre un homme et une femme. Richard et Isabel.

-Écoute Isa, c’est parfaitement ridicule…

-Louise est allée raconter quelque chose Rich’, je ne sais pas quoi, mais elle sait quelque chose… Elle a toujours eu l’art d’être discrète…

-Et que veux tu que l’on y fasse ?

Silence. Les voix commencèrent à décliner, au rythme du claquement sonore des talons d’Isabel sur le parquet, la voix de celle-ci lui apparaissant à présent lointaine :

-On ne peut plus rien. Nous avons tous eu à un moment ou à un autre le désir de tuer Perry. (Il y eut un léger mouvement, et un début d’exclamation franchit les lèvres de Richard avant que l’ancienne secrétaire de son père adoptif ne l’interrompe vivement) Ne me mens pas Rich’, tu y as déjà songé. Parce qu’il était tellement pur et parfait que nous ne pouvions faire autrement que le détester parfois. Je voulais simplement tous nous mettre en garde, que quoi que Louise puisse révéler, quel que soit le responsable de tout ceci, nous devons conserver notre famille.

-Tu es ridicule, Isabel… Et que ferions-nous si tu étais le coupable ? Ou Joshua ? Ou mère ? Ou même Louise ? Ou pourquoi pas moi pendant qu’on y est ?

Silence.

-Et bien il nous faudra faire avec, Rich’. Mais quoi qu’il arrive, le rêve de Perry doit être préservé… le Musée doit être préservé. Et je tenais à ce que ce soit dit.

Teresa ne parvint pas à distinguer la réponse de l’interlocuteur d’Isabel, et jura intérieurement. Elle avait toujours eu lors des filatures une certaine gêne lorsqu'elle violait l'intimité des autres... bien sûr, elle avait la loi de son côté. Là, les choses étaient différentes.
Elle n'avait aucune autorisation, trempait dans cette affaire jusqu'au cou... pire, avait décidé de faire cavalier seul.

L'agent Lisbon expira doucement, repoussant ses cheveux en arrière pour dégager sa nuque, alors qu'une goutte de sueur perlait sur son front. La chaleur estivale californienne était étouffante, et cette pièce ressemblait à s'y méprendre à un véritable sauna.
Avec prudence, elle rouvrit doucement la porte, pour ne trouver qu'un couloir vide de toute présence. Elle s'y engagea d'un pas léger, sans un bruit, pour reprendre sa route, l'oreille à l'affût du moindre bruit suspect, non sans avoir essuyé la poignée de porte... Conscience professionnelle oblige. Alors qu'elle achevait d'essuyer la barre ouvragée de laiton avec sa manche, elle se raidit, honteuse.
Elle ne se faisait pas seulement l'effet d'un rôdeur, elle se comportait comme tel.
Comment en était elle arrivée là ?
Jane.
Évidemment. Qui d'autre ? Voilà pourquoi elle se trouvait aussi confuse... en ce moment même, elle se comportait comme l'aurait fait Jane. Illégalement, cela allait de soi, mais surtout persuadé de sa bonne foi. Elle avait agit sous le coup de l'impulsion, et n'avait pas voulu faire les choses dans les règles. Il y avait quelque chose de pratique dans le fait de s'introduire chez les gens sans permission. Le fait de ne pas avoir à supplier ou à s'expliquer. Surtout, ne pas avoir à s'expliquer.
Et pourtant... elle se serait giflée.

C'était justement ce qui la différenciait de Jane après tout. Elle avait agit sur un coup de tête, il fallait maintenant en assumer les conséquences. Elle mènerait son investigation à bien, et puis si quelqu'un de la famille Artkins la surprenait, alors elle s'expliquerait sans honte.
Quoi de plus naturel après tout de rechercher la vérité malgré des méthodes quelques peu « cavalières » ?

Le pas à nouveau assuré, elle s'engagea dans l'escalier principal, l'estomac légèrement noué, avant d'atteindre l'étage supérieur en sautant plusieurs marches d'un geste impatient. Geste qui manqua de la faire tomber tandis que sa chaussure dérapait et couinait sur le marbre blanc, l'agent lâchant un chapelet de jurons tous plus imagés les uns que les autres.
Enfin, son pas se fit plus pressant, alors qu’elle s’engageait dans un couloir qui ne lui semblât que trop familier. Le long des murs d’un vert anis éclatant s’étendait de part et d’autre ces miroirs du passé, dans un endroit à la croisée des temps, seul rythmé par la respiration haletante de Teresa Lisbon qui se fit saccadée au fur et à mesure de son introspection forcée.
La photo où elle avait été représentée n’était pas unique... si ses agents s’y étaient plus attardés, ils auraient pu découvrir deux autres cadres à la bordure dorée, reposant parmi cette mémoire collective que constituait ce couloir des songes, intemporel.

Chaque photo éveillait et confortait en elle cette ferme et résolue volonté de pouvoir retrouver cette pièce manquante du puzzle, cette sensation de manque, d'inachevé.

-Teresa ?

*


Louise baissa les yeux, troublée par le regard insistant que lui lançait son interlocuteur. Lorsqu’elle plongea son regard dans le sien, elle sut qu’il était plus à l’affut que jamais, observant ses lèvres se pincer furtivement, et ses yeux se plisser légèrement… alors, elle comprit.
Patrick Jane était impliqué personnellement. Ou alors quelqu’un qu’il connaissait.
Quoi qu’il en soit, elle devait peser ses mots avec soin, sous crainte que celui-ci ne réagisse trop vivement, du moins à sa manière. Elle avait voulu faire ravaler cet orgueil démesuré, ébranler cet édifice gargantuesque d’égocentrisme et de suffisance, pour laisser éclater ce doute sous jacent. Pour cela, elle avait clamé ces mots sentencieux… mais elle s’en voulait d’avoir réagi comme une enfant.

-Le soir de la mort de Monsieur Artkins… commença-t-elle d’une voix plus douce. Je m’occupais de classer les dossiers de la salle XIII en vue d’une exposition temporaire…

Au fil de ses mots resurgit cette vision du passé, des formes floues qui au rythme de ses paroles s’accentuèrent, la scène lui réapparaissant à présent nettement. Une tasse de thé à la main, ses cheveux blond vénitiens relevés négligemment et attachés par un simple crayon de bois, elle pouvait ressentir les effluves de cannelle et de bois d’acajou du bureau sur lequel elle travaillait. Dans le silence nocturne, seul le grattement sec de sa plume accrochant le papier lui parvenait, la laissant libre de se consacrer pleinement à sa tâche. Elle n’avait jamais terminé ses études, malgré son amour et son goût immodéré pour les arts, et elle travaillait depuis bientôt deux ans chez les Artkins quand elle avait annoncé à Perry sa décision.
Il l’avait regardé fixement durant quelques secondes, puis lui avait demandé d’une voix où ne perçait aucun reproche, comme une réflexion personnelle qu’il aurait formulée à voix haute :

- C’est pourtant dommage, toi qui es si réceptive à l’Art.

Elle n’avait su quoi répondre. Mais plus que l’art encore, elle désirait rester ici, elle voulait encore rire avec Lady Artkins, aller taquiner Isabel sur sa mauvaise manie de confondre la panière à linge sale et celle du repassage… Alors, d’une voix calme, elle l’avait regardé, ses prunelles brillant furieusement :

- Engagez-moi pour votre Musée.

Pas de supplication, pas de larmes. Mais une telle détermination habitait cette voix que Perry l’avait regardé sans un mot… avant de sortir un formulaire d’embauche d’un de ses tiroirs.
Elle l’aurait embrassé, ou bien fondu en larmes… ou alors les deux.
Elle avait tant travaillé pour payer cette dette qu’elle avait envers lui… et elle n’avait même pas eu le temps de lui dire à quel point elle lui en était reconnaissante.

Cette dette, elle la paierait. Et pour cela…

-Louise ?

Elle émergea, cillant brusquement, avant de répondre d’une voix gênée :

-Désolée, où est ce que j’en étais ?

-Au moment où vous aviez entendu des éclats de voix…

-Ah oui… et elle reprit son récit, la scène germant à nouveau dans son esprit.

Soudain, alors qu’elle s’apprêtait à s’attaquer à la porcelaine Ming du quinzième siècle, de brusques éclats de voix la tirèrent de ses pensées. Des paroles étouffées prononcées sur un ton cinglant. Perry Artkins qui criait…ce qui ne lui ressemblait guère. Quant à l’autre voix, elle lui parvenait plus calme, comme si elle essayait de lui faire entendre raison… avant que le ton ne s’élève à son tour.

Elle fit tout d’abord mine de les ignorer, tentant en vain de se concentrer sur son travail. Voyant que cela ne servirait à rien, elle poussa un long soupir d’exaspération, son regard se dirigeant vers la porte mitoyenne.
Puis, avant même qu’elle ne se rende de la portée de son geste, elle s’était levé, et avait entrouvert la porte pour y jeter un œil. Dans la pièce voisine, se tenait Perry Artkins tremblant de fureur, faisant face à son propre fils. D’une voix haineuse qu’elle ne lui avait jamais connue, il éructa :

-Tu n’es qu’un irresponsable, toujours préoccupé par tes propres petits problèmes… Tu n’as jamais cherché à comprendre les autres. Toujours en train de se faire passer en victime ou en bon justicier, à se complaire dans sa merde et à ne jamais se remettre en question !

La réaction de Joshua ne se fit pas attendre, son poing allant percuter brutalement l’étagère alors que Perry esquivait de peu l’agression, renversant une dizaine de livres qui s’écrasèrent en un bruit sourd. Empli de ressentiment, grognant de douleur, le regard de Joshua se fit assassin… jusqu’au moment où celui-ci rencontra l’œil brillant de Louise.
Celle-ci hoqueta de surprise, et recula vivement, avant de partir précipitamment, prise de panique.

-Je sais que c’était particulièrement stupide de ma part, Monsieur Jane Mais j’ai paniqué, je n’étais même pas censé être là en train de les observer. Cela va faire commère, mais vous avez réussi à comprendre que je cernais bien les gens. Et ce regard… il est possible que l’altercation s’en soit tenue là et que mon intervention involontaire ait stoppé l’élan meurtrier de son fils. Car il ne s’agissait pas d’une colère passagère, Monsieur Jane. Vous auriez discerné dans son regard une telle haine, que vous n'auriez pu faire autrement que d'avoir peur...

Elle n’eut pas besoin de continuer sa phrase.
Une telle haine, que vous n'auriez pu faire autrement que d'avoir peur… à en mourir.

*

-Kanako...

Devant Teresa Lisbon se tenait Kanako Artkins, le regard interrogateur, tandis que la jeune femme, les joues empourprées, cherchait du regard un trou où se terrer.

-Tu étais venue nous voir, ou...

Kanako laissa sa phrase en suspens, sans oser émettre l'autre hypothèse. A ces paroles, Teresa releva les yeux, et déclara d'une voix qu'elle espéra posée :

-Je cherche des réponses, Kanako (Elle s'interrompit, déviant son regard, avant d'avouer en murmurant) et j'ai besoin de toi.

Oui, cela relevait maintenant d'une évidence. Elle avait besoin de Kanako comme elle avait eu besoin de cette mère disparue, elle avait besoin d'elle pour tout reconstituer, pour briser ce cycle infernal. Peut être que cette famille n'était pas la sienne, mais Kanako, elle, y avait appartenu.
Et aujourd'hui...

-Tu nous avais oublié, Teresa... commenta enfin Lady Artkins avec tristesse.

Teresa ne répondit pas.

-Tu nous avais oubliés... et je t'y ai encouragé.

Le cœur de l'agent Lisbon se figea, manqua un battement, alors qu'elle fixait Kanako dans un silence pesant. Dans ce silence, elle attendit, patiemment, que son ancienne partenaire de jeu s'explique. Attendre... Voilà tout ce qu'elle pouvait faire. Attendre et se contenir... autrement Kanako n'y survivrait pas.

-Je t'ai encouragé à tout oublier car c'était la meilleure des choses à faire pour que tu ailles mieux. L'accident de ta mère a été un tel traumatisme pour toi...

-J'y étais.

La voix de Teresa tonna, tranchante. Kanako s'interrompit alors que Teresa continuait, sentant ses yeux s'emplir de larmes :

-J'étais dans la voiture quand... Sa voix s'étrangla, les sanglots montant douloureusement dans sa gorge, alors qu'elle repoussait d'un geste impatient les larmes qui roulaient sur ses joues.

Kanako avança doucement sa main, mais la jeune femme se dégagea :

-Non. Pas maintenant. (Répliqua-t-elle d'une voix dure.) J'ai tout vu. L'accident, la mort de maman, le sang partout... (Elle frissonna, et resta silencieuse quelques instants, puis inspira doucement.) Mais ce n'est pas seulement pour ça, n'est ce pas ?

Le visage de Lady Artkins se fendit d'un sourire triste, avant d'acquiescer doucement :

-Non ce n'est pas seulement pour ça. Cela a été... (Elle détourna la tête, effectuant quelques pas dans le couloir aux mille visages, avant de reposer son regard sombre sur Teresa)... l'un de mes plus grands sacrifices. Je... J'en ai toujours voulu à Perry de m'avoir demandé de faire une telle chose. Je ne sais même pas pourquoi je l'ai écouté ! Mais... Perry m'a rarement demandé des faveurs. Il savait quelque chose que j'ignore, et je n'ai jamais su quoi... Mais toi tu le sais.

Teresa demeura coite, interdite. Soudain, elle fut envahie par une envie irrépressible de rire, et émit un ricanement amer, avant d'éclater d'un rire sans joie :

-J'avais huit ans, Kanako, et douze quand l'accident a eu lieu. Huit ans et douze ans. A cet âge, on ne sait rien.

-Que les choses soient claires, Teresa. Huit ans ou pas... tu as su quelque chose, et je ne sais pour quelle raison il a voulu que tu oublies cela. Mais j'ai toujours eu une absolue confiance en Perry, ne me demande pas pourquoi... et je l'ai cru. Ton père a été d'accord pour que nous n'entrions plus dans ta vie, et ton enfance s'est terminée ainsi.

- « Terminé » ? Mon enfance ? (Teresa laissa échapper un léger rire moqueur.) Oui, on peut le dire. (Elle écarta les bras, s'adressant à un public invisible, prenant un ton d'une ironie mordante et empreint d'une fausse nonchalance.) Bienvenue dans la vie adulte Teresa ! Douze ans c'est un peu jeune mais tu verras, tu t'adapteras vite ! Et ceux qui t'ont accompagné durant l'enfance ? Oublie-les, ils ne t'aideront pas ! (Elle ramena les bras le long de son corps, son visage redevenant grave.)
Car c'est bien cela n'est ce pas ? Où étiez vous quand mon paternel se cuitait le soir, vomissait tripes et boyaux sur le divan miteux, et que je m'occupais de mes frères ?

-Je ne te demande pas le pardon, Teresa. J'ai pour la première et dernière fois de ma vie cru aveuglément l'homme que j'aimais. J'avais confiance en lui. Je n'ai appris que récemment que ton père était devenu alcoolique.

-CE N'EST PAS UN EXCUSE !

Le cri de Teresa se répercuta dans le hall, perçant et empreint de douleur. Kanako ne répondit pas. Un lourd silence plana, puis l'agent Lisbon continua sur un ton froid et d'un effrayant détachement :

-Tout ce que tu peux faire maintenant... c'est m'aider. Mais je ne te pardonne pas, que les choses soient bien claires.

Son regard émeraude où brillait une étincelle de fureur rencontra les joyaux noirs de Lady Artkins, avant que celle ci ne baisse les yeux, vaincue. Lentement, elle s'avança pour prendre d'un geste incertain la main de Teresa dans la sienne. A son grand étonnement Teresa se laissa faire, alors que Kanako murmurait d'une voix rauque :

- Suis-moi.


*


D'un pas mesuré, elle la mena dans une petite pièce à l'odeur de poussière et de renfermé, où s’étalaient d'innombrables feuilles sur un bureau d'un autre âge :

-Je ne suis pas venue ici depuis des années... De nombreuses photos y sont entreposées, et je devrais m'en occuper mais j'oublie à chaque fois. Je me suis dit que peut être...

Teresa hocha la tête en signe d'assentiment et dégagea doucement sa main pour se diriger vers les vieux albums photos qui s'entassaient sur les étagères. D'un geste négligent, elle les caressa du bout des doigts avant de se retourner vers son guide.

- Par quoi commençons-nous ?

Les yeux se Kanako se plissèrent légèrement, ses lèvres s'étirant en un mince sourire, puis retrouva un air douloureusement coupable avant qu'elle ne lui désigne un album de cuir couleur bouteille. Teresa le dégagea avec précaution, tandis que Lady Artkins commentait doucement :

-Cela concerne Perry. Je sais qu'il y a été impliqué. Je me suis dit que peut être... le revoir adolescent, à l'âge qu'il avait à l'époque des faits...

Perry... l'adolescent qui lui avait pris la main, l'avait réconforté de sa voix douce du haut de ses huit ans. Teresa s'arracha à la morne contemplation de la couverture unie et sobre, pour aller dégager le bureau et s'y installer, repoussant sans ménagement les piles de papier qui s'y entreposaient.
Le nuage de poussière qu'elle souleva manqua de la faire éternuer, mais elle se contint et posa précieusement l'album, avant de l'ouvrir à la première page. Sur celle ci n'était apposée qu'un simple nom « Artkins », et à ses côtés trônait un camélia peint à l'aquarelle dont les pétales rouges d’une pâleur éthérée épousaient parfaitement la teinte jaunie du vieux papier. Un camélia...

Enfin, elle contempla Perry, le visage rieur, les yeux brillant d'une lueur moqueuse alors qu'il tenait une petite fille aux yeux émeraude par la main, une petite fille d'humeur boudeuse. Elle revit la scène qui s'était jouée lors de la prise de cette photo, elle qui avait refusé de sourire. Pourquoi ? Elle ne savait plus très bien... Elle se rappelait de sa voix rauque. Une voix qui avait mué trop vite, mais étonnamment agréable.

L'image des camélias lui revint en mémoire. A nouveau la vision des ces camélias mourants s'imprima sur sa rétine, ses larmes qui lui embuaient les yeux... et lui, lui expliquant que lorsque la mort viendrait, la vie serait amenée à se perpétuer. Sa main toujours dans la sienne, elle l'avait cru, malgré les larmes, malgré la douleur et la tristesse.

-Tu vois Teresa, tout ira pour le mieux. Tu les reverras à nouveau.

Cette voix... si agréable. Mais si étonnement veloutée et si douce.
Elle avait pleuré bien sûr, comment ne pas pleurer devant ces pétales vermillon qui mourraient devant ses yeux, ne pouvant vivre sous l’astre estival…
La chaleur étouffante leur congestionnant le cœur.
Elle avait reniflé doucement, alors qu'il lui essuyait ses larmes avec sa manche, et la berçait doucement.
Cette voix si différente de celle de Perry.
Un être qui n'était pas Perry.


-Tu me le promets, John ?

Des pétales rouges sang et un sourire, un si gentil sourire sur ce visage aux traits éthérés… comme un sourire glaçant et sanglant apposé contre un mur pâle, brillant doucement sous l’astre nocturne.

Je suis John Le Rouge, le Punisseur et le Rédempteur. Le sang me tâche et me poursuit, il me pourrit. Je suis le Diable et je suis l'Ange.
Le Mal n'a pas de visage... seul le Bien peut être discerné.




Dernière édition par Indigo le Dim 4 Juil - 15:27, édité 2 fois
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Message  Cham' Sam 3 Juil - 21:14

J'adore, j'adore et j'adore.Very Happy

L'intro est très accrocheuse. Je trouve que c'est intéressant que tu te places du point de vue de John Le Rouge, c'est une chose à laquelle on ne penserai pas forcément.

L'intrigue de l'histoire s'installe peut-être lentement mais au moins il n'y a pas d'incohérences, ce qui la rend encore plus agréable à lire. De plus le caractère des personnages est extrêmement bien respecté.

Lisbon étant mon personnage favoris *comme pas mal ici je crois* j'aime qu'elle soit personnellement impliquée dans l'affaire et là tu nous donnes l'occasion de voir son côté sensible,de la voir lorsqu'elle laisse tomber sa carapace (ce que moi j'apprécie beaucoup)

J'adore ta façon d'écrire. On sent que chaque mot n'est pas là par hasard. Tes descriptions sont géniales, on s'imagine bien la scène et on croirait même y assister. On ressent nous mêmes les émotions des personnages,(tu m'as mise la larme à l'oeil plus d'une fois, sache le) *je suis trop sensible moi* Razz

La fin du chapitre 10 m'a laissé sans voix. Quand j'ai fini de le lire la seule chose qui me venait à l'esprit était "Waw Shocked ......je veux la suite". Pas besoin d'en dire plus je pense. Reste plus qu'a attendre. :mgreen:

En tout cas c'est génial continue. :respect:

P.S: Depuis le temps que je devais mettre mon commentaire (je l'avais déjà commencé mais après l'autre forum a été supprimé donc bon..j'ai pas pu le mettre). Donc la je profite des vacances pour le finir et le poster. J'espère que je n'ai rien oublié d'ailleurs. Wink
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Message  Gateone Dim 4 Juil - 14:09

Ce chapitre 10 est génial et pleins de surprises =)
Toujours aussi impressionnée par autant de détails, desfois je me demande même comment te viennent toutes ces idées xD
En tout cas, c'est très agréables à lire et c'est ce que je préfère chez toi, cette façon de décrire chaque lieu, chaque expression, chaque sentiment...ton vocabulaire enrichit encore plus tout ça...bref c'est parfait Wink
En plus, on est prit dans l'histoire grâce encore à tout ces détails du coup on a du mal à s'arrêter de lire...la preuve je viens de lire 3 chapitres d'affilés Laughing


Bref pour revenir à ce chapitre 10, je crois que c'est mon préféré Very Happy
On commence à comprendre certaines choses, que ce soit sur l'affaire ou sur les personnages (Jane et Lisbon surtout), ça devient vraiment intéressant.

J'ai beaucoup aimé le passage entre Jane et Louise, enfin plutôt la façon dont tu as écris ce passage...ça fait vraiment épisode de série. Tu t'es pas contentée de nous faire un dialogue entre Jane et Louise, ou Louise balance ce qu'elle a à dire. Nan, tu nous as écris ça de manière à ce qu'on s'imagine là scène, qu'on voit les fait des yeux de Louise. Fin bref j'espère que tu m'auras compris Smile

Pour Lisbon...c'est bizarre comme sensation et tu vas peut être me prendre pour une folle mais je commence à me poser les mêmes questions qu'elle, limite je suis à sa place. Fin...je sais pas comment expliquer ça xD Mais c'est une bonne sensation, comme quoi ta fic est prenante. (vous inquiétez pas je prend mes cachets dès que j'ai finis d'écrire mon com...:mgreen:)

Et la fin...que dire à part que j'ai hâte d'avoir la suite parce que je me pose des questions...déjà que j'ai du la relire au moins 4 fois la fin parce que j'avais pas tout suivis et d'ailleurs j'ai toujours pas tout compris mdr :mgreen:


Attendre une semaine va être dure (si c'est bien une semaine qu'il faut attendre Laughing) , mais bon au moins j'aurais le temps de réfléchir et d'essayer de comprendre tout ca et d'imaginer la suite Very Happy

En tout continue, c'est géniale, j'adoore toujours autant ! :love:
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